Accident de voiture autonome Uber : le freinage d'urgence était désactivé

Bastien Contreras
Publié le 22 novembre 2018 à 07h05
Uber voiture autonome

On commence à en savoir davantage sur l'accident de voiture impliquant un véhicule autonome d'Uber, qui a coûté la vie à une personne en mars 2018. Et la responsabilité de la société serait grandement engagée.

18 mars 2018. Elaine Herzberg traverse la route à Tempe, dans l'Arizona (États-Unis). Elle est fauchée par un véhicule autonome d'Uber et succombe finalement à ses blessures. Ni le pilotage automatique, ni le « conducteur de secours » au volant n'ont permis d'éviter ce premier accident mortel lié à une voiture autonome. Plusieurs mois après les faits, une enquête de Business Insider permet d'y voir plus clair.

Dispositif d'urgence désactivé

Un premier rapport avait déjà permis de déterminer qu'au moment de la collision, le véhicule n'avait pas freiné. Et pour cause : le dispositif de freinage d'urgence de la voiture avait été désactivé. Pire encore, l'engin ne possédait aucun système d'alerte pour signaler le danger à son conducteur, qui aurait pu effectuer une manœuvre précipitée.

Comment expliquer de tels défauts ? En réalité, il faut remonter au début de l'année 2018. Dara Khosrowshahi, récemment nommé PDG d'Uber, doit embarquer dans une voiture autonome, pour une démonstration grandeur nature. Pour préparer au mieux ce test, l'entreprise diffuse à ses ingénieurs un document leur demandant de limiter au maximum les « mauvaises expériences » pour les conducteurs de ces véhicules. À cet effet, et officiellement pour des raisons de sécurité, Uber décide de désactiver le freinage d'urgence et la capacité à faire des embardées pour éviter un obstacle.

Quelques semaines plus tard, certaines fonctions sont rétablies, comme la possibilité de tourner brusquement. Mais pas le freinage d'urgence. Un « oubli » qui aura des conséquences dramatiques.

Panne de communication

Les informations obtenues par Business Insider permettent de comprendre comment un tel dysfonctionnement a pu se produire. La raison principale se situerait dans un manque de communication au sein d'Uber.

En effet, un ingénieur de la société a expliqué que les informations ne circulaient quasiment pas entre les différentes équipes travaillant sur les voitures autonomes. « Une équipe peut ne pas savoir qu'une autre a désactivé une fonctionnalité ou qu'une fonction n'a pas encore été testée sur la route », a-t-il déclaré. Des échanges notamment compliqués par l'éloignement géographique : les ingénieurs hardware se situent en majorité à Pittsburgh, tandis que ceux s'occupant du software travaillent essentiellement depuis San Francisco.

Une situation ubuesque qui a conduit une voiture à se reposer sur son conducteur de secours en cas d'urgence, mais sans être capable de lui signaler le danger.
Bastien Contreras
Par Bastien Contreras

Ingénieur télécom reconverti en rédacteur web. J'écris sur les high tech, les jeux vidéo, l'innovation... J'ai d'ailleurs été responsable d'accélérateur de startups ! Mais je vous réserve aussi d'autres surprises, que vous pourrez découvrir à travers mes articles... Et je suis là aussi si vous voulez parler actu sportive, notamment foot. Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est comme du FIFA, mais ça fait plus mal aux jambes.

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raphta

Je trouve qu’on va chercher des poux aux ingénieurs, à Uber, alors que la faute est celle du chauffeur qui a confondu véhicule autonome avec voiture en développement.
C’est comme se plaindre qu’une version bêta d’ios plante ou tire à mort sur la batterie…

manu0086

Sauf que non ce n’est pas une version bêta, ces fonctionnalités de bases sont de séries sur beaucoup de voitures… ce n’est pas du béta. Le désactiver sans que le chauffeur soit au courant est dangereux, il n’aurai pas la même vigilance.

Mais pourquoi y’a-t-il eu autant de mensonges suite à l’accident? la machine qui n’aurait soi-disant pas freiné volontairement classant l’obstacle comme un faux-positif? Ils ont voulu étouffer leur responsabilité?

Nmut

Pour le moment, l’enquête me semble suivre son cours normalement. On a un accident, on trouve la cause technique originale (en plus du conducteur qui ne réagit pas qui est le dernier rempart de sécurité mais qui n’a pas “fonctionné”).
Comme dans tout système critique, la sécurité est gérée par couche et un problème est un ensemble de trous de sécurité “alignés” sur toutes les couches. Pour ne pas retomber, il faut combler si possible tous les “trous” ou au moins une majorité d’entre eux. Les problèmes rencontrés par Uber sont malheureusement communs (vous vous rappelez de la présentation Volvo de freinage d’urgence!).

pascal16

Ils n’ont pas de phase “testing” dans le processus de programmation ?

odyssseus

Oui, incriminons la voiture… et surtout pas l’idiote traversant de nuit face à un véhicule arrivant tous feux allumés…

manu0086

L’idiote, ça pourrait être un enfant, ça pourrait être un animal, bref, si une voiture autonome n’arrive pas à les éviter, ça ne te pose aucun soucis toi?

Tu ne serai pas un de ces ingénieurs qui dit : “Oh mince, on vient de pousser une MAJ qui désactive tous les freinages d’urgence des voitures autonomes, mais bon pas grave, les gens n’ont qu’à faire attention” ?

mcarre1

Bien sûr que le couple Uber - conducteur humaine a une grosse responsabilité, mais j’espère que vous apprenez à vos enfants à systématiquement regarder avant de traverser.
Odysseus a raison, et la remarque de manu0086 peut aussi s’appliquer à la piétonne. “Je traverse sans faire attention, mais bon pas grave, les voitures n’ont qu’à piler.”

iodir

Mais bien sûr. Dans ces accidents, ça n’est jamais la faute de la technologie elle-même, c’est toujours la faute de l’homme. Et qui dit ça ? Les concepteurs de l’engin évidemment, c’est à dire des gens qui sont juge et partie. Donc, crédibilité zéro.

carinae

c’est effectivement un peu vrai … même si la voiture avait été en pilotage manuel pas sur que le piéton aurait pu être évite … malheureusement

carinae

ce n’est pas ce qui est dit … même si la technologie peut être fautive et doit s’améliorer même si le conducteur avait conduit … il n’aurait peut être pas pu éviter le piéton. Accuser la technologie est la solution de facilité …
D’autre part si la désactivation du freinage d’urgence se confirme les fautifs sont bel et bien ceux qui l’ont désactivé … en l’occurrence les hommes …

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