Voilà une affaire de piratage IPTV qui pourrait bien se révéler comme l'un des plus gros dossiers de l'année ! Richard Moy, alias "PapitoPatron", était à la tête d'un véritable réseau IPTV. Fort de centaines de revendeurs et de centaines de milliers d'abonnés, l'individu usait de méthodes marketing pour le moins trompeuses et… originales !
Quoi de mieux qu'un agent des forces de l'ordre pour rassurer quant à la légalité d'une démarche ? C'est sans doute cette interrogation qui a mené Richard Moy, faute de mieux, à tromper ses clients et revendeurs afin de faire prospérer ses activités illicites.
Un business colossal construit sur l'IPTV
Loin d'être un escroc à la petite semaine, Richard Moy s'est construit un réseau énorme pour faire fleurir son business. L'homme, basé dans l'Illinois, était à la tête d'un service IPTV nommé City Lights Entertainment et aurait compté plus de 500 revendeurs pour pas moins de 450 000 abonnés. Aujourd'hui, il est sous le coup de poursuites, après une plainte déposée par DISH Network et Sling TV qui l'accusent d'avoir violé plusieurs dispositions du Digital Millennium Copyright Act (DMCA) et de l'Electronic Communications Privacy Act (ECPA).
Là où l'affaire prend des allures abracadabrantesques, c'est en raison des montants des dommages et intérêts demandés par les plaignants, mais également, car Richard Moy n'a pas hésité à jouer avec le feu…
Alors qu'une majorité de pirates IPTV cherchent à garder leur anonymat du mieux qu'ils le peuvent, comme dans la récente affaire italienne où les enquêteurs ont découvert une fraude sophistiquée, Richard Moy, lui, a pris un autre chemin ! Ayant apparemment investi de grosses sommes pour obtenir des serveurs et des flux, l'homme usait de divers stratagèmes pour pérenniser son activité.
Des techniques bien rodées
Selon les plaignants, le propriétaire du service se serait présenté comme un agent des forces de l'ordre de Chicago pour rassurer ses revendeurs, à qui il fournissait des lots d'abonnements, ainsi qu'aux clients. Il aurait également conseillé son réseau de revendeurs afin qu'ils adoptent de bonnes méthodes pour éviter les contrôles. Il était notamment question d'éviter d’afficher "des vidéos ou des images des chaînes" de son service sur les réseaux sociaux, et aussi avec une liste de termes proscrits comme "IPTV, flux, câble, etc.". On apprend également que le service était facturé 20 $ aux abonnés, tandis que les revendeurs profitaient d'un tarif de 5 $ sur le produit, s'assurant ainsi une belle marge.
L'accusé aurait encaissé les paiements selon diverses méthodes, pour le compte de sa société CLVPN LLC. Les versements auraient été parfois effectués sous son vrai nom, mais également sous des pseudonymes, tels que "PapitoPatron", "PapitoChacon", ou encore "Holmes" sur Telegram. Les paiements étaient réalisés avec des services comme PayPal, Venmo et Cash App. L'enquête a notamment mis au jour plus de 1 700 transactions via un seul compte Venmo. En outre, il demandait à ses abonnés et revendeurs d'utiliser des options de paiements "entre amis" pour tenter de dissimuler son activité.
Pour couronner le tout, Richard Moy risque très gros pour son business IPTV. Bien que les sommes demandées pour dommages et intérêts soient hypothétiques, elles devraient faire passer l'envie à beaucoup de se lancer dans ce genre de business. En effet, pour les chefs d'accusation de violation du DMCA, Richard Moy encourt jusqu'à 2 500 $ pour chaque infraction. Rapporté au nombre d'abonnés à son service, 450 000, les dommages et intérêts pourraient alors atteindre la somme folle de 1 125 000 000 $. À cela s'ajoutent les dommages et intérêts pour violation de l'ECPA, la loi prévoit ici de 100 $ à 10 000 $ par jour de violation, mais la plainte ne mentionne pas la durée sur laquelle se sont produites les infractions qui restent, pour l'heure, présumées !
Source : Plainte de Dish Network et Sling (PDF) via Troypoint, Torrent Freak