Ariane 6 devant son portique mobile, lors des derniers essais de nuit. © ESA/CNES/Arianegroup/CSG/S.Martin
Ariane 6 devant son portique mobile, lors des derniers essais de nuit. © ESA/CNES/Arianegroup/CSG/S.Martin

Ce 23 novembre à 21 h 30 (Paris), Ariane 6 devrait allumer son unique et puissant moteur Vulcain 2.1 sur son site de lancement à Kourou. Pas question de décoller, mais c'est une simulation complète de presque 8 minutes moteur hurlant. Le plus difficile des tests des essais combinés, et le plus attendu avant 2024…

Certes, la saga Ariane 6 n'en finit plus et le premier décollage, un temps annoncé pour 2020, n'aura pas lieu avant l'année prochaine. Mais si les instances officielles et Arianegroup refusent de donner pour l'instant une date au décollage inaugural, c'est qu'il reste le test le plus important de toute la (longue) campagne des essais combinés… Une mise à feu de pratiquement 8 minutes sur le site de lancement, l'ELA-4, au Centre Spatial Guyanais.

Depuis des mois, les équipes préparent ce véritable déluge de feu, qui devrait avoir lieu jeudi 23 novembre à 21 h 30. Initialement, il n'était pas prévu de le diffuser, mais l'agence spatiale européenne a finalement cédé : l'allumage sera visible en direct sur la Web TV, avec une émission spéciale dès 21 h 10.

Une longue et douce flamme

Sur le papier, le test s'annonce intéressant. Après un compte à rebours dans les mêmes conditions que pour une campagne de vol, Ariane 6 allumera son moteur Vulcain 2.1, qui va monter en puissance et rester allumé durant 7 minutes et 50 secondes, avec quelques variations de poussée correspondant, elles aussi, aux mêmes caractéristiques que pour un vol vers l'orbite terrestre.

Un allumage très long, avec la fusée fixée au sol et des moyens importants mis en œuvre (en particulier sur le système de déluge) pour éviter tout dégât sur le lanceur et sur les infrastructures toutes neuves. 7 minutes 50 de barbecue à l'hydrogène sous la table de tir, c'est beaucoup, et c'est justement cette configuration particulière à laquelle se sont préparées les équipes. Il s'agit cependant du test le plus représentatif d'un vol qu'il soit encore possible de mener… Pour aller plus loin, il faut décoller.

Ariane 6 ne décollera pas avant 2024. Mais quand ? Tout dépend de ce test... © Airbus DS
Ariane 6 ne décollera pas avant 2024. Mais quand ? Tout dépend de ce test... © Airbus DS

Un droit à l'erreur ?

Il faudra néanmoins espérer pour l'avenir du fleuron européen que cet essai diffusé en direct soit d'un ennui palpable. En effet, passé les premières secondes, il ne faudra rien souhaiter de spectaculaire : regarder le moteur avec sa flamme orangée et bleutée sera à peu près aussi passionnant qu'observer cuire une fournée de cookies. En tout cas, c'est ce qu'il faut souhaiter aux Européens !

Si ce test (que les Américains appellent un « green run ») échoue, alors il faudra modifier, corriger, ré-assembler et… retester, ce qui peut prendre des mois, voire plus en cas de véritable spectacle pyrotechnique. Un retard supplémentaire que personne ne souhaite dans l'industrie des lanceurs européens, toujours en pleine crise. Pourtant, à la fin du compte, il ne faut pas oublier que ce test, comme ceux avant lui, est bien là pour repérer d'éventuelles erreurs et éviter un crash futur.

Réponse jeudi soir, à 21 h 38 ici… si tout se passe comme prévu.

Source : ESA