Tesla décale la sortie de la version la plus accessible de son Model Y. Le constructeur préfère retarder ce lancement pour préserver ses marges et réorganiser sa production, alors que les tensions commerciales avec la Chine compliquent ses chaînes d’approvisionnement.

Une nouvelle Model Y en approche, mais pas pour tout de suite - ©Tesla
Une nouvelle Model Y en approche, mais pas pour tout de suite - ©Tesla

Tesla planche depuis plusieurs mois sur une déclinaison plus accessible du Model Y. Pour remporter les marchés très disputés de la Chine ou l'Europe, la marque de voitures électriques d'Elon Musk entend franchir la barre symbolique des 35 000 dollars, soit 30 776 euros environ, pour rendre son SUV compact plus attractif.

Contrairement à ce que certains laissaient entendre, il ne s’agira pas d’un nouveau véhicule, mais d’une version allégée du modèle existant, avec des compromis sur l’autonomie, l’équipement et les performances. Le projet est toujours dans les cartons, mais le calendrier a glissé. Entre les nouvelles barrières douanières et les ajustements internes, Tesla a décidé de temporiser. Le constructeur redéfinit ses priorités industrielles, alors que d’autres projets, comme le Cybercab et le Semi, se heurtent eux aussi à des complications logistiques, et que le constructeur est en plein marasme avec un recours collectif en Californie pour des soupçons de compteurs kilométriques trafiqués.

Lancer un Model Y à prix réduit trop vite risquerait de plomber les ventes des versions plus rentables

Une Tesla plus abordable, c’est toujours tentant sur le papier. Le Model Y rencontre déjà un large succès, en grande partie grâce à son format passe-partout. Ajouter une version plus accessible à la gamme pourrait élargir le public. Mais ce genre de mouvement ne se fait pas sans impact.

Gary Black, de Future Fund, résume le problème sans détour : « Le Model Y, moins cher, ne fera que cannibaliser le volume des ventes des véhicules Tesla à plus forte marge ». En clair, ce modèle pourrait séduire des clients déjà intéressés par les versions actuelles, mais qui finiraient par opter pour l’option la moins chère. Le volume augmenterait, mais au détriment de la rentabilité.

Tesla ne peut pas l’ignorer. Ces derniers mois, la marque a ajusté plusieurs fois ses tarifs pour s’aligner sur la concurrence ou profiter des incitations fiscales. Aux États-Unis, le prix effectif du Model Y peut même descendre sous les 36 000 dollars, bonus écologique compris. Mais chaque réduction pèse sur les marges. Et la version à 35 000 dollars rend cette équation encore plus délicate.

À cela s’ajoute la capacité de production. Les chaînes sont déjà bien occupées, entre les Model 3, Model Y et le lancement progressif du Cybertruck. Produire une version moins chère demande de l’espace, du matériel, des équipes. Chaque unité sortie d’usine compte, et privilégier un modèle moins rentable implique forcément des arbitrages. Pour l’instant, Tesla préfère ne pas précipiter les choses. Le modèle est prêt, ou presque, mais la place n’est pas encore libre pour lui faire une entrée sans frictions.

Ce genre de choix n’est pas nouveau pour le constructeur. Il ajuste régulièrement son calendrier en fonction de ses capacités et des conditions du marché, comme avec le Cybertruck. Le Model Y à bas prix ne fait pas exception.

Le report de la nouvelle Tesla Model Y redonne le sourire à Elon Musk - ©RKY Photo / Shutterstock

Les tensions commerciales compliquent aussi le planning de production

Depuis le début de l’année, les relations entre Pékin et Washington se sont tendues, avec un retour en force des droits de douane. Tesla, qui dépend encore de certaines pièces produites en Chine, commence à en ressentir les effets. L’entreprise a dû revoir ses plans logistiques pour plusieurs de ses projets en cours.

Le Cybercab et le Semi, tous deux en phase de préproduction, devaient recevoir des composants expédiés depuis la Chine. Tesla a finalement renoncé à ces envois, jugeant les coûts d’importation trop élevés. La cadence dans les usines du Texas et du Nevada ralentit, et certains ajustements deviennent inévitables.

Le Model Y à prix réduit est lui aussi concerné. Lancer une nouvelle version dans ce contexte demande une organisation solide, avec des fournisseurs fiables et des itinéraires de transport maîtrisés. Ce n’est pas le moment idéal pour lancer une nouvelle production. Le constructeur préfère temporiser, quitte à décaler le calendrier de quelques mois.

En coulisses, Tesla explore plusieurs pistes pour s’adapter, notamment une possible relocalisation de certaines lignes, mais aucune annonce officielle n’a encore été faite. En attendant, les projets avancent au rythme des contraintes extérieures.

Pendant ce temps, la concurrence ne reste pas immobile. En Chine, BYD accélère avec des modèles comme la Dolphin. Volkswagen, de son côté, continue de pousser l’ID.3. Tesla garde le cap, sans pour autant se précipiter. La version à bas prix du Model Y viendra, mais dans de meilleures conditions.

Aux États-Unis, les aides à l’achat permettent encore de maintenir des tarifs compétitifs sans rogner trop fortement sur les marges. Un levier qui donne encore un peu de souplesse, en attendant un moment plus opportun pour élargir la gamme. « Wait and see » donc.

Source : WccfTech