La marque Wahoo ne parlera probablement pas au grand public : de fait, elle vise une clientèle assez spécifique, à savoir les cyclistes. Son catalogue – qui comptes des ordinateurs de vélo, home trainers et autres accessoires de cyclisme – s’est étendu en 2021 aux montres connectées, avec un premier modèle, la Rival. Vendue à 329 €, cette smartwatch a-t-elle ce qu’il faut pour affronter les Garmin Venu 2, GT Runner et autres montres connectées sport de qualité ? Réponse dans notre test.
- Simplicité de l’interface Wahoo
- Automatisation originale du triathlon
- Compatibilité avec les Kickr et ordinateur Wahoo
- Montre légère malgré sa taille
- Bonne autonomie
- Manque de métriques : sommeil, VO2Max, récupération, etc.
- Manque de fonctions utilitaires
- L’automatisation du triathlon ne justifie pas le prix de la Rival
- Application trop simpliste
Il n’est jamais simple pour les constructeurs de se lancer sur un nouveau secteur, à plus forte raison au sein d’un marché déjà bien rempli. C’est donc un pari risqué que prend Wahoo avec sa première montre cardio GPS connectée, l’Elemnt Rival.
La belle pourrait toutefois se démarquer de la masse par son fonctionnement qu’on nous promet simplifié à l’extrême, notamment pour les triathlons. Elle est de plus conçue pour une parfaite intégration avec les ordinateurs de vélo créés par Wahoo. Mais cela sera-t-il suffisant pour séduire le grand public ? La Rival n’est-elle pas trop particulière ? Après plusieurs jours de prise en main, voici venue l’heure du verdict.
Wahoo Elemnt Rival : spécifications techniques
Fiche technique Wahoo Elemnt Rival
Autonomie | 14 jours |
Forme du cadran | Rond |
Taille de l'écran | 1.2 pouces |
Smartphones compatibles | iPhone (iOS), Android |
Autonomie | 14 jours |
Nombre maximum de profils | 54 |
Prise en charge des SMS / MMS | Oui |
Prise en charge des appels | Oui |
NFC | Non |
GPS | Oui |
Accéléromètre et boussole électronique | Non |
Capteur de lumière ambiante | Oui |
Analyse du sommeil | Non |
Podomètre | Oui |
Capteur de rythme cardiaque | Oui |
capteur ECG | Non |
Capteur SpO2 | Non |
Forme du cadran | Rond |
Taille de l'écran | 1.2 pouces |
Résolution | 240 x 240 pixels |
Écran tactile | Non |
Écran couleur | Oui |
Épaisseur | 15.3mm |
Largeur | 46.5mm |
Longeur | 46.5mm |
Poids | 53g |
Dès la lecture de la fiche technique, on se rend compte que la Rival n’est pas une montre comme les autres. Elle semble en effet accuser un certain retard par rapport à ses concurrentes de même prix : pas de suivi du SpO2, pas de Wi-Fi ou de NFC, pas de boussole, pas de fonctions de navigation… Le constructeur américain fait le choix d’une simplification extrême. Un choix qui risque déjà de lui faire perdre quelques clients au passage, rebutés qu’ils seront par l’absence de tous ces éléments pourtant devenus standards sur les montres à plus de 300 €.
Il serait toutefois regrettable de s’arrêter à cela. L’Elemnt Rival de Wahoo possède quelques atouts qui seront à même de séduire les athlètes, à commencer par un design particulièrement soigné.
Design et finitions
Une fois au poignet, l’Elemnt Rival ne laisse pas indifférent. Malgré un boitier relativement imposant de 46,4 mm et d’une épaisseur de 15,3 mm, la smartwatch américaine reste plutôt légère avec 55 grammes sur la balance. On est bien loin des 73 grammes de la Fenix 7 de chez Garmin !
Le modèle gris, avec sa bague en céramique rehaussée de marquages bleu clair, est particulièrement sexy. Bien entendu, l’appréciation du design reste subjective et tout le monde n’accrochera pas à ce look. Wahoo produit toutefois une montre parfaitement conçue, qui nous a parue solide et très bien assemblée.
Cinq boutons assurent la navigation au sein de l’interface. Tout comme la Suunto 5 Peak, l’écran n’est pas tactile. Par contre, les bracelets sont universels, ce qui permet d’en changer facilement en cas de casse.
Écran
Comme nous le disions au paragraphe précédent, Wahoo fait le choix d’une dalle sans couche tactile. Ce n’est pas vraiment gênant pour une montre connectée sport, bien au contraire.
