Les flux IPTV illégaux font plus que jamais débat. Partout en Europe, la guerre est déclarée contre les pirates et les revendeurs de boitiers IPTV. Parmi les appareils de streaming utilisés, les Fire Stick TV et autres box TV crackées retiennent l'attention.
Après plusieurs séries d'arrestations ces derniers mois, dont la dernière remonte à quelques jours seulement, la lutte contre l'IPTV se poursuit en Grande-Bretagne, comme en Europe plus globalement. Face à des utilisateurs qui semblent de plus en plus se tourner vers des abonnements IPTV illégaux et à moindre coût, les autorités comme les médias tentent de sensibiliser la population aux risques que cela représente.
Des liens avérés avec le crime organisé
Parmi les éléments censés aider à mieux sensibiliser la population, le manque à gagner pour les diffuseurs n'a sans doute que peu d'importance. En France et en Grande-Bretagne comme ailleurs, les populations font face à un pouvoir d'achat qui diminue depuis plusieurs années, tandis que de nombreux services voient leurs prix augmenter. C'est le cas de Netflix et Disney+ mais, dans l'Hexagone, on peut également citer le cas DAZN puisque la plateforme titulaire des droits de la Ligue 1 est notamment sous le feu des critiques en raison des tarifs qu'elle affiche, et ce, malgré les offres promotionnelles qui se sont enchainées ces derniers temps. Des facteurs qui expliquent assez largement l'engouement et le désir de certains à passer par des alternatives moins couteuses, aussi illégales soient-elles.
10 octobre 2024 à 08h06
En revanche, les experts comme les autorités évoquent régulièrement les dangers soulevés par ce marché illégal. Récemment interrogé par le quotidien britannique The Sun, Kevin Sharp, le P.D.G de l'organisation de lutte contre le piratage FACT — Federation Against Copyright Theft — explique que les personnes impliquées dans ce genre d'activités sont souvent en lien avec le crime organisé. Rebondissant sur la condamnation, en août, de deux frères ayant vendu des abonnements IPTV pour accéder illégalement à un large catalogue de contenus payants à 7 ans et 4 ans d'emprisonnement, il a tenu ces propos : "Une partie de cela est liée au crime organisé, pas tout, mais une partie l'est... c'est pourquoi, lorsque nous poursuivons des personnes, elles reçoivent des peines de prison aussi longues, comme vous pouvez le voir dans les affaires précédentes que nous avons envoyées au tribunal".
En dehors du fait que les utilisateurs n'aient pas conscience de financer des activités criminelles lorsqu''ils payent pour des abonnements et des boitiers TV crackés, il apparait surtout qu'ils minimisent les dangers liés à leurs données personnelles et à la "'porte d'entrée" offerte aux hackers en utilisant des appareils de cette nature.
Fire Stick TV crackées : attention, danger
Parmi les gadgets les plus utilisés pour accéder aux services IPTV illégaux en Grande-Bretagne : le Fire Stick TV d'Amazon. Vendu sur diverses plateformes avec la mention "fully loaded" ou encore "enhanced", les Fire Stick TV, les clés de streaming Roku et d'autres box TV modifiées arrivent généralement avec le logiciel Kodi. Bien que cette application n'ait rien d'illégal, son fonctionnement open-source lui permet d'être "customisée" par des développeurs tiers. Certains d'entre eux fournissent alors des builds de Kodi avec des add-ons et des paramètres précis permettant d'accéder à des flux IPTV illégaux et à un "streaming illimité".
Toujours pour The Sun, Marijus Briedis, CTO chez NordVPN, a tenu à expliquer pourquoi l'introduction de ces appareils modifiés dans nos foyers pouvait poser de graves problèmes de sécurité. Selon lui, la majorité des utilisateurs ne pourraient s'apercevoir si l'appareil qu'ils ont reçu contient, ou non, un logiciel malveillant. Il explique notamment que les pirates peuvent trouver des portes d'entrées faciles pour dérober vos informations personnelles, comme vos services bancaires, vos détails d'identifications, vos contacts, ou encore l'historique de vos emails et messages : « Votre téléviseur, votre réseau Wi-Fi ou vos appareils domestiques intelligents sont beaucoup moins susceptibles d'avoir des protections et peuvent être un point d'entrée facile pour les cybercriminels ».
Une fois la main sur votre réseau et les appareils qui y sont connectés, le logiciel malveillant peut « se connecter à un réseau plus large de bots et être utilisé par des cybercriminels pour générer des revenus en minant de la cryptomonnaie ou en cliquant sur des publicités ».
Tout cela s'ajoute bien sûr aux conséquences juridiques auxquelles s'exposent les utilisateurs. En France comme en Grande-Bretagne, bien que des sanctions soient prévues pour les utilisateurs, les poursuites et les condamnations se concentrent en priorité sur les distributeurs et revendeurs de ces services illégaux. Il n'empêche que l'étau se resserre toujours plus, comme on le voit par exemple en Italie où a récemment été discuté la possibilité de recourir à un système automatisé pour distribuer des amendes aux utilisateurs, jusqu'à 5 000 euros.