Pour la première fois en France, l'intelligence artificielle est représentée au sein du gouvernement, avec le Numérique. Sauf qu'une fois de plus, les disciplines de la Tech n'ont pas droit à leur ministère.
La nomination de la « secrétaire d'État chargée de l'Intelligence artificielle et du Numérique », Clara Chappaz, par le gouvernement de Michel Barnier samedi 21 septembre 2024, peut être interprétée de différentes manières. De la prise en compte de l'IA à l'oubli de la cybersécurité, en passant par une relégation au tout dernier rang du gouvernement et au profil intéressant de son occupante, le nouveau secrétariat d'État cumule les paradoxes. Il reste surtout assez dédaigneux envers la Tech en général.
Clara Chappaz, madame IA et Numérique du gouvernement, dernière dans l'ordre protocolaire
Ce week-end, Clara Chappaz fut la dernière à être citée par le secrétaire général de l'Élysée Alexis Kohler, lors de l'annonce du gouvernement enfin révélé de Michel Barnier. Si l'on est un brin moqueur, on a tout de suite la vision du garçon (ou de la fille) pas vraiment sportif, choisi en tout dernier au cours d'EPS. Le truc un peu vexant, voire humiliant, quoi.
Mais Clara Chappaz, qui fut la patronne de la French Tech de 2021 à juillet dernier, doit être à des années-lumière de tout cela. Elle ne boude pas son plaisir d'avoir été choisie, elle, la jeune femme de 35 ans passée par Harvard et fille d'un serial entrepreneur de la Tech, secrétaire d'État chargée de l'intelligence artificielle et du Numérique. Elle succède aux relativement transparents Jean-Noël Barrot puis Marina Ferrari dans l'exercice, tous deux d'ailleurs présents dans le nouveau gouvernement validé par Emmanuel Macron.
Ne cachant pas son « immense honneur d'être nommée », Clara Chappaz s'est aussi dit « ravie de poursuivre (son) engagement au service de l’action publique sur ces sujets majeurs que sont le numérique et l’intelligence artificielle ». Pour le coup, son profil est plus qu'intéressant, et elle est plutôt bien appréciée de l'écosystème.
La France, toujours sans vrai ministère dédié aux nouvelles technologies
Clara Chappaz représentera donc l'intelligence artificielle et le numérique au sein du gouvernement. Si la prise en considération de l'IA est à saluer en apparence, elle est tout de même teintée d'un peu d'hypocrisie, puisque reléguée au dernier rang du gouvernement, derrière des disciplines comme la Francophonie ou la coordination gouvernementale. On ne les dénigre pas, mais il faut avouer que l'insulte pour le Numérique dans son ensemble est assez forte.
Surtout, comment Michel Barnier, Emmanuel Macron et leurs équipes ont pu penser à l'omniprésente IA, sans penser à la cybersécurité ? Il ne se passe désormais plus un jour sans qu'une grande entreprise ou grand groupe français ne fasse l'objet d'une fuite de données XXL, jusqu'à voir désormais l'IBAN de consommateurs trainer dans la nature. Cette absence interroge et ne fait que renforcer l'impression d'apparition presque contrainte et forcée de l'IA et du Numérique dans le gouvernement.
Il n'y a donc toujours pas de ministère pour la Tech dans son ensemble. Seulement un « vulgaire » secrétariat d'État, qui plus est rattaché au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, autrement dit sans aucune véritable autonomie budgétaire ni décisionnaire. Le comble reste peut-être que depuis François Fillon, éphémère ministre des Technologies de l'Information et de La Poste en 1995, le Numérique et la Tech n'ont plus jamais eu de ministère propre.