De même, l’utilisation d’un écran transflectif est là aussi une bonne idée. Si le rendu n’est pas aussi sexy que celui d’une dalle AMOLED, l'écran transflectif a l’avantage de rester allumée en permanence et d’être parfaitement lisible en plein soleil.
Petite originalité propre à l’Elemnt Rival : le capteur de luminosité qui n’allume pas le rétro-éclairage. À la place, il fait basculer la couleur des écrans de données selon la luminosité ambiante. Quand il fait sombre, vous aurez un affichage blanc sur fond noir. À l’inverse, un passage en plein soleil fait basculer l’écran sur un fond blanc avec lettres noires. Ça fonctionne pas mal à l’usage puisqu'on voit bien les informations en toutes circonstances. Bien entendu, un rétro-éclairage est aussi disponible pour la nuit. Celui-ci s’active en appuyant sur le bouton haut gauche, comme chez Garmin et Suunto.
Côté taille, la dalle de 1,2’’ est dans les standards, avec une définition de 240 x 240 px. Un format largement suffisant pour le sport, même si le rendu n’est pas des plus fins. On apprécie d’ailleurs la fonction de « zoom » intégrée sur l’Elemnt Rival. Avec un appui sur deux boutons simultanément, l’affichage bascule de façon à afficher de un à six champs de données sur l’écran. De cette façon, vous pouvez garder à l’œil uniquement les métriques qui vous intéressent, sans encombrer l’affichage. C’est une petite originalité propre à la Rival. Sans être une révolution, cette fonction est très agréable une fois qu’on en prend l’habitude.
Système d’exploitation
Sans surprise, Wahoo a développé son propre système d’exploitation pour sa première montre connectée. Une fois pris en main, celui-ci est d’une simplicité enfantine. Les premières minutes sont toutefois déroutantes tant l’approche de Wahoo est atypique.
Comme sur toute smartwatch, l’écran principal présente l’heure. Wahoo ne propose que quatre watchfaces, deux numériques et deux analogiques, dont il est possible de changer la coloration et les informations affichées. Ça reste très minimaliste, dans l’esprit de la montre.
La navigation s’effectue ensuite avec les deux boutons du bas. En fait, un appui sur l’un ou l’autre vous amènera directement aux écrans de données du sport que vous avez sélectionné. Pas besoin d’aller chercher dans plusieurs sous-menus pour lancer un sport, il suffit d’un appui pour lancer une session de course, de marche ou de natation.
Au final, les écrans d’informations qui s’affichent en permanence sur la montre dépendront de l’activité pré-sélectionnée. Par exemple, si vous avez choisi la randonnée, vous aurez accès à l’altitude, au rythme cardiaque et à l’allure. Passez sur le profil de musculation et vous perdrez le graphique d’altitude. C’est un fonctionnement assez étrange, qui implique qu’on ne peut pas forcément avoir sous le nez certaines infos en permanence.
L’avantage, c'est qu'il s'agit d'un système très simple. Vous voulez faire une petite session de marche ? Pour peu que ce profil soit celui que vous ayez choisi par défaut, vous n’aurez qu’à appuyer sur le bouton bas gauche ou bas droite. Le GPS se charge alors de capturer le signal et la montre vous propose automatiquement de lancer la session. Difficile de faire plus simple !
Comme vous devez vous en douter, la Rival reste assez spartiate pour le reste. Hormis les classiques alarmes et chronomètres, vous n’aurez pas des masses d’options ni d'écrans d'informations à gérer. L’Elemnt Rival pourrait presque être considérée comme l’antithèse des montres Garmin, plus proche des modèles de Suunto et Polar, qui sont eux aussi très simples d’utilisation.
Application Elemnt
Tout comme l’interface de la Rival, l’application mobile Elemnt se veut très simple, à la fois dans son fonctionnement et dans les données relevées. Elle comprend cinq onglets :
- Entraînement
- Historique
- Statistiques
- Profil
- Paramètres
Le premier onglet, nommé Entraînements, ne vous servira pas à grand-chose étant donné que la smartwatch propose les mêmes fonctions. Il permet simplement de sélectionner votre sport, d’appairer des capteurs tiers et partager un lien de suivi à vos proches. Vous y trouverez aussi des entraînements planifiés créés par Wahoo. Au besoin, vous pouvez en importer d’autres, programmés par vos soins en liant votre compte Training Peaks.
L’onglet Historique est plus intéressant. Comme son nom l’indique, il affiche toutes vos activités enregistrées avec l’Elemnt Rival.
