A deux jours du retour de la loi « Création et Internet » devant l'Assemblée nationale, la direction de l'UMP entend bien ne pas voir se reproduire le vote surprise du 9 avril dernier. Consigne a donc été donnée aux députés : la présence des députés de la majorité sur les bancs de l'hémicycle est vivement conseillée, dès la reprise des débats et jusqu'au vote solennel, prévu pour l'après-midi du 12 mai. Chargé de faire passer le message, Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, confirme que l'enjeu n'est plus simplement la loi sur le droit d'auteur.
« Ce n'est désormais plus la teneur de ce texte qui est en cause », écrit-il dans une lettre adressée à ses codéputés. « Ce qui importe, c'est le problème politique créé par son rejet surprise et par le comportement absurde de l'opposition. Nous avons offert à la gauche une triste victoire politique, dont personne au sein de notre groupe ne peut se réjouir ». La semaine dernière, le chef de l'Etat lui-même a réaffirmé son soutien au texte lors d'une rencontre organisée avec une soixantaine d'artistes à l'Elysée.
L'opposition n'est toutefois pas en reste. Dans une tribune publiée lundi par le quotidien Libération, certains des députés socialistes les plus actifs lors de la première phase des débats à l'Assemblée répètent ainsi les raisons de leur refus d'une loi « mal foutue » et qui « ne règle rien ».
Ils bénéficient depuis vendredi d'un soutien quelque peu inattendu : celui de certains auteurs de science-fiction. Plus de soixante d'entre eux a accepté de signer une pétition signifiant leur opposition à la loi Création et Internet. « Cette loi, dont on nous affirme qu'elle défendra les droits des artistes et le droit d'auteur en général, nous apparaît surtout comme un cheval de Troie employé pour tenter d'établir un contrôle d'Internet, constituant par là même une menace pour la liberté d'expression dans notre pays. », y expliquent-ils.
Alors que certains s'étaient étonnés de voir apparaitre un certain Paul Atréides, héros du roman de SF Dune, dans la liste des 10.000 artistes signataires de la pétition de soutien à Hadopi organisée par la Sacem (qui pour autant qu'on sache peut tout à fait être le pseudonyme d'un musicien), eux ont choisi de s'adjoindre les services de Vladimir Harkonnen, baron de son état et... ennemi juré de la famille Atréides.