D'après une série de rapports du conseil national de la sécurité des transports (National Transportation Safety Board, ou NTSB), le logiciel du véhicule autonome de la marque Uber qui a percuté et tué une américaine en 2018 présentait différentes failles. Selon le document, le véhicule de test aurait détecté la victime, mais sa programmation ne lui aurait pas permis de l'identifier comme une personne traversant hors des passages piétons.
L'agence indépendante précise également que, sur 18 mois, les véhicules Uber ont été impliqués dans 37 accidents mais n'ont été responsables de collision que dans deux de ces cas.
Le premier décès chez Uber
Le 18 mars 2018, à Tempe (Arizona), une femme de 49 ans, Elaine Herzberg, traverse la route. À ce moment, une Volvo XC90 de la société Uber, dont la conduite autonome est activée, la fauche. Elaine Herzberg décède de ses blessures : c'est le premier accident mortel dans lequel est impliqué un véhicule Uber.Quelques mois plus tard, l'enquête montrait que le freinage d'urgence du véhicule était désactivé au moment de l'accident.
Aujourd'hui, le NTSB apporte des précisions supplémentaires. Les multiples rapports sont accessibles à partir du communiqué de l'agence. Selon eux, la fonctionnalité de reconnaissance des piétons serait en cause.
Une victime hors des clous
Les rapports analysent plus en détails la conception du véhicule et la configuration de la route au moment de l'accident. Si le système ADS, qui regroupe l'ensemble des capteurs permettant aux véhicules de reconnaître leur environnement, aurait a priori bien fonctionné, il n'aurait cependant pas identifié la victime comme un piéton.Le rapport mentionne le terme jaywalker. Celui-ci désigne les personnes traversant la route en dehors des passages piétons. Le 18 mars 2018, Elaine Herzberg a effectivement traversé la route à un endroit où celle-ci s'élargissait, passant de deux à quatre voies et sans passage piéton.
Le rapport détaille qu'« au moment où le système ADS a détecté la personne pour la première fois, c'est-à-dire 5,6 secondes avant l'impact, celle-ci se trouvait au milieu des deux voies de gauche. Bien que le système ADS ait perçu la personne presque six secondes avant l'impact, elle ne l'a jamais détectée comme étant une piétonne - ou, dans le cas présent, une jaywalker ou une cycliste, car elle a traversé l'avenue N. Mill a un endroit dépourvu de passage piéton. Au lieu de cela, le système l'a initialement classifiée comme un "autre objet" à l'objectif inconnu ».
Ce rapport souligne également que le système a hésité à plusieurs reprises, identifiant successivement Elaine Herzberg comme étant un véhicule, une cycliste et un objet inconnu. Le logiciel aurait détecté une collision imminente 1,2 seconde avant l'impact. Si, à ce stade, la collision ne pouvait plus être évitée, le NTSB signale que « par conception, le véhicule n'aurait pas actionné les freins d'urgence ».
Le NTSB résume ainsi le défaut du logiciel : « le système n'inclut pas de prise en compte des piétons traversant hors des passages prévus ». L'agence aurait également communiqué différents défauts à Uber, qui a déjà déclaré avoir adopté « un programme critique d'amélioration axé sur la sécurité ».
Source : Reuters