Où en sera le monde de l'informatique dans 40 ans ? Las de leur emploi, deux talentueux physiciens dénommés Robert Noyce et Gordon Moore fondent, le 18 juillet 1968, une petite société baptisée Integrated Electronics, et parviennent à convaincre un capital-risqueur de réunir des fonds pour lancer leur activité. En seulement deux jours, celui-ci réunit 2,5 millions de dollars qui permettent à Moore et Noyce, rejoints par Andrew Grove, de proposer sur le marché leur premier produit commercial : un module de mémoire SRAM de 64 bit, le « 3101 Schottky ».
A l'époque, un entrefilet du San Jose Mercury News évoque le lancement de cette start-up, en expliquant que les fondateurs voulaient retrouver le plaisir de créer et d'innover au sein d'une petite structure, à taille humaine. 40 ans plus tard, Intel domine le marché mondial des semiconducteurs, pèse plus de 125 milliards de dollars à Wall Street, et fournit les microprocesseurs de 80% des ordinateurs utilisés dans le monde.
Vingt ans après la découverte du transistor, dix ans après l'invention du circuit intégré, Noyce, Moore et Grove partent du postulat que les semiconducteurs vont révolutionner l'informatique telle qu'on la connait alors, et décident de concentrer leurs efforts sur un matériau prometteur : le silicium. Devenue Intel, la jeune pousse jette dès 1969 sur le papier les bases théoriques de ce qui deviendra le premier microprocesseur de l'histoire, le « 4004 », dont la réalisation a finalement été achevée en 1971. Le 4004 fait appel à 2300 transistors gravés selon une finesse de 10 microns, et propose une fréquence d'horloge de 740 KHz, une tension d'alimentation de 15 Volt, et une mémoire adressable de... 640 octets.
Aujourd'hui, le micron parait loin : processeurs et mémoire sont gravés selon des procédés permettant d'atteindre une finesse de l'ordre de quelques dizaines de nanomètres. La course au gigahertz, incarnée par la célèbre Loi de Moore, a laissé place à la mise en place de coeurs complexes, composés de plusieurs unités de calcul capables de fonctionner de concert, et les semiconducteurs deviennent littéralement omniprésents dans notre quotidien. Incarnation du succès de l'informatique, Intel a toutefois connu bien des embûches au cours de ses 40 années d'existence : restructurations, suppressions de postes à répétition, sans oublier les accusations d'abus de position dominante formulées par différentes instances comme la Commission européenne.
Issue de l'univers du microprocesseur, Intel a depuis largement diversifié ses activités aux principaux pans de l'informatique, et entend bien poursuivre cette tendance. Après les chipsets, les contrôleurs graphiques ou les composants réseau, la firme de Santa Clara souhaite maintenant se tourner vers de nouveaux secteurs : « Nous nous concentrons maintenant sur la façon de faire évoluer Intel vers de nouveaux domaines », a ainsi déclaré Paul Otellini, PDG d'Intel, à l'occasion de ce quarantième anniversaire. Des domaines comme la mobilité, comme l'informatique médicale ou comme l'infrastructure réseaux, mais aussi de nouveaux secteurs comme les pays en voie de développement. « Pour Intel, ce n'est que le début du voyage », prophétise encore Otellini. Vers quelles directions ?
Intel souffle ses quarante bougies
Publié le 21 juillet 2008 à 13h02
Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech, que ça concerne le grand public, l'entreprise, l'informatique ou Internet. Milite pour la réhabilitation de Après que + indicatif à l'écrit comme à l'oral, grand amateur de loutres devant l'éternel, littéraire pour cause de vocation scientifique contrariée, fan de RTS qui le lui rendent bien mal.
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