Des positions controversées © Alexander Supertramp / Shutterstock
Des positions controversées © Alexander Supertramp / Shutterstock

Ray Kurzweil, auteur, futurologue et directeur technologique chez Google, est persuadé que notre cerveau et l'IA fusionneront un jour. Une opinion anthropocentrée de l'avenir et parfaitement en adéquation avec l'optimisme un peu délirant du bonhomme.

Figure emblématique de l'innovation, cadre dirigeant chez le géant Google, et auteur assez contesté, l'homme expose avec passion sa vision futuriste. Pour Kurzweil, c'est certain, l'immense progression de la puissance computationnelle nous propulse inexorablement vers ce qu'il nomme la « Singularité ».

Une convergence entre l'homme et la machine qui permettra aux humains de bénéficier de la puissance de calcul des machines, augmentant ainsi leur intelligence, leur longévité et leur bien-être. Une situation qu'il avait pressentie et détaillée dans son opus de 2005 intitulé The Singularity Is Near, pourrait, selon ses prévisions, se concrétiser à l'horizon 2045.

La Singularité, bientôt à portée de main ?

Malgré ses soixante-seize printemps, Kurzweil demeure inébranlable dans ses pronostics, les réaffirmant avec une ardeur renouvelée. Arborant des bretelles aux couleurs chatoyantes et une montre à l'effigie de Mickey, ce visionnaire souligne lors d'un entretien auprès du New York Times que cette union pourrait décupler nos capacités cognitives de façon exponentielle, surpassant de loin les limites de nos cerveaux biologiques. « Si nous créons quelque chose des milliers, voire des millions de fois plus puissant que le cerveau humain, nous ne pourrons en anticiper les conséquences » explique-t-il.

Loin d'être un novice en matière de prospective technologique, Kurzweil a récemment publié The Singularity Is Nearer, ouvrage dans lequel il réitère ses convictions à l'aune des progrès fulgurants de l'IA. Ces derniers sont incarnés notamment par des prouesses telles que ChatGPT ou l'implant Neuralink. Pour notre futurologue, ces avancées ne sont que les prémices d'une métamorphose plus profonde, susceptible de redéfinir l'essence même de l'humanité.

 Ray Kurzweil en 2005, soit 7 ans avant son entrée chez Google  © Michael Lutch / Courtesy of Kurzweil Technologies, Inc
Ray Kurzweil en 2005, soit 7 ans avant son entrée chez Google © Michael Lutch / Courtesy of Kurzweil Technologies, Inc

Une posture critiquée

Si les anticipations audacieuses de Kurzweil trouvent un écho favorable auprès d'investisseurs et de technophiles enthousiastes, elles ne manquent pas de susciter des réserves dans certains milieux. Ainsi, des universitaires tels que Shazeda Ahmed, rattachée à l'Université de Californie à Los Angeles, tempèrent cet optimisme débordant en soulignant les limites inhérentes à l'intelligence artificielle face aux défis mondiaux. « Quand on dit que l'IA résoudra tous les problèmes, on ignore souvent les causes réelles de ces problèmes », fait-elle judicieusement remarquer. Simple. Basique, comme dirait l'autre.

L'idée d'une fusion entre la conscience humaine et les machines demeure, à ce jour, un concept nébuleux dont la concrétisation reste difficile à appréhender. Kurzweil a beau faire montre d'une certaine expérience dans le milieu, ses positions sont souvent sujettes à controverses. Beaucoup d'observateurs pensent que ses prédictions sont trop optimistes et que les progrès technologiques ne se dérouleront pas aussi rapidement que Kurzweil le prédit.

D'autres affirment que Kurzweil exagère les progrès de l'IA et minimise les défis qui restent à relever avant que nous puissions réaliser une véritable intelligence artificielle générale (IAG). De plus cet auteur/ingénieur/inventeur a des liens avec les entreprises qu'il promeut. En effet, ayant investi dans plusieurs entreprises tech, certains critiques assurent que ses prédictions sont biaisées en faveur des sociétés dans lesquelles il a placé son argent. Il ne ferait donc pas preuve d'une objectivité suffisante lorsqu'il évalue les progrès technologiques. Rendez-vous en 2045 ?


Source : The New York Times