Le FSD de Tesla est-il aussi fiable qu'on le dit ? © TierneyMJ / Shutterstock
Le FSD de Tesla est-il aussi fiable qu'on le dit ? © TierneyMJ / Shutterstock

Une évaluation indépendante du système de conduite autonome Full Self-Driving (FSD) de Tesla vient de révéler des résultats plutôt inattendus. Ces derniers remettent sérieusement en question l'efficacité réelle de cette technologie tant vantée.

Le FSD est un système complet à n'en point douter : navigation autonome, changement de voie automatique, stationnement automatique, etc. En dépit des soupçons de fraude qui pèsent sur le système aux États-Unis, Tesla a annoncé son intention de le déployer sous peu en Europe. Que vaut-il à l'usage et en conditions réelles, en dehors des annonces marketing du constructeur ? C'est précisément ce qu'a cherché à savoir AMCI Testing.

Un test rigoureux

AMCI Testing est une entreprise spécialisée dans les tests et la certification de performances automobiles. Elle est aujourd'hui reconnue comme l'un des acteurs les plus fiables et expérimentés dans ce domaine, avec plus de 30 ans d'expertise. Son objectif ? Vérifier et certifier les performances réelles des véhicules, en particulier face aux affirmations formulées par les constructeurs automobiles dans leurs campagnes marketing.

Elle a donc soumis le FSD de Tesla à une série de tests approfondis en parcourant 1 600 km au volant d'une Tesla Model 3 Performance 2024 équipée du matériel de dernière génération (Hardware 4) et, bien sûr, des versions 12.5.1 et 12.5.3 du logiciel FSD.

Diagramme regroupant quelques données collectées auprès de nombreux utilisateurs du FSD 12.5.1. © AMCI
Diagramme regroupant quelques données collectées auprès de nombreux utilisateurs du FSD 12.5.1. © AMCI

Des résultats assez déconcertants

Face à ces données crowdsourcées qui semblaient encourageantes comme vous pouvez le voir dans la capture ci-dessus (92,9 % des trajets sans désengagement critique, 69,7 % des trajets sans aucun désengagement, 280 km en moyenne entre chaque désengagement, etc.), ce nouveau test apporte un autre éclairage. Les conclusions tirées par AMCI Testing sont pour le moins surprenantes. La firme rapporte que les conducteurs ont dû intervenir plus de 75 fois durant l'évaluation, soit en moyenne une intervention tous les 21 km. Ce chiffre, nettement supérieur aux estimations précédentes, a de quoi soulever quelques interrogations quant à la fiabilité et la sécurité du FSD.

Guy Mangiamele, directeur d'AMCI Testing, commente ces résultats : «
Il est indéniable que la version FSD 12.5.1 est impressionnante, notamment en raison de la grande variété de réactions quasi humaines qu'elle parvient à reproduire, surtout pour un système basé sur des caméras. Mais son apparente perfection durant les cinq premières minutes d’utilisation crée un émerveillement qui mène inévitablement à une dangereuse complaisance. Lorsque les conducteurs utilisent le FSD, conduire les mains sur les genoux ou loin du volant est extrêmement risqué. Comme vous le verrez dans les vidéos, les moments les plus critiques où le FSD se trompe sont des événements qui se produisent en une fraction de seconde, et même les conducteurs professionnels, dans un état d'esprit de test, doivent rester concentrés pour les rattraper ».

En effet, la vidéo partagée par AMCI Testing (voir ci-dessous) montre une certaine efficacité du système dans certaines manœuvres, mais on peut clairement observer la Tesla passer un feu rouge en pleine nuit.

L'étude met en lumière un autre paradoxe, pas moins inquiétant. Mangiamele précise : « Ce qui est le plus troublant et imprévisible, c’est que vous pouvez voir le FSD gérer une situation avec succès à de nombreuses reprises – souvent sur le même tronçon de route ou au même carrefour – puis, sans raison apparente, échouer la fois suivante. Que ce soit un manque de puissance de calcul, un problème de mise en mémoire tampon lorsque la voiture "prend du retard" sur les calculs, ou un petit détail dans l’évaluation de l’environnement, il est impossible de savoir pourquoi ». Pas besoin d'être un génie pour le comprendre, l'imprévisibilité au volant n'est certainement pas mère de sûreté.

Ces révélations surviennent de plus dans un contexte assez particulier, où Tesla a toujours été réticent à partager les données précises d'intervention de son FSD. Alors même que celui-ci a été lancé il y a trois ans déjà. Le système est très impressionnant d'un point de vue technique, cela ne fait aucun doute, mais ce test montre clairement qu'il nécessite encore quelques ajustements.

Source : Electrek