C'est une opération inédite qui a lieu actuellement en Argentine, où les habitants obtiennent une petite somme contre le scan de leur iris. Et c'est un acteur très très connu de la tech qui est à l'origine de cette opération.
Le Bitcoin, qui bénéficie actuellement de cours très élevés, n'est pas qu'un objet de spéculation dans certains pays, où la monnaie connaît une inflation trop forte. Il est en effet considéré dans certaines nations, comme celles d'Amérique latine, comme un autre moyen de paiement, permettant de ne pas passer par une monnaie nationale dont la valeur se déprécie. Tout le monde a ainsi entendu parler du Salvador de Nayib Bukele et de ses discours pro-Bitcoin. Mais aujourd'hui, la crypto s'invite dans le quotidien d'une autre nation du continent : l'Argentine.
L'iris contre une poignée de dollars
Si vous viviez dans un pays pauvre, où les moyens de gagner de l'argent étaient très limités, vendriez-vous l'empreinte de votre iris pour quelques billets ? C'est la question qui s'est posée aux Argentins, avec l'opération menée par la cryptomonnaie Worldcoin. Cette dernière offre en effet, à toute personne acceptant de scanner son iris face à un appareil de l'entreprise, environ 80 dollars (75 euros) de sa cryptomonnaie WLD.
Et dans un pays qui a vécu une inflation de 211% l'an dernier, et dont la monnaie nationale, le peso, a été dévaluée de 50% en décembre 2023, l'offre est alléchante. Malgré les dangers évidents pour la confidentialité de livrer une donnée biométrique de ce genre à une société privée, les Argentins se ruent sur les 250 stands de Worldcoin disséminés dans le pays. Car sur les 3 millions de personnes qui ont livré leur iris à l'entreprise américaine à travers le monde, 500 000 sont argentines.
Worldcoin, un projet signé Sam Altman
Et quand l'on parle « entreprise américaine », il serait bon de préciser que Worldcoin est un projet crypto lancé en juillet 2023 par le patron d'OpenAI, Sam Altman. Worldcoin a pour ambition de créer une identité numérique unique pour chaque utilisateur, identité stockée dans la blockchain, et qui serait sécurisée par le scan de son iris, image propre à chaque personne.
Des Argentins interrogés par l'AFP expliquent qu'au vu des conditions économiques du pays, l'impératif de survie l'emporte sur les autres considérations, notamment celles portant sur l'utilisation des données personnelle. « Je ne pense pas que les gens ne comprennent rien aux implications, mais plusieurs le font par nécessité » explique ainsi l'analyste de l’agence Salta Agencia, Natalia Zuazo. En comparaison, l'Espagne et le Portugal, où ce genre d'opérations ont aussi été menées, ont dernièrement obligé Worldcoin à suspendre les scans, pendant que les autorités ouvraient une enquête. Le gouvernement argentin pourrait-il à un moment suivre le même chemin ?
01 décembre 2024 à 18h20
Source : Sud Ouest