Une nouvelle fois sous l'impulsion de La Liga, le feuilleton "piratage IPTV" se poursuit avec de lourdes accusations envers Google.
Javier Tebas, président de La Liga, a fait de la lutte contre le streaming illégal des matchs de football son cheval de bataille. Il annonce que son organisation s'apprête à poursuivre Google dans quatre pays : l'Espagne, la France, l'Équateur et le Brésil.
Google accusé de laisser courir l'IPTV illégale
Capitalisant sur la récente victoire de La Liga, qui a obtenu en Argentine le blocage de plusieurs dizaines de noms de domaines liés à MagisTV, une application IPTV, Javier Tebas n'entend pas s'arrêter en si bon chemin. Le boss de La Liga, qui est aussi avocat, estime que Google dispose de moyens simples et efficaces pour donner un coup d'arrêt au streaming illégal, du moins de réduire ces pratiques de l'ordre de 80 %.
Selon lui, plusieurs grandes entreprises de la Tech portent une responsabilité directe et sont accusées de laisser courir l'IPTV illégale et même de générer de substantiels revenus grâce à elle. Voici l'une de ses déclarations lors d'une rencontre récente du Nueva Economia Forum : « Les grandes entreprises technologiques doivent intervenir. Elles doivent cesser de collaborer avec le piratage parce qu’elles gagnent de l’argent. Google gagne de l’argent, Amazon gagne de l’argent, Apple gagne de l’argent — et ils en gagnent beaucoup. »
À la suite de cette déclaration, Javier Tebas a annoncé que La Liga déposerait des plaintes pénales à l'encontre de Google, en France, en Espagne, au Brésil et en Équateur. En s'appuyant sur la décision judiciaire qui aurait ordonné à Google « d'adopter les moyens techniques nécessaires » pour désinstaller immédiatement l'application MagisTV de tous les appareils Android fonctionnant avec une adresse IP basée en Argentine, le patron de La Liga émet une accusation simple : Google n'en fait pas assez pour juguler le piratage IPTV.
IPTV : le fléau de la propriété intellectuelle, a toujours un coup d'avance
Javier Tebas porte ses accusations encore plus loin et appuie sur la gravité de la situation : « Nous devons être conscients que le piratage est le principal défi auquel sont confrontés le football professionnel et l’industrie du sport en général. Si la dynamique du piratage ne change pas, une diminution très importante des revenus audiovisuels affectera le football et le sport non professionnel. »
En vérité, s'il tient Google pour responsable en raison du manque de mesures pro-actives contre le piratage, La Liga s'est déjà félicité à plusieurs reprises de ses actions dans la lutte contre le piratage sur les plateformes de Google. Ce fut notamment le cas en 2021 ou plus d'un million de vidéos et plusieurs dizaines de milliers de résultats de recherche ont été supprimés par Google sur YouTube et au sein des résultats de recherche.
La réalité parait plus complexe et, à y regarder de plus près, les pirates de l'IPTV ont toujours un coup d'avance. L'affaire MagisTV en est un bon exemple. Cette plateforme illégale, qui aurait ses quartiers en Chine, est en effet dans le viseur de l'ACE — Alliance for Creativity and Entertainment, depuis plusieurs années et aucune décision ne semble pour l'heure l'arrêter. L'ACE estime par ailleurs que cette organisation exploiterait encore plus de 370 noms de domaines. La récente ordonnance contre MagisTV en Argentine portait "seulement" sur 69 d'entre eux.
La Liga évoque sans doute les applications qui pullulent sur le Play Store de Google, bien qu'encore une fois la firme de Mountain View semble coopérer puisque ce ne sont pas moins de 820 applications qui ont récemment été supprimées du catalogue. Ajoutons que Javier Tebas affirme lui-même que 40% de la population espagnole consomme du contenu pirate qui viole la propriété intellectuelle. Bien que le problème soit clairement imputable à la présence d'IPTV pirate, le souci de l'accès aux championnats comme La Liga, la Champion's League, ou encore la Ligue 1 en France est sans doute aussi une piste à creuser. Le fait est qu'il est de plus en plus difficile d'accéder à ces contenus, nécessitant souvent plusieurs abonnements pour avoir accès à l'intégralité d'un championnat et sur des plateformes qui offrent finalement des bouquets de chaînes avec peu de contenus.
En France l'exemple est parlant : si vous souhaitez suivre l'intégralité de la Ligue 1, mais que votre club de cœur est également engagé en Ligue des champions, vous devrez vous acquitter d'un abonnement chez DAZN pour 30 €/mois (20 €/mois les 12 premiers mois), d'un abonnement à 15 €/mois chez BeIN Sports, et d'une offre qui débute à 20 €/mois chez Canal+ pour regarder l'affiche du mercredi, une offre qui monte 30 €/mois pour accéder à l'intégralité des matches des coupes d'Europe…
Source : TorrentFreak