Vue d'artiste du satellite SWOT en orbite. Notez le grand mât central de 10 mètres de long qu'entourent les antennes de KaRIN. Crédits CNES
Vue d'artiste du satellite SWOT en orbite. Notez le grand mât central de 10 mètres de long qu'entourent les antennes de KaRIN. Crédits CNES

Ce 16 décembre, l'agence spatiale française et son homologue américaine ont fêté la mise en orbite réussie d'un nouveau fleuron de technologie au service de la mesure des eaux tout autour du globe. Une coopération qui dure depuis plus de 30 ans, cruciale pour mesurer les changements à la surface de la Terre.

C'est aussi un sans faute pour SpaceX.

Un voyage réussi

La tension avait grimpé d'un cran vendredi 16 décembre sur le site spatial de Vandenberg, en Californie. Après plusieurs reports mineurs, le compte à rebours entrait dans ses derniers instants pour le lanceur Falcon 9 et l'unique satellite placé au sein de sa coiffe : SWOT (Surface Water and Ocean Topography). Pour plusieurs scientifiques et ingénieurs, le résultat de pratiquement 15 ans de préparation, de design et de milliers d'heures de travail sur l'instrument KaRIN, unique en son genre. Le décollage a eu lieu à 12 h 46, et environ une heure plus tard, le satellite était effectivement éjecté en orbite : les équipes de SpaceX n'ont pas failli, et, une fois de plus, le déploiement était aussi réussi que l'atterrissage du premier étage du lanceur. Ce dernier s'est posé à terre, à une centaine de mètres de son site de décollage.

Les lacs, les rivières (mais pas les landes de pierre)

À présent en orbite, SWOT a étendu ses panneaux solaires, entamé son trajet pour rejoindre l'orbite exacte à laquelle il va opérer à 891 km d'altitude et 78° d'inclinaison, et étendu le mât central de 10 mètres de long soutenant les deux parties des antennes de KaRIN. Ce dernier est un radar interférométrique à large fauchée en bande Ka : il émet des doubles impulsions vers le sol et reçoit les relevés. En fonction de son altitude exacte (la précision, grâce à plusieurs instruments à bord, est centimétrique) et des différences interférométriques entre les relevés, la mission sera capable de mesurer les hauteurs d'eau avec une très grande précision. De quoi obtenir de nouveaux relevés océaniques plus précis, mais aussi d'aller plus loin qu'auparavant avec des mesures qui concerneront les lacs et les cours d'eau significatifs. Tous les 21 jours, SWOT aura ainsi produit une carte mondiale des niveaux, une véritable petite révolution ! La directrice des activités « science de la Terre » pour la NASA, Karen St Germain, expliquait justement « Sur l'ensemble du globe, on passe de quelques dizaines de milliers de niveaux sur des sites hydrologiques à plusieurs millions ! ».

Le poster du CNES émis à l'occasion de la mission SWOT. Crédits CNES
Le poster du CNES émis à l'occasion de la mission SWOT. Crédits CNES

Main dans la main dans le radar

SWOT est un partenariat franco-américain, issu d'une longue lignée remontant aux années 80 et à la préparation commune entre le CNES et la NASA de la mission Topex-Poseidon. Les satellites Jason, la mission Sentinel 6 - Michael Freilich, l'altimétrie est une longue histoire entre les deux agences. Pour SWOT, les États-Unis sont les contributeurs principaux avec 822 millions de dollars (incluant le lancement), le CNES hissant sa participation à 340 millions d'euros, centrés sur l'instrument KaRIN, l'altimètre DORIS et le centre de contrôle de la mission. Le cœur analogique du radar interférométrique, le RFU développé par le CNES et Thales Alenia Space, est une technologie unique au monde qui a nécessité 500 000 heures de travail et 250 intervenants. La phase initiale de mise en service, la recette en vol, démarre à présent et va durer plusieurs mois. Ensuite, la durée de mission prévue pour SWOT est de trois ans, avec une probable extension à 5 ans ou plus si les instruments et la plateforme de ce satellite de 2 tonnes fonctionnent bien.

Source : https://spaceflightnow.com/2022/12/15/satellite-to-take-pulse-of-earths-water-cycle-ready-for-launch-on-spacex-rocket/