Voitures électriques, Solowheel, scooters pliables : la mobilité urbaine fait sa révolution

Jérôme Cartegini
Publié le 16 février 2015 à 15h58
Le succès des services d'auto-partage de vélos et de voitures électriques, tels que Velib' et Autolib' dans les grandes villes, montre tout le potentiel des modes de transport individuels alternatifs. Les citadins sont à l'affût de véhicules propres, plus économiques, pratiques et efficaces correspondant mieux à leurs besoins et leurs envies. Résultat, constructeurs auto et autres start-up rivalisent d'imagination pour créer de nouveaux types de véhicules sur une, deux, trois, ou quatre roues, avec parfois une intégration poussée du smartphone.

Face à l'engorgement des villes, la pollution due aux véhicules à moteur thermique, et le prix des carburants, il est impératif de trouver des alternatives viables. Faute d'une autonomie satisfaisante et d'un déploiement massif de bornes de recharge, les ventes de voitures électriques peinent à décoller. Une situation qui pourrait commencer à s'inverser grâce, notamment, à une nouvelle loi sur la transition énergétique favorisant le développement de stations de recharge par des opérateurs privés. Le gouvernement renforce également son soutien à l'achat de véhicules propres en instaurant des bonus de plus en plus conséquents (jusqu'à 10 000 euros dans le meilleur des cas et 30 % de crédit d'impôt).

Premiers effets de ces mesures, le groupe Bolloré a prévu de déployer 16 000 stations de recharge sur quatre ans sur tout le territoire, tandis que des constructeurs comme Daimler, Renault ou Tesla développent, peu à peu, à plus petite échelle, leurs propres infrastructures. Mais la route risque d'être longue avant que les voitures électriques puissent s'imposer un jour. Et si l'une des solutions résidait dans le développement de véhicules radicalement différents ? Depuis quelque temps, on assiste à l'émergence de modes de transport individuels à propulsion électrique plus petits, pratiques et ludiques : monocycles, skateboards, trottinettes, vélos, scooters pliables, tricycles... Qu'il s'agisse de concepts prometteurs ou de véhicules déjà sur le marché, ils pourraient, à terme, compléter les transports en commun et les services en vogue d'auto-partage.

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Avantages et inconvénients des voitures électriques

Selon les dernières statistiques du site Chargemap, la France compte à ce jour un réseau de 3827 points de charge pour un total de 17 374 prises. Une infrastructure largement insuffisante qui représente le principal frein à l'achat de véhicules électriques. Pour ne rien arranger, il existe différents types de prises et de bornes de recharge : normales (env. 8 heures de charge), rapides (de 1 à 3 h) et ultrarapides (20 à 40 min). En attendant une standardisation, recharger sa voiture peut vite se transformer en casse-tête. Les points de charge publics sont répartis essentiellement dans les concessions automobiles, les parkings, les hôtels, les supermarchés, les entreprises, les stations-services, et les nouveaux bâtiments, qui doivent prévoir au moins 10 % de places de parking équipées d'une borne. Moyennant une inscription facturée 15 euros la première année, certains modèles de voitures (BMW i3, Nissan Leaf, Renault ZE...) peuvent être chargés sur les bornes d'Autolib' pour 1 euro/heure. Actuellement, 80 % des recharges des véhicules électriques de particuliers sont réalisées à domicile.

Même si elle coûte encore relativement cher à l'achat, la voiture électrique possède un avantage économique indéniable. Selon EDF, le coût d'une recharge complète à domicile pour une petite citadine d'une autonomie de 150 km revient en moyenne à 2 euros. Pour l'heure, la clientèle des voitures électriques se compose essentiellement de particuliers urbains et périurbains plutôt aisés, à la recherche d'un second véhicule pour des petits trajets, et propriétaires d'une maison individuelle permettant de le recharger facilement.

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Une mobilité urbaine nouvelle génération

Se déplacer autrement en milieu urbain, avec des véhicules qui semblent parfois sortis tout droit d'un film de science-fiction, c'est ce que proposent de plus en plus de fabricants. Bien que leur autonomie et leur vitesse soient souvent limitées comparativement à des voitures électriques classiques, ils se présentent comme une solution idéale pour gagner du temps sur des petits trajets. Voici quelques exemples non exhaustifs de cette nouvelle génération de véhicules 100 % électriques.

