Meta sort l'artillerie lourde contre les adolescents qui mentent sur leur âge sur Instagram. L'entreprise déploiera début 2025 un système d'intelligence artificielle baptisé « adult classifier » pour détecter automatiquement les utilisateurs mineurs et les rediriger vers des comptes restreints, qu'ils le veuillent ou non.
Les réseaux sociaux et les adolescents, c'est une histoire compliquée. Après des années de critiques sur l'impact d'Instagram sur la santé mentale des plus jeunes, Meta passe à l'action. Le géant des réseaux sociaux a d'abord lancé en septembre des comptes spéciaux pour les 13-17 ans, avec des restrictions intégrées sur les contacts et le contenu visible.
Mais comme beaucoup d'ados tentent de faire le mur et contournent ces limitations en mentant sur leur âge, l'entreprise va déployer une intelligence artificielle capable de débusquer les petits malins. Une initiative qui arrive après des années de scandales et de pressions des parents, des législateurs et même d'anciens employés devenus lanceurs d'alerte.
L'IA va analyser chaque détail pour deviner l'âge des utilisateurs
Le nouveau système mis au point par Meta pourrait bien énerver les ados qui tentent de feinter le réseau social en se faisant passer pour des adultes.
L'IA va passer au peigne fin leurs profils, leurs abonnements, leurs interactions et même les messages d'anniversaire de leurs amis. Un véritable Columbo numérique qui ne laissera rien au hasard.
Après la traque sur Internet, la sanction immédiate. Une fois qu'un utilisateur est identifié comme mineur, il sera automatiquement basculé vers un compte pour adolescent, avec des restrictions sur les messages privés et le contenu consultable. Les 16-17 ans pourront modifier certains paramètres, mais les moins de 16 ans devront obtenir l'autorisation parentale pour le faire.
Meta va même plus loin en signalant les tentatives de création de nouveaux comptes avec la même adresse mail, mais une date de naissance différente. L'entreprise peut aussi traquer l'identifiant unique des téléphones pour repérer qui se cache derrière un nouveau profil. Il faudrait voir à ne pas prendre Meta pour un lapin de six semaines non plus.
Les ados trouveront-ils toujours une parade face à ce nouveau système ?
Sur le papier, le plan semble se dérouler sans accroc. En pratique, ce serait une autre limonade. Une étude britannique révèle qu'un tiers des mineurs sur les réseaux sociaux prétendent déjà avoir 18 ans ou plus. Et contrairement à d'autres plateformes qui se contentent d'une simple déclaration sur l'honneur, Meta veut leur compliquer la tâche. Pour modifier son âge, un utilisateur devra désormais fournir une pièce d'identité officielle ou réaliser un selfie vidéo analysé par Yoti, un service qui estime l'âge d'après les traits du visage. L'option de faire valider son âge par des amis a été supprimée. Les adultes injustement classés comme adolescents pourront faire appel, mais la procédure est encore en développement. Meta reconnaît d'ailleurs que la précision de son « adult classifier » n'est pas parfaite.
Pour Allison Hartnett, directrice de la gestion des produits pour la jeunesse et l'impact social chez Meta, la vérification devrait plutôt se faire au niveau des boutiques d'applications. Mais Apple et Google rechignent, au prétexte qu'il n'existe pas de solution universelle à ce casse-tête. Quant à Michael Smith , professeur d’informatique qui enseigne un cours sur la confidentialité des données à l’Université Harvard, il se demande, comme le rapporte Bloomberg, si « les problèmes de Meta concernant la vérification de l’âge ne sont pas simplement transférés aux magasins d’applications ».
Et pendant que la bataille entre les experts et les réseaux sociaux fait rage, les ados deviennent adultes.
- Des interactions faciles par de nombreux canaux (publications, Stories, messagerie, etc.)
- Un réseau social adapté aux préférences des utilisateurs dans la gestion de leur compte
- De nombreux types de contenus à créer, à partager et à consulter
Sources : Bloomberg (accès payant), Tech Radar