L’onglet dédié aux Statistiques affiche quant à lui les principales métriques de votre journée : nombre de pas, temps d’entraînement dans chaque sport, calories dépensées, rythme cardiaque. Le tout est présenté de façon très spartiate. On a un peu l’impression de retomber au temps des premiers traqueurs d’activité, avec des graphiques minimalistes. Même s’il est possible d’organiser l’affichage de façon très fine, on reste sur notre faim côté métriques. La montre ne suit même pas le sommeil, on n’a pas de score VO2Max, ni même de charge d’entraînement ou de temps de récupération. Tout ceci est bien pauvre pour une montre sportive…
Les deux derniers ongles, Profil et Paramètres parlent d’eux-mêmes. C’est ici que vous pourrez gérer vos infos personnelles, définir vos zones de puissance à vélo et de fréquence cardiaque manuellement. C’est ici aussi que vous gérerez les profils sportifs embarqués sur la montre. Contrairement au reste, on a pas mal de possibilités de réglages, avec entre autres la capacité de créer des profils multi-sports personnalisés. Au besoin, l’application Elemnt peut se connecter à des services tiers comme Komoot, Strava ou TrainingPeaks. Vos données d’activités seront alors automatiquement transférées hors de l’application Elemnt vers les services sélectionnés. C’est du classique, toutes les applications concurrentes proposent le même genre de fonctionnalité.
Fonctions sport
Mettons maintenant la Wahoo Elemnt Rival à l’épreuve. Sous ses atours minimalistes, la belle nous réserve quand même quelques bonnes surprises.
Capteurs
Vous utilisez les ordinateurs de vélo Wahoo ? Vous possédez un Kickr ? Alors l’Elemnt Rival devrait vous plaire. En effet, la montre connectée américaine est conçue pour s’intégrer à l’éco-système de la marque.
Bien entendu, elle peut aussi se lier à des capteurs tiers. Nous l’avons testée avec une ceinture pectorale Polar H7, celle-ci était parfaitement reconnue par la Rival. La smartwatch peut aussi se connecter à des capteurs de puissance comme le Stryd. De ce point de vue, elle est aussi efficace que n’importe quelle autre montre sport.
Profils sportifs
L’Elemnt Rival est conçu pour suivre de nombreux sports. Elle embarque une dizaine de profils - dont le triathlon – dans sa mémoire. L’application permet toutefois d’en sélectionner des dizaines d’autres et même de créer vos propres profils personnalisés avec vos champs de données préférés. Tout se fait depuis l’appli mobile, compatible avec Android et iOS.
La Rival se démarque toutefois de la concurrence avec son profil triathlon, qui est en effet totalement automatisé. Vous n’avez qu’à lancer une session avec le bouton de démarrage, la smartwatch se charge de calculer vos transitions T1 et T2 automatiquement. Faute de matériel (et d’une condition physique adéquate, je l’avoue…) nous n’avons pas pu tester en profondeur cette fonctionnalité. Les divers tests du Web sont toutefois révélateurs : la Rival s’en tire très bien avec son système d’automatisation, bien qu’il faille quand même faire de petits ajustements manuels en fin de course.
Au besoin, vous pourrez donc modifier vos temps à la fin de la session. L’application permet de gérer finement les résultats obtenus lors d’un triathlon et ce de façon très simple avec une glissière à déplacer sur la courbe de temps de votre activité.
Précision
L’idée d’avoir une smartwatch suffisamment intelligente pour tout automatiser est pour le moins séduisante. Encore faut-il que les relevés soient à la hauteur. Sur ce point, l’Elemnt Rival nous laisse un peu sur notre faim. Nous l’avons comparée à la Fenix 7 de Garmin, ainsi qu’à la Huawei Watch GT Runner et une ceinture cardio Polar H7.
Les relevés du capteur cardiaque sont moins précis que sur la Fenix 7 et la GT Runner, mais surpassent ceux de la Suunto 5 Peak, une montre assez décevante sur cette partie. L’Elemnt Rival reste donc dans la bonne moyenne, sans pour autant faire des flammes.
Le suivi GPS est dans la même veine. Il est dans la moyenne actuelle, sans pour autant atteindre la précision de la Suunto 5 Peak, réellement impressionnante dans cette partie. Il semble d’ailleurs que la Rival ne possède pas de baromètre, de sorte que l’altitude est calculée uniquement au GPS. Par extension, l’absence de baromètre et même de boussole prive la montre américaine d’une quelconque fonction de navigation. Il n’y a pas non plus de navigation de type « petit poucet », ce qui est pénalisant sur une montre à plus de 300 €.
