Les années passent, et l'activité ne décolle pas au Nouveau-Mexique. Virgin Galactic va même ralentir puis cesser un temps ses vols touristiques, tandis que les autres start-up sont absentes. Les autorités blâment une réglementation trop restrictive... En attendant, ce bijou reste la plupart du temps désert.
C'était le premier des « spatioports privés » du monde, pourtant construit grâce à d'importants investissements publics (plus de 220 millions de dollars) répartis entre l'état du Nouveau-Mexique et la région. Mais sur le Spaceport America qui compte en tout, y compris les contrats ponctuels, jusqu'à 811 emplois, il y a bien peu d'activité. En 2022, les six sociétés qui louent des espaces sur place, en incluant la plus importante, Virgin Galactic, ont généré 7,5 millions de dollars de revenus. Ce à quoi le Nouveau-Mexique ajoute à nouveau entre 5 et 10 millions chaque année, pour soutenir l'activité... En réalité, le fameux « boom » du tourisme spatial suborbital n'est pas venu, et la promesse semble s'éloigner d'année en année. Il y avait bien un espoir en 2023 avec les six campagnes de vol de l'avion-fusée VSS Unity, mais l'activité va décliner.
Virgin Ralentic
En effet, pour Virgin Galactic, l'accueil des touristes, leur vol jusqu'à plus de 80 km d'altitude puis leur retour au sol, champagne à la clé, ne génère que très peu de revenus et l'entreprise a perdu jusqu'à 100 millions de dollars par trimestre. Le vaillant avion-fusée VSS Unity devrait ainsi voler encore deux fois avant de prendre sa retraite d'ici l'été 2024, le temps pour Virgin Galactic d'assembler puis de tester une nouvelle génération d'appareils.
Ce développement n'est pas mené au Spaceport America, mais en Californie, à Mojave. L'accueil luxueux, le lounge et ses fauteuils profonds risquent de prendre la poussière, autant que ses hangars. Et parmi les autres entreprises présentes sur le Spaceport, certaines ne se portent pas forcément mieux. SpinLaunch y avait assemblé son premier démonstrateur de « centrifugeuse spatiale », mais l'entreprise ne communique plus ou presque depuis environ 18 mois. Dans le secteur, ce n'est pas de très bon augure.
Peut-être encore une décennie et ça décolle ?
Selon les autorités et les responsables, plutôt que de tourner la page, il serait bon de renforcer les aides et les investissements, afin de garder les emplois et même de générer des filières de formation. L'administration cherche à attirer de nouveaux acteurs dans la région, en particulier le « NewSpace » et ses lanceurs. Mais le désert qui entoure le Spaceport America ne garantit pas aujourd'hui des couloirs de vols suffisants face aux risques de chutes de débris en cas de problème : c'est la raison majeure pour laquelle la quasi-intégralité des vols orbitaux américains a lieu depuis des installations au bord de l'Océan.
Face à cela, ils tentent même de faire changer la loi, pour autoriser éventuellement les entreprises les plus fiables à s'affranchir de certaines obligations. Cela suffira-t-il pour assurer la pérennité du spatioport du Nouveau-Mexique ?