La South East Technological University en Irlande vient de lancer une formation universitaire de quatre ans consacrée au métier d'influenceur. Ce cursus mêle création de contenu, entrepreneuriat et marketing digital.
« Influenceur, ce n'est pas un vrai métier. » Peut-être. N'empêche, c'est un vrai diplôme, et pas de ceux dont on dit parfois qu'on les trouve dans un paquet de lessive ou une pochette surprise.
L'université irlandaise SETU, proche de Dublin en Irlande, vient de franchir un cap en transformant cette activité en véritable cursus universitaire. Et contrairement aux idées reçues, il ne s'agit pas d'apprendre à faire des selfies ou à scroller sur TikTok entre deux cours. La formation, qui s'étale sur quatre ans, balaye tous les aspects théoriques pointus, assortis d'une pratique intensive. Une première promotion de 30 étudiants a fait sa rentrée en septembre 2024, après une sélection drastique qui a vu défiler plus de 350 candidatures.
Comment une université a transformé TikTok en diplôme
Cette formation n'est pas sortie de nulle part. Irene McCormick, directrice du cursus et ancienne productrice télé, a d'abord tâté le terrain avec un cours d'été intensif animé par des tiktokeurs. Face au succès retentissant de cette initiative, l'idée d'un véritable diplôme s'est imposée naturellement. Il aura tout de même fallu deux ans pour faire de cette ambition une réalité académique homologuée.
Dans les couloirs ultra-modernes du campus, les étudiants naviguent entre cours de création vidéo, sessions de storytelling et analyses de données. Harry Odife, 22 ans, en plein exercice dans le studio TV, résume sur BFMTV avec humour sa motivation : « Mes amis me répètent que je parle trop, alors autant essayer d'en faire un gagne-pain. » D'autres, comme Favour Ehuchie, coiffeuse de 18 ans, voient dans cette formation l'opportunité de transformer leur passion en entreprise viable. Elle partage déjà ses créations capillaires sur les réseaux et cherche maintenant les clés pour en faire une activité rentable. Les millenials ne sont finalement pas des lapins de six semaines.
Une formation qui va bien au-delà des likes et des followers
Nous avons tous en tête l'image de l'influenceur qui se contente de poster des vidéos de 60 secondes sur TikTok. Marta Hughes Bravo, étudiante de première année, tient à rectifier cette perception : la création de contenu implique un travail considérable d'édition, de planification et d'organisation. La formation traite de cette complexité en proposant un programme diversifié : entrepreneuriat, psychologie, podcasting, ou encore maîtrise technique des équipements audiovisuels.
Les débouchés dépassent largement la simple quête de la célébrité en ligne. Naoise Kelly, une autre étudiante, voit dans ce cursus une opportunité de développer des compétences transversales, notamment la confiance face caméra, utile dans de nombreux contextes professionnels. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : en 2023, selon l'enquête 2023 Influencer Marketing Hub, 70 % des professionnels du marketing considèrent les influenceurs comme des acteurs incontournables.
Même les gouvernements font appel à eux pour leurs campagnes de communication. Irene McCormick insiste sur ce point : derrière l'apparente frivolité des posts sur les réseaux sociaux se cache une industrie sérieuse, qui nécessite des compétences pointues et une formation solide.
Et si, finalement, le plus dur dans ce diplôme n'était pas d'apprendre à être influenceur, mais de convaincre ses parents que c'est un vrai métier ?
- Interactions faciles
- Réseau social engageant
- Très divertissant
Sources : BFMTV, L'Essentiel