450.000. Ce serait le nombre de films téléchargés, chaque jour, de façon illégale, par les internautes français. « On ne s'attendait pas à de tels chiffres », commente l'Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (Alpa), commanditaire d'une étude réalisée par les sociétés Thomson et Advestigo, visant à déterminer l'ampleur du phénomène que représente le téléchargement sur les réseaux P2P tels qu'eMule ou BitTorrent.
De novembre à juin, les deux sociétés en charge de cette étude auraient surveillé le trafic P2P en France, en se concentrant sur les cent films les plus régulièrement piratés, qui représenteraient à eux seuls 90% des téléchargements illégaux. Sur huit mois, la moyenne s'élèverait à 450.000 téléchargements par jour, soit plus de 14 millions de longs métrages téléchargés par mois, l'étude n'envisageant que les films doublés en français. Un chiffre que l'Alpa ne manque pas de rapprocher des statistiques de fréquentation des salles de cinéma, qui, pour le mois de juin, s'élèveraient selon le CNC (Centre national de la cinématographie) à 11,5 millions d'entrées.
Pour les films français, la palme du téléchargement illégal revient à la comédie Bienvenue chez les Ch'tis, avec 682.000 téléchargements depuis le début du mois de mars, pour une moyenne d'environ 10.000 par jour, devant des longs métrages comme Persepolis, ou La Môme. Du côté des films américains, Transformers aurait été téléchargé plus de 3,7 millions de fois lors des six premiers mois de l'année. En dépit de ces chiffres élevés, les réseaux d'échange suffiraient à peine à combler l'appétit des internautes français, puisqu'à peine 40% des « demandes » seraient satisfaits selon cette étude, sans que l'on sache vraiment comment est calculé ce chiffre.
« Nous sommes face à un phénomène majeur qui peut mettre en péril l'industrie du cinéma et de l'audiovisuel. On ne s'attendait pas à de tels chiffres », explique à l'AFP Frédéric Delacroix, délégué général de l'Alpa. Truffée de chiffres éloquents, cette étude a en effet de quoi alarmer, particulièrement en cette période d'été, à quelques semaines seulement de l'examen par l'Assemblée du projet de loi « Création et Internet », destiné à endiguer le piratage des oeuvres audiovisuelles sur Internet.
Une étude qui tombe à point nommé pour sensibiliser les députés à la question du préjudice subi par l'industrie du cinéma à cause du téléchargement illégal ? Selon nos informations, les résultats de cette étude ne devaient pas être divulgués avant la rentrée de septembre, période coïncidant avec la reprise des travaux parlementaires, ce qui confirme leur caractère opportun. Peut-être lui manque-t-il toutefois l'analyse du manque à gagner éventuel que sont censés avoir entrainé ces téléchargements illégaux. En dépit de ces 682.000 téléchargements, et de sa disponibilité sur le Web quatre jours après sa sortie en salle, Bienvenue chez les Ch'tis a pour mémoire dépassé les vingt millions d'entrées.