Après les 500 millions de dollars accordés à SpectraWatt en juin, le fabricant de semi-conducteurs Intel prolonge sa stratégie « verte » en misant sur une autre jeune pousse spécialiste des photopiles. Son fonds d'investissement stratégique, Intel Capital, annonce avoir pris une participation de 24 millions d'euros dans la société Sulfurcell Solartechnik, un fabricant allemand de cellules photovoltaïques en couche mince. Intel capital élargit ainsi son portefeuille dans les écotechnologies et devrait en profiter pour « augmenter ses capacités de production au travers d'une nouvelle usine à Berlin ».
La société Sulfurcell fabrique des modèles monoblocs de ces piles solaires à partir de matériaux tels que le cuivre, mais aussi l'indium, un métal rare, dont l'utilisation massive, notamment dans les écrans plats LCD, aurait fait passer son prix de 70 dollars le kilogramme en 2001 à 1000 dollars le kilogramme en 2005. On y trouve également du sulfure de sélénium, un produit toxique et relativement inflammable, utilisé pour le traitement des champignons. Un mal pour un bien?
« Si Intel Capital s'est intéressé à Sulfurcell, c'est parce que ses photopiles affichent l'un des rendements de conversion d'énergie les plus élevés au titre des matériaux en couche mince », explique Heiko von Dewitz, le directeur de l'investissement chez Intel, chargé du secteur des écotechnologies pour l'Europe et Israël. « Elles se prêtent également à des applications nouvelles telles que les modules solaires de construction BIPV (Building Integrated Photovoltaics), qui s'intègrent à l'ossature des toits et des murs », ajoute-t-il.
Le « volontarisme » d'Intel n'est pas un hasard, car d'après le cabinet d'étude Photon Consulting, « le marché de détail des technologies du solaire représentait en 2007 environ 30 milliards de dollars, soit une augmentation de 50% par rapport à l'année précédente ». Il pourrait même continuer à se développer de 30 à 40% par an au cours des prochaines années. D'ailleurs, le groupe mise sur une réduction de « 30% sur la période 2004-2010 », de ses émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Cette opération s'inscrit dans le cadre d'un tour de table de 85 millions euros qu'Intel a organisé et dont 38 millions euros proviennent d'investisseurs européens comme Climate Change Capital Private Equity (Londres), AIG (Zurich), Demeter Partners (Paris), Zouk Ventures (Londres) ou encore BankInvest (Copenhague). En 2007, Intel Capital a investi approximativement 639 millions de dollars dans le cadre de cent soixante-six prises de participation, dont environ 37% en dehors des États-Unis.