Murena, connue pour ses téléphones éponymes et les fameux Fairphone, a lancé « /e/OS V2 », nouvelle version de son système d'exploitation. Celle-ci franchit un cap supplémentaire dans la protection des données des utilisateurs.
Chez Murena, on affirme avec fierté sa noble ambition : proposer au public des smartphones qui permettent de protéger les données personnelles des utilisateurs. Pour ce faire, l'acteur français a déployé, pendant VivaTech, une nouvelle version de son /e/OS, qui permet notamment de détecter, en temps réel, tous les traceurs qui laissent peu de la place au respect de la vie privée. Pour accélérer son déploiement, Murena va ouvrir une grande campagne de financement sur la plateforme CrowdCube.
Dans les allées de la Porte de Versailles, et pour bien comprendre la stratégie de Murena, nous avons pu rencontrer Gaël Duval, le fondateur de la e/Foundation, l'organisation derrière les mobiles Murena, Fairphone et le système d'exploitation e/OS. Vie privée, financement, fonctionnalités et intelligence artificielle, tous les sujets ont été mis sur la table.
Murena et e/OS V2, pour un contrôle total des traceurs en temps réel
Portée par le succès du Fairphone 5, à la réparabilité et à la longévité exceptionnelles, Murena propose désormais une V2 de son système d'exploitation maison, que l'on peut installer sur les smartphones Android compatibles et qui s'avère être un concurrent de l'OS mobile de Google. Le mobile Murena 2 que Gaël Duval a pu nous présenter n'envoie aucune donnée, qu'elle soit personnelle ou professionnelle, chez les géants de la Tech.
« Aujourd'hui, on va encore plus loin, car on coupe aussi tous les trackers applicatifs. Sur le smartphone, il y a un sommaire de tous les traceurs coupés », nous dit Gaël Duval. Durant notre rencontre, e/OS V2 a par exemple fait remonter des traceurs de Météo France, 20 Minutes, Le Parisien, Le Figaro et autres, « qui passent leur temps à nous traquer et à envoyer notre position géographique, nos usages applicatifs en permanence ».
Avec la V2 de son OS, sorte d'aboutissement de plus d'un an en termes de fonctionnalités, Murena peut détecter, et couper, en temps réel, tous les traceurs qui s'immiscent dans vos usages, de quoi éviter d'être surveillé(e) de façon permanente, ce qui est généralement le cas de celles et ceux qui achètent un smartphone dans le commerce.
Des fonctionnalités de sécurité grandement améliorées
D'un point de vue un peu plus concret, Murena a tout revu ou presque avec la V2. Si l'on s'arrête sur l'interface, on y découvre de nouvelles icônes, de nouveaux fonds d'écran. Le tout est plus fluide et plus agréable à utiliser qu'avant, ce qui est indispensable pour favoriser une bonne expérience utilisateur. « On sait bien que le meilleur téléphone et le meilleur OS qui soit, s'il n'est pas sympa à utiliser, il aura du mal à être vraiment adopté par les utilisateurs », concède Gaël Duval.
La grosse nouveauté de cette seconde version, c'est l'Advanced Privacy, un outil unique qui bloque les fuites de données des applications. Dans le détail, donc, il peut bloquer les pisteurs d'applications, falsifier sa position et masquer son adresse IP. À l'utilisateur de décider quelles fonctionnalités il souhaite utiliser de l'outil.
Murena mise aussi, pour ses smartphones, sur la partie services en ligne, avec les e-mails, le calendrier, le stockage des photos, des fichiers, le travail collaboratif de documents Office. Tout est synchronisé avec le Cloud Murena.IO. La V2 offre une meilleure version de l'espace de travail Murena, avec une gestion par date ou lieu de ses photos.
Murena veut mettre à contribution ses utilisateurs, avec une campagne de financement
Si Murena dispose de données anonymes, le nombre d'utilisateurs permanents de son système d'exploitation tourne autour de 42 000, 43 000. Et depuis le début du projet, l'organisation a déjà pu écouler quelque 20 000 téléphones. Un résultat tout à fait honorable. Pour convaincre le public, la société rappelle qu'elle n'impose pas de restrictions. « On peut vraiment utiliser n'importe quelle application mobile du marché, et en même temps être vraiment très protégé au niveau de ses données personnelles », souligne son fondateur.
Il est question d'aujourd'hui mais aussi de demain, pour Murena. L'organisation s'apprête à ouvrir une campagne de crowdfunding. Elle doit « permettre à tous ceux qui le souhaitent de participer au projet en possédant une petite partie du projet Murena ».
Les fonds issus de cette collecte pourraient aider à résoudre le problème de la fabrication des fameux 30 000 appareils que Gaël Duval voudrait commercialiser. « Car les smartphones, ça coûte cher à concevoir, à fabriquer, et on ne peut pas les fabriquer un par un, il faut les fabriquer par milliers, par dizaines de milliers ». Chacun pourra investir 100, 1 000 euros ou plus, pour faire partie de l'aventure.
Chiffrement de bout en bout, VPN et IA : ça avance chez Murena
Si l'on se projette un peu plus vers l'avenir et les potentielles nouveautés ou fonctionnalités, la question du chiffrement de bout en bout peut se poser. Il ne semblerait pas, aujourd'hui, qu'il s'agisse d'une contrainte financière ou technologique. « Nous l'aurons », confirme Gaël Duval. « On l'a déjà expérimenté dans ce sens. On a même collaboré avec l'INRIA pour apporter des solutions. Mais jusqu'à la mise en production généralisée pour tout le monde, il faudra un peu de temps, car il y a beaucoup de choses à résoudre en termes d'expérience utilisateur. Avec un chiffrement de bout en bout, si on perd son mot de passe, on ne peut pas en régénérer un, il faut que l'utilisateur garde une phrase de secours. Il se pourrait bien que nous l'annoncions l'année prochaine », poursuit, prudent, le dirigeant.
Peut-on imaginer voir arriver un VPN ou un proxy dans e/OS V2 ou autre ? Pour le moment, Murena n'en propose pas, même s'il est possible d'ajouter un client VPN pour se connecter à un VPN. Mais on rappellera que dans son OS, l'entreprise a ajouté une fonctionnalité permettant de masquer son adresse IP. « Ça utilise un routage qui est aléatoire au sein du réseau, qui utilise le réseau Tor », le même que le dark web, pour l'anecdote.
Il n'était enfin pas possible de rencontrer Gaël Duval sans évoquer le sujet, à la mode, de l'intelligence artificielle. « C'est un sujet qui m'intéresse énormément à titre personnel, parce que le smartphone va de plus en plus devenir l'assistant de l'utilisateur. Et l'IA permet des choses absolument extraordinaires en termes d'assistant », confesse le fondateur de Murena.
Pour le moment, et un peu par définition, son projet se heurte en la matière à la protection des données personnelles. « Nous devrons être certains d'être dans les clous de la collecte de données personnelles ». Une imparable condition, même si Murena a déjà commencé à expérimenter des modèles d'IA générative qui tournent directement sur le smartphone, en local, plutôt que sur des serveurs. La société a par exemple testé un modèle de langage open source de Microsoft « D'ici un ou deux ans, on pense que ça deviendra la norme », se projette d'ailleurs Gaël Duval, les idées plein la tête.
- Un design modulaire à l’indice de réparabilité exemplaire
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