Plus étonnant encore, l’absence de suivi du sommeil. La Rival n’est clairement pas centrée sur la suivi de la santé, elle est très – trop ? – dépouillée sur ce point. Comme nous l’indiquions plus avant dans ce test, elle est vraiment minimaliste, ressemblant plus aux bracelets connectés d’il y a quelques années plutôt qu’aux montres modernes capables de remonter de nombreuses métriques. Cette approche sera rédhibitoire pour certains utilisateurs qui veulent au moins obtenir leur score VO2Max ou analyser leur qualité de sommeil.
Fonctions utilitaires
Si pour vous une montre connectée se doit d’être une compagne du quotidien, capable de faire un maximum de choses, alors passez votre chemin. La Wahoo Elemnt Rival est encore plus minimaliste sur les fonctions utilitaires que sur les fonctions sport.
En dehors des alarmes et minuteurs, la belle ne propose qu’un contrôleur de musique. Ce dernier s’ouvre automatiquement quand vous lancez un morceau sur le smartphone. Il affiche le titre de la musique en cours ainsi que l’album. Deux actions sont possibles : mettre en pause ou passer au morceau suivant. Impossible de régler le volume ou revenir à la piste précédente. Là encore, c’est très – trèèèès – spartiate. Ceux qui veulent une smartwatch simple d’accès en auront pour leur argent.
Il est quand même dommage que Wahoo n’aille pas plus loin. Nous aurions apprécié un écran dédié à la météo, il est toujours pratique de savoir quel temps il va faire avant une sortie randonnée. Bien entendu, il ne faut pas espérer des fonctions plus évoluées comme le paiement sans contact ou un assistant vocal. La montre américaine affiche quand même les notifications du smartphone, ce qui est le minimum vital. Son approche est assez similaire à ce qui existe chez Suunto et Polar.
Autonomie
En équipant son Elemnt Rival d’un système très dépouillé, Wahoo lui assure une très bonne autonomie. En utilisation classique, le constructeur promet une autonomie de 14 jours. En mode GPS, la belle est capable de tenir la charge environ 24 heures.
Ces temps sont comme souvent un peu sûr-évalués et dépendront de votre utilisation. D’après nos essais, la Rival arrive quand même à tenir plus de 10 jours d’utilisation, ce qui est plus que décent. N’oublions pas que l’écran transflectif reste allumé en permanence, ce qui est un avantage non négligeable face aux montres avec écran AMOLED qui perdent vite leur endurance quand on passe en mode Always On.
Pour la charge, Wahoo propose un socle assez large à fixer au dos de la smartwatch. Celui-ci est loin d’être sexy car très encombrant. Il se fixe avec des dents placées sur sa bordure. Il n’est pas magnétique, comme la plupart des concurrents. Une recharge complète demande environ 2 heures, ce qui est là aussi dans la moyenne actuelle.
Wahoo Elemnt Rival : le verdict de Clubic
Avec sa première montre connectée sport, Wahoo se démarque clairement de la concurrence. L’approche de la marque américaine se veut minimaliste et centrée sur l’automatisation. On apprécie cette simplicité de prise en main, aux antipodes des productions Garmin. Le relevé automatisé du triathlon est aussi une idée unique sur le marché. Mais est-elle vraiment utile ? On vous laisse en juger.
Il est quand même dommage de constater que Wahoo simplifie trop sa recette. Pas de suivi du sommeil, pas de score VO2Max, pas de métriques de récupération… Ce sont de gros manques pour une montre sport qui vise le milieu de gamme.
Nous recommandons donc la Wahoo Elemnt Rival aux personnes qui possèdent déjà de l’équipement de la marque ou à ceux qui ne veulent pas crouler sous les métriques. Les sportifs les plus exigeants se tourneront probablement vers la Garmin Venu 2 ou la Huawei GT Runner, plus précises et allant plus loin dans les relevés de santé, ainsi que dans les fonctions utilitaires.
L’Elemnt Rival est une montre connectée atypique. Mais si on apprécie son côté minimaliste, il joue parfois contre elle. À moins que vous soyez possesseur d’un Kickr ou d’un ordinateur Wahoo - ou que vous cherchiez une montre sport simplifiée à l’extrême - on aura du mal à vous la conseiller. Il existe plus précis et plus complet pour le même prix, voire moins cher.
- Simplicité de l’interface Wahoo
- Automatisation originale du triathlon
- Compatibilité avec les Kickr et ordinateur Wahoo
- Montre légère malgré sa taille
- Bonne autonomie
- Manque de métriques : sommeil, VO2Max, récupération, etc.
- Manque de fonctions utilitaires
- L’automatisation du triathlon ne justifie pas le prix de la Rival
- Application trop simpliste
15 octobre 2024 à 11h45