La troisième mission privée Axiom va décoller depuis le Centre Spatial Kennedy ce soir. À bord, quatre astronautes, qui vont rejoindre pour deux semaines la Station Spatiale Internationale. L'entreprise vante un premier équipage « entièrement européen », même si ce n'est pas si simple. Tour d'horizon.
Tout d'abord, vous ne connaissez peut-être pas les missions orbitales privées d'Axiom Space. L'entreprise est encore une jeune pousse, fondée en 2016 par l'ancien responsable de la NASA s'occupant de l'ISS. Avec l'essor des capsules privées, Michael Suffredini a réussi à monter un nouveau business, et le succès est au rendez-vous. L'agence américaine a ainsi accepté de recevoir périodiquement des visiteurs, lorsque l'agenda permet une à deux semaines l'amarrage d'une capsule Crew Dragon de SpaceX.
Les places se vendent vite, et ce n'est pas qu'une affaire de « tourisme spatial », en réalité les clients les plus friands sont les petites agences spatiales, qui n'ont pas les moyens pour des programmes de long terme, ou qui souhaitent envoyer leurs astronautes pour des missions de prestige et/ou avec des expériences précises. Pour obtenir l'accord de la NASA, Axiom impose un astronaute accompagnateur par mission, lequel ou laquelle doit déjà avoir de l'expérience au sein de l'ISS.
Un équipage étonnant
Pour cette troisième mission Axiom après celles de 2022 et 2023, Axiom Space a assemblé un équipage assez unique. L'entreprise évoque même « la première mission entièrement européenne ». Alors sur ce point, il y aura débat. D'abord parce que le commandant d'Axiom 3, Michael Lopez Alegria, a bien une double nationalité américaine et espagnole (il est né à Madrid, son père est espagnol), mais jusqu'ici c'est bien avec le drapeau américain sur l'épaule qu'il est allé en orbite.
Il dispose d'ailleurs d'une expérience hors du commun avec 3 missions en navette STS, une en Soyouz et désormais, deux en Crew Dragon. Il est même le tout premier à voler deux fois dans la capsule de SpaceX, mais sur deux capsules différentes. Autre participant à ce vol, qui relancera sans nul doute l'argument sur qui est européen et qui ne l'est pas, Alper Gezeravci, le premier astronaute de son pays, la Turquie. À noter que sa présence chez Axiom est une victoire diplomatique américaine : avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la Turquie avait un accord pour envoyer son premier voyageur spatial sur Soyouz…
Des européens, mais pas tous de l'ESA
Troisième membre d'équipage, l'italien Walter Villadei qui pilote la capsule Crew Dragon. Ce dernier a également un statut à part, puisqu'il est astronaute italien, mais pas de l'ESA. Formé par son pays aux frais de l'agence nationale (l'ASI), il a d'ailleurs une expérience unique en plus de ses collègues, ayant à son actif un vol parabolique avec Virgin Galactic à plus de 80 km d'altitude réalisé en 2023.
Enfin, la capsule Crew Dragon hébergera l'astronaute suédois Marcus Wandt. Il est le seul européen du lot à être de l'ESA, et il est le premier astronaute de la nouvelle promotion 2022 à voler, en tant que spécialiste (et non astronaute de carrière) pour la mission Muninn. Notons tout de même que sa participation pour ce vol Axiom-3 a été largement poussée par l'agence spatiale suédoise, aidée par le secteur privé national.
Une mission courte et du prestige
Avec ces 4 participants bien particuliers, la capsule Crew Dragon devrait décoller ce 18 janvier à 22 h 49 (Paris) avec Falcon 9. Il ne leur faudra qu'une petite dizaine de minutes pour se rendre en orbite (le premier étage de la fusée, lui, revient se poser à terre) après quoi il leur faudra environ 36 heures pour rejoindre la Station Spatiale Internationale. Ils y seront accueillis par un autre européen de l'ESA, le danois Andreas Mogensen, qui dirige actuellement la station orbitale, et entameront leur mission de deux semaines.
Leurs tâches seront réparties entre des expériences scientifiques, de la communication en particulier avec des jeunes de leurs pays respectifs, ainsi que de l'activité physique et médicale. Leur retour est pour l'instant prévu le 2 février. Quant au nombre d'Européens dans l'espace, c'est un record. Mais alors, 3, 4, 5 européens ? Chacun fera son compte, comme d'habitude, mais pour une fois il y en aura plus que des Américains, des Russes ou des Chinois.