Free prêt à partir en croisade contre la loi Hadopi ?

Alexandre Laurent
Publié le 23 juillet 2008 à 15h25
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Celui que beaucoup se plaisent à qualifier de « trublion des télécoms » ne semble pas prêt à rentrer dans le rang. Alors que se dessine la dernière ligne droite pour le projet de loi « Création et Internet » destiné à lutter contre le piratage des oeuvres de l'esprit sur Internet, Xavier Niel, actionnaire majoritaire d'Iliad, prend le mors au dent et affirme, dans une interview au magazine Capital à paraitre jeudi, que Free prendra position contre ce texte.

Cultiver son image d'agitateur auprès des internautes ? Sans doute, mais pas seulement. « Notre été sera studieux », affirme Xavier Niel, qui veut faire feu sur tous les fronts, de la fibre optique à la téléphonie mobile en passant par Internet et le P2P ou le financement de la télévision publique.

Haro sur la loi Hadopi ?

Sur la loi Hadopi tout d'abord. Particulièrement impopulaire, ce projet de loi définit pour mémoire la mise en place d'une autorité indépendante chargée de faire appliquer le principe de riposte graduée, lequel prévoit que soit mis en place une surveillance des réseaux, confiée à des organismes assermentés. Une systématisation de la traque au téléchargement illégal qui n'est pas du goût de tous.

« Nous avons d'abord envie de nous battre contre la loi Hadopi, qui crée une Haute Autorité de lutte contre le piratage sur Internet. Un organisme destiné à donner des coups de bâton sur les doigts des Français », explique Xavier Niel. « Économiquement, cela n'a aucun impact sur nous, mais certaines de ses dispositions nous paraissent liberticides. Car ce qui se dessine, en dépit de l'opposition de la Commission nationale de l'informatique et des libertés, du Conseil d'état et du parlement européen, c'est bel et bien le flicage systématique de nos abonnés », poursuit-il.

De la fibre et du mobile

A plusieurs reprises, Niel a rappelé qu'un opérateur n'avait vocation qu'à assurer la liaison de l'abonné au réseau, et non à fournir lui-même ses propres contenus. Une nouvelle fois, il enfonce le clou, en assimilant les accords d'exclusivité négociés par certains de ses concurrents à de la « vente liée ». « Orange clame qu'il serait dommage d'investir des milliards d'euros dans les réseaux pour Google et Microsoft y réaliser leurs marges. Mais on vit très bien en se contentant de raccorder les foyers ».

Selon lui, Free verserait aujourd'hui 120 euros par an et par abonné pour accéder à la potion terminale de la boucle locale. Dès lors, les investissements nécessaires au déploiement de la fibre, estimés à une somme comprise entre 1000 et 1500 euros par foyer, se justifient parfaitement : « racheter son appartement pour huit ans de loyer, voilà une bonne affaire », plaisante-t-il, avant d'assurer que l'objectif initial de couverture en fibre sur Paris (70% de la capitale d'ici 2009) est toujours à l'ordre du jour.

Sur le mobile, enfin, Niel ne cache pas ses ambitions : « créer un opérateur trois, quatre, cinq, voire dix fois moins cher que les autres », en partant du principe qu'un réseau mobile coûte bien moins cher à déployer qu'une infrastructure de téléphonie fixe, et que pourtant les sommes facturées par les opérateurs mobiles sont nettement supérieures à celles qui sont pratiquées dans le domaine de l'ADSL.

Enfin, Niel s'insurge contre le projet selon lequel le chiffre d'affaires des opérateurs serait taxé à hauteur de 0,9% pour financer un France Télévisions privé de ressources publicitaires. « En France, on ponctionne les secteurs qui marchent au profit de ceux qui peinent. C'est bizarre, venant d'un libéral comme notre président. On n'a pas eu le courage d'augmenter la redevance, mais ce sont bien les consommateurs qui paieront, avec l'illusion que ce n'est pas l'Etat qui ponctionne », explique-t-il, rejoint sur ce point par la majorité de ses concurrents.

Suite à l'acquisition d'Alice, Free devrait être en mesure de passer la barre des quatre millions d'abonnés avant la fin de l'année, confirmant sa place dans le trio de tête des fournisseurs d'accès à Internet français, à l'instant où tous les indicateurs s'accordent à dire que la croissance du marché de l'ADSL va ralentir. Une position enviée et enviable, qui permettra sans doute à Iliad et à Xavier Niel de faire entendre leur voix sur les sujets chauds de la rentrée.
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