Adopté en première lecture, le projet de loi Création et Internet est véritablement le fer de lance de la politique anti-piratage du gouvernement français. Le principe de riposte graduée, s'il venait à être mis en place, sanctionnera les internautes ayant été accusés d'avoir téléchargé ou partagé illégalement des fichiers protégés par les droits d'auteur.
Une question reste pourtant entière : comment s'assurer de la culpabilité de l'internaute ? En Grande-Bretagne, les autorités ont commis plusieurs bourdes et l'histoire Gill et Ken Murdoch, respectivement âgés de 54 et 66 ans et accusés à tort d'avoir piraté un jeu vidéo, a fait le tour de la Toile. Dans certains pays européens, les autorités prennent parfois des mesures radicales, n'hésitant pas à demander aux fournisseurs de bloquer l'accès à certains sites jugés inappropriés. Ainsi, au Danemark, Sonofon, filiale de Télé2, fut obligée de filtrer le site ThePirateBay.
Qu'il s'agisse de l'identification ou du filtrage, la clé principale de reconnaissance est véritablement l'adresse IP de l'ordinateur. Depuis quelques temps, plusieurs sociétés ont trouvé un nouveau créneau mettent l'accent sur l'anonymat grâce à un service VPN.
Un VPN (réseau privé virtuel) délivre à votre PC une adresse IP différente; cela permettra non seulement de rendre son identification sur Internet beaucoup plus difficile mais aussi de contourner le filtre d'accès à certains sites ou services bloqués par le fournisseur.
Ainsi, TorrentFreak rapporte le cas de ces sociétés qui profitent de la situation pour offrir un service VPN moyennant une souscription de 10 à 20 dollars mensuels. S'il est clair que peu de gens seront enclins à payer une telle somme pour conserver leur anonymat sur le web, la démocratisation de ces services contribue peu à peu à en faire baisser les prix. S'agirait-il d'un nouveau modèle économique émergeant ?
VPN4Life, par exemple, est une firme dont les dirigeants se décrivent eux-mêmes comme faisant tous les efforts nécessaires pour libérer ce monde du contrôle des FAI, des restrictions gouvernementales et de l'influence grandissante du capitalisme sur Internet. La société propose une solution d'anonymat à vie. Ainsi, le client profite d'une bande passante illimitée à 20MB/s, chiffrée en 128 bits avec une garantie d'accès à 99,7% pour 50 dollars, une somme qui ne sera réglée qu'une seule fois. Si les firmes sont capables de gérer une quantité d'utilisateurs en pratiquant de tels tarifs, alors la donne pourrait rapidement changer.
Avec la prolifération de ces tels services, le gouvernement français risque donc de rencontrer de nouvelles difficultés dans l'application de la riposte graduée.
Mise à jour :
Suite aux témoignages de plusieurs lecteurs, l'offre de VPN4Life semble poser plusieurs problèmes et s'avère plutôt supecte. Un utilisateur aurait reçu par email le logiciel Hotspot Shield en version 1.10, une application distribuée gratuitement et sponsorisée par de la publicité. Une autre personne mentionne le temps de latence lorsque le paiement est effectué.