Le nouveau satellite PACE (Plankton, Aerosol, Cloud and ocean Ecosystem) est prêt à décoller ! Une mission importante pour mieux comprendre les océans et leur condition au jour le jour via l'étude de son spectre lumineux, celui des masses d'air atmosphériques et des nuages. Un bijou à près d'un milliard de dollars...
Pour les équipes scientifiques qui attendent ce moment depuis plus de 10 ans, le décollage du satellite PACE est une période de stress importante. Prévu ce 6 février, il est reporté de 24 heures à cause de conditions météorologiques défavorables en Floride, d'où SpaceX fait décoller sa fusée Falcon 9. Sous la coiffe, PACE est dans les starting-blocks. Il devrait atteindre, quelques heures après son tir, une orbite polaire à 676 km d'altitude et 96° d'inclinaison... Et ce n'était pas gagné : à plusieurs reprises, les politiciens ont tenté d'annuler ou de reporter la mission PACE pour faire des économies ces dernières années. Pourtant, malgré son coût qui avoisine les 948 millions de dollars tout compris, il a pu rejoindre le site de lancement. Sa mission est prévue pour 3 ans, mais il embarque assez de carburant pour poursuivre ses mesures une décennie, si tout va bien.
PACE (and love), ce qu'il contient
PACE embarque trois instruments, dont le principal est l'OCI pour Ocean Color Instrument, un spectromètre optique avec une précision sans commune mesure avec les capteurs spatiaux précédents. De quoi enregistrer et détecter d'infimes variations sur la surface des océans, ce qui donne énormément d'informations sur la composition et la santé de cet écosystème.
En particulier, OCI permet de suivre l'évolution des types de phytoplanctons. « Ce sont des éléments importants du cycle du carbone, ils sont incroyablement importants à suivre à moyen terme. Mais il y a aussi des observations à court terme, comme l'impact pour les pêches et les zones côtières, dont les plages. Environ 60% de la population mondiale vit à moins de 100 km de l'océan, donc on ne le voit pas chaque jour, mais cet écosystème touche nos vies ! » explique James Werdell, le responsable scientifique de la mission. Les deux autres instruments de PACE sont le spectro-polarimètre SPEXone (spécialisé dans la caractérisation des aérosols dans la basse atmosphère) et le polarimètre HARP2, qui observera lui aussi les aérosols, mais en particulier ceux qui entrent en compte dans la formation des nuages.
Un des nouveaux outils d'observation terrestre
Les instruments OCI et HARP2 sont des instruments avec une très large fauchée (leur champ de vue), ce qui leur permettra depuis presque 700 km d'altitude de couvrir l'ensemble des océans chaque jour. Particulièrement important pour le phytoplancton, explique J. Werdell, puisque ce dernier se déplace et évolue en 24 heures, en particulier près des côtes où l'influence des conditions météorologiques et géographiques est forte. SPEXone est pour sa part un « zoom » qui observera des zones bien plus restreintes, mais à haute résolution pour comprendre la dynamique des aérosols. Il faudra environ 30 jours pour qu'il couvre l'ensemble du globe.
PACE devrait commencer sa campagne scientifique au mois d'avril, 60 jours après son décollage. Et bonne nouvelle pour les laboratoires du monde entier, les données seront disponibles en libre accès. Les responsables de la NASA espèrent en faire un outil supplémentaire à destination des décideurs et politiciens. PACE fait ainsi partie d'une nouvelle génération de satellites scientifiques expérimentaux, avec par exemple Aeolus (ESA) ou SWOT (NASA/CNES).
Source : SpaceFlight Now