Vue d'artiste de l'orbiteur EnVision au-dessus de Vénus. © ESA/VR2PLANETS/Damia Bouic
Vue d'artiste de l'orbiteur EnVision au-dessus de Vénus. © ESA/VR2PLANETS/Damia Bouic

La mission va passer au concret, après plus de deux années à définir les détails de cet orbiteur qui va lever le voile sur les processus internes de Vénus. Volcanisme, cartographie, exploration sous la surface, il y a encore beaucoup à comprendre de la planète-enfer et de son passé.

C'était il y a deux ans et demi, en juin 2021, que l'agence spatiale européenne avait choisi sa nouvelle mission autour de Venus, EnVision. Depuis, l'équipe chargée du projet a mobilisé différents groupes scientifiques, a défini exactement le rôle des différentes agences et les propriétés de chaque instrument qui sera embarqué, pour que le dossier soit solide. Maintenant que l'ESA a donné son feu vert et « adopté » EnVision, les industriels vont entrer en jeu grâce à des appels d'offres, pour construire ce nouvel orbiteur puis le tester au maximum avant son départ pour notre voisine du Système solaire, prévu en 2031. Une mission qui ne sera pas de tout repos, même pour son arrivée en orbite ! En effet, EnVision devrait utiliser la méthode très précise de l'aérobraking, qui consistera à se freiner grâce aux couches les plus hautes de l'atmosphère très dense de Vénus. Méthode risquée, mais qui permet d'économiser beaucoup de carburant, et surtout que l'ESA est la seule à avoir déjà testé autour de Vénus avec sa mission précédente, Venus Express.

Vénus d'accord, mais comment ?

Pour son objectif scientifique, sa raison d'être, EnVision cherche à répondre à une question : quand et comment Vénus est-elle devenue aussi inhospitalière ? Avec sa température de surface de 464°C en moyenne, c'est une pyrolyse tous les jours (et un jour dure 355 jours terrestres sur place...), le tout avec une atmosphère particulièrement dense au niveau du sol (90 bars) et des nuages à haute teneur en acide sulfurique. Pourtant, sur le papier, Vénus est en quelque sorte une voisine de la Terre, avec une masse et une taille comparable. Ainsi, EnVision devra révéler comment les volcans, la tectonique des plaques et les astéroïdes ont rendu cette planète telle qu'elle est, et si elle est encore géologiquement active.

Les grands objectifs scientifiques de la mission EnVision © ESA
Les grands objectifs scientifiques de la mission EnVision © ESA

Des instruments de précision

EnVision disposera de plusieurs instruments majeurs. Elle observera les roches et les massifs volcaniques avec une série de spectromètres particuliers conçus pour traverser l'atmosphère, nommés VenSpec. EnVision cartographiera la surface grâce à un grand radar à synthèse d'ouverture, fourni par la NASA et capable de relevés 10 fois plus précis que ceux de la mission Magellan (VenSar) et disposera d'un autre radar, cette fois italien et adapté aux observations sous la surface nommé SRS. De quoi détecter d'éventuels anciens cours d'eau, des poches de matériaux sous la surface ou même des réserves magmatiques. Enfin, la mission embarquera une « classique » expérience sur la gravité de la planète Vénus en utilisant les variations des données radio lors des échanges avec la Terre, qui devrait apporter son lot de découvertes sur la structure interne profonde et le noyau de la planète.

Avec plus de 2,6 tonnes sur la balance, ce sera une mission d'envergure, qui est déjà envisagée comme une collaboration avec la NASA, non seulement via l'instrument radar, mais aussi avec des échanges de données scientifiques privilégiés et coordonnés avec les futurs véhicules de l'agence américaine, qui prépare deux missions (DAVINCI et VERITAS) vers la planète-enfer. Même s'il se murmure qu'avec des soucis de budgets, la NASA pourrait supprimer l'une des deux...

Source : Esa