Depuis jeudi dernier, les employés de Virgin Orbit sont renvoyés chez eux, en attente de leur sort. L'entreprise, devenue célèbre pour sa méthode de largage de fusées orbitales avec un Boeing 747 modifié, n'a plus d'argent. Un signal important, que de nombreux acteurs du secteur du NewSpace vont regarder de près.
Atteindre l'orbite ne fait pas tout…
Mise à jour du 31 mars : Après 15 jours de négociations, l'entreprise n'a pas trouvé de repreneur ni réussi à lever des fonds suffisants. 675 employés ont été licenciés tandis que la direction espère encore sauver l'entreprise et ses principaux atouts. Peut-être par un rachat, probablement plus grâce à une faillite sous le régime américain du « Chapitre 11 », qui gèle les activités le temps d'une reprise et d'un plan d'investissement.
Virgin portefeuille
C'était une rumeur qui courait depuis plusieurs mois : Virgin Orbit a un gros problème de fonds. L'arithmétique est relativement simple, dans une année comme 2022, l'entreprise installée à Long Beach a dépensé pratiquement 200 millions de dollars, avec moins de 30 millions de dollars de revenus. De quoi drainer les comptes rapidement, d'autant que l'entrée en Bourse en 2021 n'a pas apporté la manne espérée (228 millions au lieu de 483 attendus) pour espérer tenir plusieurs années et augmenter significativement les lancements, et donc les rentrées d'argent. En ce mois de mars 2023, la situation est devenue intenable.
Depuis jeudi dernier, les 750 employés de Virgin Orbit ont été renvoyés chez eux, au chômage technique : l'entreprise n'est plus capable de les payer. Et comme souvent dans ces situations, le coup d'arrêt est important. Soit un investissement important va avoir lieu (avec ou sans rachat à la clé), soit les dirigeants vont annoncer une mise en faillite. CNBC rapporte que de nombreux employés interrogés ont déjà entamé des recherches d'emploi. La direction, elle, refuserait les offres sous les 200 millions de dollars, sa valeur officielle en bourse (mais qui chute).
Cosmic dette
La situation à moyen terme de Virgin Orbit aurait été complexe même sans ces problèmes de fonds. En effet, en ce mois de janvier, la firme a souffert d'un échec en vol de sa fusée LauncherOne, larguée depuis le 747 modifié de l'entreprise… Alors qu'il avait pour la toute première fois décollé depuis l'Angleterre. Un problème lié à un filtre dans les lignes d'apport de carburant sur le deuxième étage.
« Space is hard », la formule est sans cesse renouvelée, mais elle ne dit pas tout : pour espérer réussir et dépasser le statut de start-up prometteuse, il faut non seulement atteindre l'orbite, mais le faire très régulièrement, à bas prix et avec une méthode qui donne confiance aux investisseurs. Avec un maximum de 2 lancements en 2021 et 2 en 2022, la cadence attendue et les promesses de « vol rapide à la demande » n'ont pu être tenues pour Virgin Orbit. D'autant qu'à environ 12 millions de dollars pièce, la fusée LauncherOne n'est pas la moins chère sur le marché.
Décollage (des investisseurs)
De nombreux autres acteurs du NewSpace américain observent la situation de Virgin Orbit avec attention (rachat ou faillite), car la leur n'est pas nécessairement meilleure. C'est le cas d'Astra, par exemple, qui a abandonné l'année dernière les travaux avec sa fusée Rocket 3, cette dernière n'étant pas assez fiable. Une partie du personnel a déjà été renvoyée le temps que les travaux préparatoires de Rocket 4 soient terminés… Globalement, aucun acteur public ou privé de ce secteur des petits lanceurs (Rocket Lab, Firefly, Relativity Space, ABL Space, Virgin Orbit, Astra et d'autres) n'a encore pu atteindre la tant attendue rentabilité. Rocket Lab y est presque, en grande partie grâce à ses investissements et rachats d'entreprises innovantes pour des composants de satellites et des panneaux solaires… Et ce malgré 9 lancements l'an dernier !
Les prix bas, la concurrence entre acteurs et le succès des vols groupés à prix plancher de SpaceX font mal au portefeuille. Plusieurs acteurs attendent des regroupements, des rachats et faillites dans le secteur, aux États-Unis surtout.
Source : CNBC