La police néerlandaise peut exiger des données d'utilisateurs de Telegram en cas de menace imminente, remettant ainsi en cause le côté imperméable de la célèbre messagerie électronique.
Après la polémique (finalement vite éteinte) sur les VPN en France surgit celle de Telegram du côté des Pays-Bas. Parce que la fin justifie les moyens, et dans le cadre de la lutte contre les menaces à la sécurité publique, la police néerlandaise peut désormais demander des informations telles que les adresses IP et les numéros de téléphone des utilisateurs du service de messagerie Telegram.
L'information a été relayée par la radio batave BNR, qui a pu consulter des documents obtenus grâce au dispositif local d'accès des citoyens aux informations gouvernementales (Open Government Act). Cette nouvelle capacité des autorités soulève des questions sur la protection réelle de la vie privée des utilisateurs.
Telegram revient sur ses fondamentaux
Contrairement à ce qu'annonce Telegram dans sa politique de confidentialité, la plateforme de messagerie instantanée peut partager ses données avec les autorités néerlandaises si une menace immédiate pour la vie d'une personne est identifiée, sans nécessiter de décision de justice. Jusqu'à présent, Telegram affirmait qu'elle ne partagerait de telles informations que si une décision judiciaire déclarait un utilisateur comme étant suspecté de terrorisme, une situation qui ne s'est pas encore produite.
La révélation intervient après que Telegram a été impliquée dans une controverse similaire en Allemagne l'année dernière, où l'entreprise a partagé des données d'utilisateurs avec la police allemande, notamment dans des cas de maltraitance infantile et de terrorisme. Les équipes de l'application avaient alors sollicité l'avis des utilisateurs allemands sur les circonstances dans lesquelles elles devraient coopérer avec les autorités.
La police néerlandaise a désormais la possibilité d'effectuer ce que l'on appelle des « demandes de divulgation urgentes » aux utilisateurs de Telegram en cas de menace imminente pour la vie. Une option qui n'était pas clairement mentionnée sur le site web de la plateforme de messagerie.
La crainte de dérives
Le flou quant à la fréquence à laquelle il est possible que de telles demandes émanent de la police demeure. La porte-parole de la police néerlandaise, Luna van Heerwaarden, a déclaré que « nous ne suivons tout simplement pas cela », en soulignant la quantité de données collectées quotidiennement par les forces de l'ordre. L'année dernière, la police allemande a effectué des demandes similaires dans 230 cas.
Telegram a accueilli cette demande à 60 reprises, et la messagerie a fini par transférer les données en sa possession dans 25 de ces cas. Il s'agissait principalement d'utilisateurs suspectés de maltraitance infantile ou de terrorisme.
Cette révélation met en tout cas en lumière les enjeux croissants de la protection de la vie privée dans un environnement numérique de plus en plus surveillé, où les applications de messagerie sont devenues un terrain de jeu pour les autorités et les entreprises en quête de données sensibles. Et surtout, la crainte de dérive pour des opérations mineures ou futiles ne devrait être que plus forte, à l'heure où les médias sociaux sont de plus en plus régulés.
- Fonctions sociales
- Nombreuses options de personnalisation
- Les appels vidéo à 30 intervenants
Sources : BNR, Security.nl