Le géant des télécommunications Altice, maison-mère de SFR, est visé par une enquête du parquet national financier (PNF). L'opérateur, propriété de Patrick Drahi, est soupçonné de corruption.
Altice et son propriétaire surendetté Patrick Drahi sont dans l'oeil du cyclone. Le parquet national financier (PNF) a ouvert une enquête sur l'entreprise française en septembre 2023, a-t-on appris ce week-end, concernant des suspicions de corruption et de blanchiment d'argent. De lourds griefs qui font suite à l'arrestation, l'été dernier, d'un proche collaborateur de Patrick Drahi, Armando Pereira, épinglé au Portugal pour fraude fiscale, corruption et blanchiment d'argent.
Le parquet national financier craint que le groupe Altice se livre à des pratiques de corruption en France
Les investigations révèlent que l'enquête du PNF est d'une certaine ampleur, puisqu'elle englobe l'ensemble des activités d'Altice. Une enquête de trois ans au Portugal, axée sur la corruption, la fraude fiscale et le blanchiment d'argent avait, nous le disions, déjà conduit à la détention d'Armando Pereira, depuis libéré sous caution (contre quelque 10 millions d'euros).
Son avocat, Jean Tamalet, exprime d'ailleurs le désir d'une enquête rapide pour rétablir son honneur. Il appelle à ce que soient étudiés les contrats conclus par Altice en France, pour voir si le groupe a été pénalisé par des pots-de-vin, et qui a pu en bénéficier.
Au Portugal, le groupe présidé par Patrick Drahi est dans le collimateur pour les mêmes infractions, et la justice française a, sans grande surprise, étendu l'enquête sur son territoire ces derniers mois.
23 février 2024 à 10h17
De lourdes répercussions en France et pour le groupe Altice tout entier
Altice, maison-mère de l'opérateur SFR, a refusé de commenter l'affaire. Elle a tout de même déclaré être victime aujourd'hui des actes répréhensibles menés au Portugal. La société a assuré qu'elle collaborerait pleinement avec les autorités judiciaires. Des audits internes ont été réalisés, et des contrats suspendus, après les révélations au Portugal, dont certains fournisseurs collaboraient avec Altice également en France.
L'enquête au Portugal a déjà entraîné des changements majeurs chez Altice. On peut par exemple évoquer le départ du responsable des achats américain et du président d'Altice USA. Une dizaine d'employés ont également quitté l'entreprise. Les procureurs portugais estiment même que des décisions d'achat truquées ont été prises dans le but nuire aux concurrents d'Altice.
Aujourd'hui, pour Patrick Drahi, le constat est simple : son entreprise est endettée à hauteur de 60 milliards d'euros, et cette enquête supplémentaire renforce un peu plus la pression qui pèse sur les épaules du milliardaire. L'issue de cette enquête pourrait avoir des répercussions significatives non seulement sur Altice mais aussi sur l'ensemble de l'industrie des télécommunications, en France et au-delà.
18 novembre 2024 à 15h14
Source : Bloomberg