Le 4 février, les Parisiens devront se prononcer pour ou contre la hausse du tarif de stationnement des SUV (extra-muros !). En faveur du oui, l'Agence internationale de l'énergie dénonce la consommation en CO2 excessive de ces véhicules. Sauf qu'une analyse approfondie des données réelles sur leur consommation et leurs émissions de CO2 révèle une réalité plus nuancée.
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) et diverses organisations écologistes ont récemment mis en lumière l'impact environnemental des SUV, soulignant leur consommation et leurs émissions de CO2 supérieures de 20 %. Cependant, des études détaillées menées par l'IFPEN et analysées par l'Automobile Magazine offrent une perspective différente, remettant en question certaines affirmations courantes sur ces véhicules populaires.
Selon l'AIE, les SUV ont représenté près de la moitié des ventes de voitures neuves dans le monde en 2023, avec une augmentation notable des émissions de CO2 due à leur poids et conception. Cependant, cette vue générale mérite une analyse plus fine pour comprendre la réalité derrière ces chiffres.
Une étude partisane qui fait des généralités
Une étude de l'IFPEN, analysée par L'Automobile Magazine, a examiné 22
véhicules, y compris des SUV, en matière de respect des normes d'émissions polluantes. Contrairement à l'idée reçue que les SUV polluent significativement plus, l'étude a révélé que les SUV respectent les normes d'émissions en usage réel. De plus, la surconsommation moyenne de carburant par rapport aux berlines est de 9,4 %, inférieure aux 20 % souvent cités.
Pour les SUV compacts, l'analyse révèle une surconsommation moyenne de 8 % par rapport aux modèles standards. Cette donnée est cruciale, car elle démontre que, bien que les SUV consomment plus que les berlines, l'écart n'est pas aussi important que l'affirment certaines sources.
L'affirmation de l'AIE selon laquelle les SUV émettent 20 % de CO2 de plus en moyenne que les berlines semble être une généralisation. Les études de l'IFPEN et de L'Automobile Magazine (réalisées selon un protocole sous certification ISO 9001) suggèrent que cet écart est en réalité plus modeste.
Moins aérodynamiques les SUV ? Faux, chiffres à l'appui
Toujours selon l'Agence internationale de l'énergie et l'ONG Transport & Environnement, les SUV sont plus lourds et moins aérodynamiques que les berlines, ce qui entraîne une surconsommation d'énergie. Cependant, les études de l'IFPEN et de L'Automobile Magazine montrent que les constructeurs ont fait des progrès significatifs dans la réduction du poids et l'amélioration de l'aérodynamisme des SUV. Ces efforts ont conduit à une réduction de la surconsommation et des émissions de CO2.
D'ailleurs, et pour souligner à quel point certains discours politiques n'ont pas d'autres sciences que celle de leur électorat, le gros SUV électrique Kia EV9 a un Cx de seulement 0,28 ! Pour vous situer ce chiffre c'est mieux qu'une Honda Accord (0,29), qu'une Alfa 164 (0,30) qu'une Peugeot 206 (0,33) et même qu'une Lamborghini Murcielago (0,33) et une Ferrari Modena (0,34) ! Surprenant, n'est-ce pas ? Et pourtant l’ingénierie est passée par là et sait désormais comment allier espace de vie et de confort avec un faible coefficient de pénétration dans l'air, ce qu'au premier abord, la forme des SUV ne laisse pas présager. Et ces données se vérifient avec la plupart des SUV modernes qui affichent majoritairement des aérodynamiques très étudiées qui favorisent la consommation.
Le Renault Austral E-Tech qui affiche une motorisation hybride de 200 ch se révèle en réalité sobre à l'usage avec une consommation mixte mesurée de 5,9 l et même de 4,9 l en ville ! Une Dacia Sandero TCe 90 demande 6,3 l/100 km en ville et 6,6 l/100 km en mixte ! Un autre chiffre amusant est celui du diamètre de braquage puisque les SUV sont aussi accusés de susciter des inquiétudes sur le « bien-être des citoyens, leur sécurité et leur confort ». Ainsi, l'Austral offre un rayon de braquage avec la technologie 4 control, de 10,1 m contre… 10,4 m pour une Clio ! Cherchez l'erreur !
Proche de la mauvaise fois, l'étude de l'AIE, soutenue par T&E révèle que « Dans un rapport publié le 22 janvier, l'ONG relève que la largeur moyenne des nouvelles voitures en Europe atteint 180,3 cm au premier semestre 2023, contre 177,8 cm en 2018.
« L'élargissement est particulièrement marqué pour ce type de 4x4 urbains : en seulement six ans, le Land Rover Defender a grandi de 20,6 cm et le BMW X5 de 6 cm », peut-on lire. Mais de quel véhicule parle-t-on ici ? L'un comme l'autre sont des SUV premium et sont des épiphénomènes dans les ventes globales, et plus encore ils n'ont strictement rien d'un 4x4 urbain, tel que les nomme l'Agence.
Enfin, comme nous le rappelions dernièrement, la décision de la mairie de Paris de tripler les tarifs de stationnement pour les SUV (pour les non-résidents) en raison de leur non-conformité aux normes écologiques actuelles pose véritablement question. Cette mesure affecterait les véhicules les plus lourds, à partir de 1,6 tonne pour les modèles thermiques et hybrides rechargeables, et 2 tonnes pour les électriques.
Mais l'argument selon lequel ces véhicules occupent plus d'espace public est discutable. Non seulement ils n'ont pas une empreinte au sol plus grande que celle des berlines équivalentes ou des breaks dont ils sont la simple déclinaison surélevée, mais en plus, la hausse du poids (on ne parle pas ici du poids des batteries des électriques qui, lui, est un problème, mais nous n'en sommes qu'au début de l'ère de l'électrification) de ces véhicules est en majorité due à l'intégration d'éléments de confort et de sécurité. Éléments de plus en plus nécessaires à l'obtention des 5 étoiles au crash-test Euro NCAP.
Pour finir et pour rappel encore, les SUV qui représentent 48 % des immatriculations sont surtout populaires auprès des familles qui avant roulaient en monospaces, urbains, compacts ou familiale. Là encore, L'AIE ou la Mairie de Paris aurait-elle eu idée de les taxer auparavant ?
Les SUV répondent à une demande croissante des consommateurs pour des
véhicules plus spacieux, plus sûrs et plus polyvalents. Plutôt que de diaboliser les SUV, une approche plus équilibrée consisterait à encourager l'innovation et l'amélioration continue de leur efficacité énergétique.
Encourager les consommateurs à opter pour des motorisations électriques ou hybrides, à condition qu'elles répondent à des usages généraux, pourrait être une stratégie plus efficace pour réduire les émissions globales de CO2. Au lieu de cela, certains ne jurent que par la sanction et la punition. Ou les contre-vérités.