Monoroues propulsées à l'électricité

Parmi les modèles les plus étonnants, on trouve des monoroues comme celle du fabricant américain Solowheel. Composée d'un moteur de 1000 à 1500 W, d'une batterie lithium, d'une roue gyroscopique auto-stabilisée et de capteurs angulaires très précis, elle peut rouler jusqu'à 20 km/h sur une distance comprise entre 9 et 15 km selon le poids du conducteur.

Pour piloter l'engin, l'utilisateur se tient debout sur les cale-pieds placés de part et d'autre de la roue. Il suffit ensuite d'incliner son corps vers l'avant pour avancer, vers l'arrière pour freiner ou reculer, et d'orienter ses épaules ou ses pieds vers la droite ou la gauche pour tourner. D'un poids de seulement 11 kg, il dispose d'une poignée afin de le transporter facilement partout avec soi, et de le recharger au travail ou à la maison sur une prise secteur (env. 1 h pour une charge complète). Ce type de produit ne convient évidemment pas à tout le monde. Un temps d'apprentissage plus ou moins long est indispensable pour parvenir à le maîtriser et oser se faufiler sur les trottoirs entre les piétons. Il ne faut pas craindre non plus d'attirer tous les regards avec ce type de véhicule... De 1399 à 1999 euros.

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Les fans de glisse seront séduits quant à eux par le premier skateboard électrique Onewheel flanqué d'une large roue en son milieu. Équipé d'un moteur électrique 500 W, d'un accéléromètre et d'un gyroscope, il serait très facile à utiliser, même sur un terrain abimé, grâce notamment à un logiciel d'auto-stabilisation qui maintient la planche en équilibre. Il suffit de se pencher légèrement en avant pour accélérer, en arrière pour freiner, et d'appuyer sur les orteils ou les talons pour tourner d'un côté ou de l'autre. Par le biais d'une application (Android ou iOS) connectée en Bluetooth à la planche, il est possible de choisir la vitesse, différents modes de conduite, ou encore de visualiser le niveau de la charge. Présenté au CES 2014 par la start-up californienne Future Motion, l'engin grimpe jusqu'à 20 km/h et peut parcourir entre 6 et 9 km (temps de charge 20 min.). Disponible sur commande à partir de 1525 euros (avec chargeur rapide).

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Deux-roues à assistance électrique

Les volumes de ventes de motos et de scooters électriques sont encore plus bas que ceux des voitures. Outre des tarifs exorbitants, ils souffrent d'une autonomie limitée, et du manque de stations de recharge. Parallèlement, la cote des trottinettes et des vélos à assistance électrique (VAE) ne cesse de grimper. Idéal pour effectuer des petits trajets sans effort en profitant des pistes cyclables, un VAE peut rouler en moyenne jusqu'à 30 km/h et offre une autonomie comprise entre 80 et 140 km. Les modèles récents intègrent des fonctions intelligentes de plus en plus poussées à l'instar du Vanhawks Valour. Financé l'année dernière sur Kickstarter, ce modèle canadien possède des capteurs à ultrasons capables de détecter les dangers dans les angles morts et d'avertir le cycliste en émettant des vibrations dans le guidon. Il comprend également un module GPS qui indique la direction à suivre par le biais de diodes intégrées (à partir de 1272 euros). Pas étonnant que les performances et les fonctions de cette nouvelle génération de vélos fassent de plus en plus d'adeptes.

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Gagner du temps pour aller prendre le métro ou se rendre sur son lieu de travail, voici la promesse des trottinettes électriques. Si elles faisaient sourire il y a encore quelques années, les récents modèles comme la L-Trott 65 d'Adyra offrant une autonomie moyenne de 20 km pour une vitesse de pointe de 27 km/h font aujourd'hui de nombreux émules. Afficheur digital avec compteur de vitesse et jauge de la batterie, phare avant avec capteur crépusculaire, klaxon, récupérateur d'énergie, et système de pliage rapide pour le transport, ce modèle de référence n'a vraiment rien d'un gadget et épargne un temps précieux au quotidien. Il faut compter 3 à 4 heures pour une recharge complète (775 euros). Principalement utilisées par des hommes entre 20 et 40 ans, les trottinettes électriques semblent promises à un bel avenir.

