Une IA vraiment repectueuse de votre confidentialité ? © kovop / Shutterstock
Une IA vraiment repectueuse de votre confidentialité ? © kovop / Shutterstock

Si la confidentialité et le respect des données privées n'est vraiment pas le point fort de l'intelligence artificielle dans sa globalité, Apple veut jouer le coup différemment. Voilà comment la firme de Cupertino veut opérer différemment des autres.

Au cours du sacro-saint WWDC 2024, Apple a révélé ses avancées en matière d'intelligence artificielle et notamment Apple Intelligence. Un arsenal de fonctionnalités novatrices intégrant des outils d'IA générative sur ses appareils phares que sont l'iPhone, l'iPad et le Mac. Réécriture de brouillons, traduction et réécriture de textes, correction automatique ou création sur mesure d'émoticônes personnalisées, les fonctionnalités sont assez nombreuses. Soucieuse de rassurer sa clientèle sur la question de la vie privée, l'entreprise a insisté avec fermeté sur l'utilité éprouvée de ces nouveaux atours technologiques tout en garantissant la confidentialité des données de ses utilisateurs. Doit-on y croire ?

Une IA à deux niveaux : local et cloud

Apple Intelligence repose sur une démarche hybride, alliant habilement des capacités de traitement locales et dans le cloud. Lors de sa keynote, Apple a exposé la façon dont cette organisation permettra d'assurer la promptitude et l'efficience des tâches usuelles tout en préservant rigoureusement la confidentialité des données. En effet, les opérations d'intelligence artificielle rudimentaires ; transcription d'appels ou l'ordonnancement d'agendas par exemple ; seront traitées directement au sein même de l'appareil. Néanmoins, pour les requêtes plus complexes impliquant des données à caractère personnel, l'IA sollicitera des serveurs cloud pour maintenir un niveau de sécurité plus élevé.

Contrairement à d'autres sociétés, Apple ne forme pas ses modèles à partir de données privées ou d'interactions des utilisateurs. L'entraînement de ceux-ci se fonde exclusivement sur des matériaux sous licence ainsi que des données publiques accessibles en ligne, collectées par le robot d'indexation Applebot. L'entreprise souligne que les éditeurs peuvent se soustraire à cette collecte et qu'elle exclut formellement les données sensibles telles que les numéros de sécurité sociale ou de carte de crédit, de même que certains contenus inadaptés.

 Schéma explicatif du système d'IA d'Apple, qui fonctionne en combinant des modèles d'IA sur l'appareil et sur le serveur pour fournir des expériences intelligentes dans l'ensemble du système d'exploitation. © Apple
Schéma explicatif du système d'IA d'Apple, qui fonctionne en combinant des modèles d'IA sur l'appareil et sur le serveur pour fournir des expériences intelligentes dans l'ensemble du système d'exploitation. © Apple

Intégration profonde et optimisation

Un des atouts majeurs d'Apple Intelligence réside dans son intégration étroite dans les différents systèmes d'exploitation et applications maison de la société. Les modèles d'intelligence artificielle sont optimisés pour être économes en énergie (un problème brûlant avec l'IA) et adaptés aux capacités des iPhone (du moins les plus puissants, tous n'y auront pas le droit comme vous le verrez). Cette optimisation permet de traiter les requêtes d'IA localement, réduisant ainsi grandement les préoccupations relatives à la confidentialité.

Cependant, le revers de la médaille demeure dans l'utilisation de modèles locaux de taille plus modeste et nécessairement moins performants, un peu à la manière de Stable Diffusion 3 Medium. Afin de pallier cette contrariété, Apple emploie des techniques de « fine-tuning » qui permettent l'ajustement précis d'un modèle d'intelligence artificielle existant pour une tâche ou un domaine spécifique. Ces compétences spécialisées sont par la suite encapsulées dans des « adapters » changeables selon les besoins. Imaginez un modèle d'IA généraliste comme un couteau suisse : il peut effectuer de nombreuses tâches, mais pas toutes avec la même précision qu'un outil spécialisé. Les « adapters » sont ainsi comme des lames interchangeables, ajoutant des fonctionnalités spécifiques au couteau suisse, le rendant plus performant pour des tâches particulières.

Apple affirme avoir optimisé ses modèles dans le but d'accélérer le temps de réponse entre l'envoi d'une requête et la réception de la réponse. Plusieurs techniques spécifiques exploitent de ce fait pleinement le Neural Engine des puces Apple Silicon. Ainsi, seuls les appareils dotés de puces M-series et les très récents iPhone 15 Pro et Pro Max pourront utiliser Apple Intelligence.

Une sécurité renforcée avec Private Cloud Compute

Lorsque les demandes requièrent des modèles d'intelligence artificielle plus robustes, Apple fait appel à ses serveurs Private Cloud Compute (PCC). Ceux-ci fonctionnent sur un système d'exploitation basé sur iOS en intégrant une pile de machine learning dédiée. La société met en exergue la sécurité irréprochable de ses PCC : démarrage sécurisé et un Secure Enclave, un processeur spécialisé pour stocker les clés de chiffrement, accessibles uniquement par l'appareil demandeur.

Une connexion chiffrée de bout en bout est établie avant toute transmission de données. Apple insiste indubitablement sur le fait qu'elle ne pourra accéder aux données au sein des PCC, les outils de gestion de serveurs étant absents. Par ailleurs, aucune donnée n'est stockée de manière persistante, garantissant ainsi que les requêtes et les données personnelles soient effacées après leur traitement.

L'approche hybride d'Apple Intelligence, n'est certes pas totalement inédite, Google et Microsoft adoptant des stratégies analogues avec des modèles mixtes. Toutefois, aucun de ses concurrents n'a placé autant d'emphase sur la confidentialité. Reste désormais à observer si elle tiendra ses promesses, assez alléchantes sur le papier, il faut l'avouer. Nous verrons ça au fur et à mesure du déploiement d'Apple Intelligence, qui se déroulera durant l'année.

Source : The Verge