L'éventualité de voir débarquer le service de SVOD Netflix en France alimente les colonnes médiatiques depuis plusieurs années déjà : il faut dire que la plateforme américaine, forte de 33 millions d'abonnés outre-Atlantique, est le leader en matière de diffusion de vidéos à volonté sur abonnement. Déjà présents dans plusieurs pays européens comme la Grande-Bretagne ou les Pays-Bas où l'abonnement mensuel est à 7,99 euros, Netflix pourrait arriver en France à la rentrée, selon des informations publiées dimanche par le JDD.
Des discussions toujours en cours
Si cette information n'a, pour l'heure, pas encore été commentée par les principaux intéressés, c'est probablement parce que rien n'est concrètement fixé : le JDD ajoute que les représentants du service « reviennent à la fin de la semaine pour entamer des négociations commerciales ». On se rappelle que les dirigeants de Netflix s'étaient déjà rendus à l'Elysée en décembre pour glaner des « informations sur les conditions juridiques qui pourraient affecter son arrivée potentielle en France ». Une prise de pouls avant l'ouverture des négociations ? Possible.
Quoi qu'il en soit, Netflix, qui dispose aux Etats-Unis de partenariats avec certaines chaînes de télévision et des studios hollywoodiens qui lui permettent de diffuser rapidement leurs contenus sur sa plateforme, n'aura pas de traitement de faveur en France : dans une interview donnée au JDD, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti a affirmé que « s'il veut s'installer ici, Netflix doit se plier aux régulations qui font le succès de nos industries, notamment en matière de financement de la création. C'est une condition sine qua non pour préserver notre écosystème unique. »
Emission et diffusion en question
Néanmoins, des interrogations subsistent concernant le lieu d'émission que choisira Netflix pour son arrivée en France : émettre depuis l'Hexagone serait synonyme d'acceptation de l'exception culturelle française, mettant Netflix au même niveau que d'autres services de SVOD comme CanalPlay Infinity, FilmoTV ou VidéoFutur. Mais le service pourrait choisir d'émettre depuis le Luxembourg, où se trouve son siège européen, lui retirant de ce fait l'impératif de participer au financement de la création. Une perspective que la ministre de la culture voit d'un mauvais œil : « Netflix ne doit pas être un passager clandestin ».
Enfin, on peut également s'interroger sur la manière que compte employer Netflix pour s'inviter dans les foyers des Français : bien que disponible depuis le Web, il peut nécessiter l'usage d'une box pour être utilisé sur un téléviseur. Dans un pays comme la France où les Box ADSL sont très présentes (38% de foyers équipés en février 2013) on peut se demander si Netflix ne cherchera pas à établir des partenariats avec les FAI pour espérer toucher le plus grand nombre.
Un contenu loin des USA
Toutes les interrogations suscitées par l'arrivée potentielle de Netflix en France dès la rentrée prochaine en viendraient presque à faire oublier que si la plateforme connait un très grand succès aux Etats-Unis, c'est aussi parce qu'elle y a moins de concurrence, et plus de liberté. En France, où la vidéo de rattrapage, gratuite, est largement développée, subsiste également une chronologie des médias très restrictive pour les services de SVOD : ces derniers ne peuvent intégrer des films à leur catalogue « à volonté » que trois ans, au minimum, après leur sortie en salles. Et même si des accords avec les distributeurs sont possibles - c'est ce que fait VidéoFutur avec Gaumont, BAC Films et Seven Sept - Netflix devra partir de zéro sur ce point.
Reste un éventuel atout dans la manche de la plateforme : ses créations originales. Netflix produit en effet depuis deux ans ses propres séries, avec grand succès : House of Cards - diffusé sur Canal+ en France - Orange is the new black ou la reprise d'Arrested Developpement ont su trouver leur public. De là à imaginer que le service misera sur ces contenus originaux pour se démarquer de la concurrence, il n'y a qu'un pas.