Scooters propres et pliables

Lorsqu'on habite en ville, a fortiori dans un appartement, il n'est pas évident de recharger un scooter électrique. Des fabricants ont trouvé la solution en concevant des modèles pliables faciles à transporter. Créé par une société néerlandaise, le modèle Gigi qui pèse 30 kg se plie en trois étapes et cinq secondes, puis se tire comme un trolley ! Côté performances, il peut rouler jusqu'à 35 km/h, mais son autonomie est limitée à une heure. Sa commercialisation est d'abord prévue en Allemagne et en Belgique à un prix encore inconnu. D'autres modèles de scooters électriques pliables comme le Stigo ou l'INU, fraîchement présenté au CES 2015, devraient quant à eux être disponibles à la vente en France au cours de l'année.

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Tricycle futuriste

Présenté au Mondial de l'Automobile le Toyota i-Road conjugue l'agilité d'une moto au confort d'une voiture. Ce véhicule électrique trois roues représente un nouveau mode de déplacement particulièrement flexible et confortable. Ultra compact (2,34 m. de long pour 0,87 m. de large), il est doté d'une roue arrière directrice et de deux roues avant motrices intégrant chacune un moteur. Très agréable à conduire, il s'incline comme une moto dans les virages et se comporte comme une voiture sur les lignes droites. L'i-Road grimpe jusqu'à 60 km/h et peut parcourir une cinquantaine de kilomètres. Il faut compter trois heures pour le recharger complètement sur une prise de courant domestique. Un concept étonnant qui n'est pour le moment pas commercialisé, mais proposé en auto-partage dans le cadre d'un partenariat avec la ville de Grenoble.

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Voiture Open Source en kit

Les voitures électriques sont de plus en plus innovantes. Impossible de ne pas citer Tesla et sa Model S qui peut recevoir des mises à jour via Internet pour s'enrichir de nouvelles fonctions, exactement comme un ordinateur ou un smartphone. Sans les problèmes de points de recharge déjà évoqués, Renault aurait sans doute transformé sa micro-citadine biplace Twizy ZE en beau succès commercial. Lancée en 2012 et déclinée en deux versions, dont une sans permis, elle intègre un ingénieux moteur qui agit comme un générateur et récupère l'énergie produite par les roues lorsque le conducteur n'appuie pas sur l'accélérateur. Malgré ses innovations et son design futuriste qui continue d'attirer tous les regards, ses ventes restent anecdotiques.

Pas de quoi décourager la start-up italienne OSVehicle qui a lancé la première voiture Open Source baptisée Urban Tabby. Livrée en kit, elle pourrait, selon le fabricant, être montée en moins d'une heure par le plus grand nombre. Une fois commandé sur Internet, le client reçoit un pack comprenant un châssis deux ou quatre places, un moteur hybride ou électrique, des sièges, des roues, et les pièces nécessaires pour assembler le tout. Basée sur le principe Open Source, une communauté d'utilisateurs participe à son développement et propose des plans complets en téléchargement libre sur le site du fabricant pour personnaliser le véhicule (à partir de 2000 euros). Les fabricants n'ont décidément pas fini de nous étonner...

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Le transport en libre-service gagne du terrain

Au delà de l'émergence de nouveaux modes de transport individuels, les offres de services d'auto-partage de vélos, de scooters et de voitures électriques se multiplient un peu partout dans le monde et particulièrement en France. Alors que personne ou presque n'y croyait à l'époque, le service du groupe Bolloré Autolib' rencontre un grand succès. Après Paris, Lyon et Bordeaux sous le nom de Bluecub, le pionnier français s'est installé aux États-Unis dans la ville d'Indianapolis. Inauguré le 19 mai 2014, il devrait comprendre 500 véhicules et 200 stations de recharge d'ici 2016. Le groupe vient également de remporter un appel d'offres à Londres pour installer 6000 bornes de recharge dans la capitale, et introduire son service d'auto-partage d'ici 2016.

