John Roberts : "SugarCRM est devenu le Linux de la relation client"

Ariane Beky
Publié le 03 novembre 2008 à 15h36
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Co-fondateur, directeur et chairman de SugarCRM, éditeur de logiciels open source de gestion des relations clients (CRM), John Roberts précise le positionnement de la jeune pousse d'origine américaine sur un marché où s'activent des acteurs comme Salesforce.com, Oracle (Siebel), SAP et Selligent.

AB - John Roberts, bonjour. Quelles étaient les motivations de Clint Oram, Jacob Taylor et vous-même lors de la création de SugarCRM en 2004 ?

JR - Bonjour Ariane. Pour ma part, je m'interrogeais sur l'industrie du logiciel, ses modèles. Je m'intéressais à des alternatives libres et open source dans le domaine des systèmes d'exploitation (GNU/Linux...) et des bases de données (MySQL...) Par ailleurs, dans le logiciel d'entreprise, plus particulièrement de la relation client, rien ne me satisfaisait vraiment. L'univers du logiciel propriétaire privilégiait, et privilégie toujours, les dépenses marketing à l'investissement dans l'ingénierie. Avec Clint et Jacob, nous avons pensé : "créons autre chose, en nous appuyant sur des technologies libres et open source, PHP, MySQL." Nous avons alors créé le code source de Sugar, de A à Z. Nous avons publié ce code et proposé le logiciel en téléchargement libre via Sourceforge. La communauté de développeurs et d'utilisateurs s'est rapidement développée à l'international. En une semaine, le logiciel a été traduit par la communauté en 6 langues, dont le français. Nous nous sommes dit, le projet a de l'avenir, un avenir commercial, car nous ne travaillons pas pour rien ! En 4 ans, le logiciel SugarCRM est devenu le Linux du CRM. PME et départements de grands comptes, comme la NASA (National Aeronautics and Space Administration), ont opté pour la solution.

AB - Quels fonds d'investissement ont fait confiance à SugarCRM ?

JR - Depuis notre création, nous avons obtenu 46 millions de dollars auprès de New Enterprise Associates, Draper Fisher Jurvetson et Walden International.

AB - Quels éditeurs sont vos principaux concurrents ?

JR - Et bien Oracle (Siebel) et Salesforce.com.

AB - J'aimerais en savoir plus sur le modèle économique de SugarCRM ?

JR - Notre modèle est open source et commercial. Nous proposons trois éditions pour notre solution SugarCRM : Community Edition (GPLv3) gratuite, Professional et Enterprise. Les éditions 'pro' et 'entreprise' sont accessibles sur site client (on premise) ou à la demande, en contrepartie d'un abonnement (à partir de 275$ par utilisateur et par an pour la pro, à partir de 449$ par utilisateur et par an pour l'édition enterprise) ou encore en appliance. Elles sont associées à des prestations professionnelles de support et de formation. Aujourd'hui, nous comptons environ 4000 utilisateurs payants (entreprises). Notre base globale d'utilisateurs est beaucoup plus large, avec quelque 50.000 installations (environ 400.000 utilisateurs) réparties sur 195 pays.

AB - La société est-elle rentable ?

JR - Elle devrait l'être dans les trois mois ! (NDLR : Malgré la crise ?) Oui, malgré la crise, car les entreprises, qui n'ont pas encore franchi le pas, ont conscience qu'une solution open source de CRM peut les aider à réduire leurs coûts tout en répondant aux besoins de leur clientèle.

AB - Quel sera l'impact de la crise financière sur l'activité de SugarCRM ?

JR - Difficile à dire. Je pense que notre approche du logiciel, notamment le SaaS (software as a service), notre modèle économique, est l'un des plus solides pour affronter cette crise.

AB - L'entreprise pourrait-elle être rachetée ?

JR - Nous ne sommes pas à vendre ! Au contraire, nous envisageons d'entrer en bourse en 2009.

AB - John Roberts, je vous remercie.
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