Bientôt 6 mois se sont écoulés depuis l'accident d'une capsule New Shepard… et 18 mois depuis le dernier vol de l'avion fusée VSS Unity ! Que se passe-t-il chez Blue et Virgin, qui voulaient prendre les rênes de ce segment prometteur et de ses milliers de touristes ? La réalité technique est plus difficile.
Ce n'est pas beaucoup plus facile d'aller en orbite…
Après le crash…
Avec 18 passagers transportés en 2022, Blue Origin semblait en route pour proposer une année record et s'installer durablement en tête du marché prometteur du tourisme suborbital, ces voyages de quelques minutes jusqu'à la frontière de l'espace. L'entreprise annonçait même jusqu'à 15 réutilisations de ses fusées New Shepard avant entretien majeur tandis que de nouveaux vols spécifiques étaient en préparation, avec des places vendues aux enchères pour des œuvres caritatives, un premier vol entièrement féminin…
Mais en septembre dernier, avec l'échec du vol NS-23 générant l'éjection de la capsule New Shepard, ces plans ont été mis en pause. NS-23 était un vol non habité, et s'il l'avait été, Blue Origin affirme que l'équipage aurait été sauvé sans problème majeur. Toutefois, l'autorité américaine de l'aviation (la FAA) a pris part à l'enquête sur cet accident, dont le dossier devait être réglé en quelques mois. Malgré tout, depuis, silence radio : les semaines passent, et Blue Origin n'a pas annoncé de nouveau vol de New Shepard.
La firme fondée par Jeff Bezos a toujours été silencieuse, mais elle a aussi de grandes ambitions pour le secteur spatial en général (moteurs, lanceurs, stations, atterrisseurs lunaires), comme pour le tourisme suborbital en particulier. Ces 5 mois de silence ne sont pas de très bon augure, et l'entreprise ne peut pas se permettre de reprendre les vols comme si de rien n'était. Il faudra montrer qu'elle a tiré des leçons du crash de septembre dernier. Peut-être faudra-t-il aussi mettre en service un nouveau booster avec une nouvelle capsule, ou mettre en avant de nouvelles capacités. Le début d'année (et peut-être même le premier trimestre) sera probablement très calme, mais il serait étonnant que Blue Origin cesse ses activités touristiques.
L'avion le plus sûr est celui qui ne vole pas
Côté Virgin Galactic, ce « trou d'air » chez son concurrent aurait permis de reprendre la couronne des vols touristiques à Blue Origin… si seulement l'avion-fusée de la firme était capable de voler. Malheureusement, l'entreprise située à Mojave et au Spaceport America n'a pas volé depuis juillet 2021 et la fameuse expérience suborbitale du fondateur de l'entreprise, le milliardaire Richard Branson.
D'abord empêtrée dans une enquête administrative (l'avion avait dépassé la zone de vol prévue), Virgin Galactic avait ensuite démarré une longue période de maintenance et d'amélioration, pour l'avion-fusée VSS Unity, mais aussi et surtout pour son porteur qui l'emmène à 12,5 kilomètres d'altitude, le VMS Eve. Ces travaux devaient durer 6 mois, puis un an… Eve a fait une apparition ce 4 février pour de premiers « Taxi Tests » sur la piste de l'aéroport de Mojave. Il lui faudra encore au minimum plusieurs semaines avant de rejoindre le Spaceport America et de reprendre les paraboles avec le petit avion-fusée.
Virgin Galactic continue d'évoquer le deuxième trimestre pour son entrée en lice sur le marché commercial, même si de nombreux observateurs pointent des incohérences sur ce calendrier, compte tenu des différentes campagnes de vol qui ont eu lieu ces dernières années à des échéances très espacées. Malgré tout, si l'entreprise tient ses promesses d'augmentation des vols et du rythme (rien n'est moins sûr), elle pourrait bien jouer dans la même cour que Blue Origin en 2023.
Direction l'orbite ?
Pour ces derniers, les options sont limitées. Sans Blue Origin et Virgin Galactic disponibles aujourd'hui, il n'y a plus qu'à patienter. Côté orbital, le paysage est tout aussi bouché. Les sièges disponibles sont avant tout distribués aux agences ou à des partenariats avec des nations.
La capsule Crew Dragon de SpaceX devrait voler d'ici avril ou mai pour l'opérateur privé Axiom Space, mais avec un seul « touriste » et deux astronautes saoudiens, tandis que le milliardaire Jared Isaacman a réservé un vol spécifique pour son programme spatial privé avec l'entreprise d'Elon Musk. Bref, si vous comptiez signer un gros chèque et aller jusqu'à la frontière de l'espace ou en orbite cette année, il va vous falloir, comme toujours, beaucoup de patience.
Source : ArsTechnica