La plupart des grandes villes françaises disposent d'un service basé sur le même principe qu'Autolib' et Velib', et ce n'est qu'un début. Le groupe Vinci en partenariat avec CityScoot va déployer cette année une solution de location de scooters électriques en libre-service dans ses parkings. Une première station a été ouverte au parking Vinci de Centre-Grande Arche de La Défense, et d'autres devraient l'être prochainement un peu partout où il y a des parkings Vinci Park dans le pays. Très simples, la réservation et le paiement s'effectuent sur le site de CityScoot, ou par le biais d'une application dédiée. Une fois inscrits, les usagers reçoivent un code par SMS permettant de déverrouiller et allumer le scooter via un clavier numérique intégré. D'une puissance équivalente aux 50cc thermiques, les CityScoot sont accessibles à partir de 18 ans et sans permis, à condition d'être né avant le 1er janvier 1998. Un casque réglable est à disposition dans le coffre du deux-roues. L'abonnement annuel revient à 80 euros/mois, auxquels il faut ajouter la location, de 2 euros toutes les 15 minutes.

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Depuis le 1er octobre 2014, les Grenoblois peuvent profiter d'un service unique au monde. Toyota, Grenoble-Alpes Métropole, la ville de Grenoble, EDF et le spécialiste de l'auto-partage Cité Lib ont conclu un partenariat pour déployer un service d'auto-partage de micro-véhicules électriques avec des stations de recharge installés à proximité des transports en commun. Lancé au mois d'octobre dernier pour une durée de trois ans, Cité Lib by Ha:Mo comprend 27 stations réparties à Grenoble et dans son agglomération, ainsi qu'une flotte de 70 véhicules Toyota, dont le fameux tricycle i-Road, et une voiturette électrique quatre roues baptisée Coms.

Les utilisateurs bénéficient de deux applications dédiées. La première fournit des itinéraires optimisés en fonction de la circulation et des horaires des transports publics, tandis que la seconde indique la disponibilité des véhicules et offre la possibilité de faire une réservation en ligne. À noter qu'un permis et une petite formation gratuite sont exigés avant de prendre la route avec un i-Road. Selon la formule choisie, l'abonnement mensuel est de 0 à 15 euros par mois, et la location débute à partir de 0,50 euro toutes les 15 minutes. Gageons que ce type d'initiative se multiplie dans tout le pays dans les années à venir.

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Conclusion

Déployer des moyens de transport plus pratiques et diversifiés pour circuler dans les villes et leurs agglomérations représente l'un des plus grands enjeux actuels. Paradoxalement, la France, qui est l'un des pays les plus avancés en matière de services d'auto-partage urbains, n'a pas su développer jusqu'ici un réseau de stations de recharge de voitures électriques digne de ce nom. En attendant, un nombre croissant de citadins se tournent vers de nouvelles solutions pour se déplacer. Outre les services d'auto-partage qui remportent un énorme succès depuis leur lancement, il existe un réel engouement pour les véhicules individuels 100 % électriques de petite taille que l'on peut recharger facilement chez soi. L'émergence de ces nouvelles solutions pourrait bien, à terme, modifier profondément le paysage urbain. Pas de doute, la révolution de la mobilité urbaine ne fait que commencer.
Jérôme Cartegini
Par Jérôme Cartegini

Journaliste depuis vingt ans, je ne me lasse pas d’explorer la planète techno à la recherche des dernières innovations. De Paris, à Vegas, en passant par Londres, Taipei, Tokyo, Los Angeles, San Francisco et quelques bourgades bien moins célèbres, la chasse aux infos m’a amené aux quatre coins du monde et la route promet d’être encore longue et fascinante. Cyberguerre, robotique, intelligence artificielle, blockchain, véhicules autonomes, informatique quantique, ou transhumanisme, la révolution ne fait que commencer…

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