La lutte contre le piratage ne doit pas se faire au détriment de la vie privée, telle est la position de Privacy International. Dernièrement le groupe a d'ailleurs fait appel à la Commission Européenne pour vérifier la nature exacte d'un logiciel anti-piratage qui devrait être déployé au Royaume-Uni.
Il faut dire que le pays ne fait pas figure d'exemple dans le domaine. Au mois de novembre, les membres de la Commission Européenne, et plus particulièrement, la commissaire Viviane Reding, chargée de la société de l'information et des médias, avaient accusé le Royaume-Uni de ne pas avoir suffisamment protégé la vie privée des citoyens britanniques. En effet, en 2006, plusieurs fournisseurs d'accès à Internet locaux tels que BT, Talk Talk et Virgin avait implémenté un système de publicité comportementale baptisé WebWise et doté d'une technologie capable d'analyser les paquets transférés.
Cette fois le FAI Virgin Media entend utiliser un logiciel baptisée CView éditée par la firme Detica. Cette technologie s'apparenterait à celle de WebWise (Phorm) et permettrait au FAI de dissocier le contenu légal du contenu illégal en affichant clairement le nom des fichiers transférés et donc de relier ces derniers à l'adresse IP de l'internaute. Alexander Hanff, président du groupe Privacy International, précise : « la loi Regulation of Investigatory Powers Act (RIPA) dispose que l'interception des communications est un crime quoi que vous fassiez avec ces données ». M. Hanff se dit prêt à déposer plainte si le FAI britannique déploie cette technologie.
Pour Virgin Media, ce logiciel « n'a pas été conçu pour identifier les internautes ». Cette technologie leur permettrait de déterminer les chansons les plus partagées sur leur réseau et la part du contenu piraté. Notons que Virgin Media est sur le point d'ouvrir sa propre boutique de téléchargements musicaux. Pour Virgin il pourrait également s'agir d'un moyen de cibler davantage les lettres d'avertissement envoyées aux internautes dans le cadre de la riposte graduée.
Reste à savoir si la demande formulée par Privacy International sera bien entendue par la Commission Européenne.