À la tête d'Impulse Space, Tom Mueller a présenté un nouveau véhicule orbital de transport, véritable étage supérieur à longue durée de vie, pour envoyer des satellites sur des trajectoires précises et exigeantes. Un service avec de la suite dans les idées : l'étage Helios rentre justement sous la coiffe des fusées de SpaceX !
Si vous ne connaissez pas Tom Mueller, vous avez peut-être raté l'une des personnalités clés du spatial de ces 20 dernières années. En effet, il fait partie des tout premiers employés de SpaceX dès la formation de l'entreprise en 2002 et il fut l'ingénieur à l'origine du désormais célèbre moteur de Falcon 1 puis Falcon 9 et Falcon Heavy, le Merlin. Depuis 2020, Tom Mueller a quitté l'ogre de Los Angeles, mais sans animosité, afin d'aller vivre sa propre aventure entrepreneuriale : il dirige Impulse Space, qui s'est spécialisée dans le transport orbital. Or pour l'instant, ces services sont plutôt célèbres en orbite basse, et constituent le cœur de marché de plusieurs entreprises (comme les Italiens de D-Orbit ou les Américains de Momentus).
Les véhicules de transport décollent lors de lancements partagés avec des fois des dizaines d'autres satellites, puis conduisent leurs passagers sur une orbite spécifique avant de les éjecter dans une séquence qui peut s'étaler sur plusieurs semaines. Impulse Space propose déjà ce type de contrats avec son premier véhicule, Mira. Et pour une start-up qui n'a pas quatre ans, avoir un satellite de transport spatial qui fonctionne, c'est rare ! Tom Mueller voudrait cependant passer à l'échelle au-dessus avec un véritable étage cargo : Helios.
Un Helios à tout faire
Propulsé par un unique moteur fonctionnant au méthane et à l'oxygène liquide appelé « Deneb », Helios a l'ambition de devenir un étage supérieur adaptable à plusieurs fusées, en particulier à celles qui sont aujourd'hui optimisées pour l'orbite basse. Et notamment Falcon 9 : ce n'est pas un hasard si Helios a pile les dimensions pour entrer dans sa coiffe ! Il se trouve qu'aujourd'hui, Falcon 9 et Heavy ont des architectures qui sont, malgré la capacité à pouvoir rallumer leur moteur, peu optimisées pour les orbites dites « à haute énergie ». Il faut donc que le satellite dispose de ses propres moyens de manœuvre, par exemple pour rejoindre l'orbite géostationnaire.
Or ce n'est pas anodin en matière de coûts, soit il lui faut un gros réservoir central et des propulseurs qui ne serviront plus une fois en orbite géostationnaire, soit il a besoin de propulsion électrique ionique, très efficace mais coûteuse en ressource (le Xénon, majoritaire dans le secteur, vaut cher au kilo). Impulse Space annonce que Helios pourrait emmener un satellite de 4 tonnes en orbite géostationnaire directe via Falcon 9, 5 tonnes avec une fusée Terran-R de Relativity Space, etc.
Il faut regarder un peu plus loin
En soi, cette proposition d'étage manœuvrant efficace et à longue durée de vie n'est pas 100 % originale : la Russie dispose par exemple de son étage Fregat qui fait peu ou prou la même chose avec d'autres ergols. Mais Helios est un peu plus prometteur, car il y a 2 éléments qui font pour l'instant partie de l'arrière-plan. Le premier, c'est ce moteur, le Deneb. Quand l'équipe de Tom Mueller fabrique un moteur, il vaut mieux y prêter attention. Le Deneb a vocation à devenir un moteur-fusée adapté au vide, très efficace et beaucoup moins cher que l'existant, qui existe depuis 40 ans, mais domine toujours ce secteur côté américain, le RL-10 d'Aerojet Rocketdyne qui propulse les étages Centaur ou le SLS (comptez un chèque à 7 chiffres l'unité, sans l'étage qui va avec).
Deuxième élément, c'est qu'Helios est prévu comme une plateforme évolutive, avec en particulier à l'avenir, la capacité de remplir ses deux réservoirs d'oxygène et de méthane. Or vous connaissez un véhicule qui va en orbite et qui a des capacités à transférer ces deux ergols, c'est bien entendu le Starship. Là où va SpaceX, Tom Mueller n'est pas loin… Et il est en embuscade pour proposer des services optimisés.
Source : Ars Technica