Pour localiser les caméras de lecture de plaques d'immatriculation, une carte collaborative mondiale, baptisée DeFlock, pourrait faire un tabac. Le projet open source, né d'une initiative citoyenne, vise à sensibiliser autour de la surveillance des véhicules dans l'espace public.

Les caméras de lecture de plaques d'immatriculation sont recensées sur une carte communautaire en ligne  © ABB Photo / Shutterstock
Les caméras de lecture de plaques d'immatriculation sont recensées sur une carte communautaire en ligne © ABB Photo / Shutterstock

Comment en est-on arrivé à obtenir une telle carte de caméras de lecture de plaques d'immatriculation ? Tout est parti d'un simple déménagement. En rejoignant Huntsville, dans l'Alabama, Will Freeman a été frappé par l'omniprésence de mystérieux poteaux noirs équipés de caméras et de panneaux solaires. Sa curiosité l'a mené à découvrir qu'il s'agissait de lecteurs automatiques de plaques d'immatriculation (ALPR). Face à ce qu'il considère comme une surveillance généralisée, il a décidé d'agir en créant DeFlock, une plateforme collaborative pour cartographier ces dispositifs.

Le projet de carte de localisation des caméras a vite pris de l'ampleur

En quelques semaines seulement, DeFlock est passé d'une initiative locale à Huntsville à un projet d'envergure internationale, et le terme n'est pas exagéré. La plateforme, qui s'appuie sur OpenStreetMap, recense désormais plus de 1 700 caméras aux États-Unis et plus de 5 600 à travers le monde, grâce à la contribution active des citoyens. On vous conseille d'ailleurs l'utilisation du mode sombre du site (le bouton en haut à droite), très agréable.

Le site permet non seulement de localiser les caméras, mais aussi d'identifier leur orientation. Cette fonctionnalité peut par exemple en dire plus sur les stratégies de déploiement selon les lieux, comme à Huntsville où les dispositifs forment un cercle autour du centre-ville, tous pointés vers l'extérieur pour surveiller les véhicules entrants.

Les principaux acteurs du marché sont bien identifiés : les caméras Flock, Motorola et sa filiale Avigilon dominent le secteur. Ces systèmes, qui sont interconnectés, permettent un suivi potentiel des véhicules à l'échelle nationale qui, de l'autre côté, pose question sur le respect de la vie privée.

XXX © Alexandre Boero / Clubic
XXX © Alexandre Boero / Clubic

Des enjeux de surveillance qui dépassent les frontières

En France, ces dispositifs LAPI (Lecture Automatique de Plaques d'Immatriculation) sont également présents, même s'ils sont plus rares sur DeFlock pour le moment. La CNIL, la Commission nationale de l'informatique et des libertés, rappelle que l'usage de ces dispositifs est strictement encadré. Ils ne peuvent être utilisés que pour la verbalisation du stationnement non payé et le repérage des véhicules volés. Tout autre usage nécessite une autorisation spécifique des autorités compétentes.

Un projet porté par le ministère de l'Intérieur et celui de l'Économie et des Finances prévoit la création d'un système centralisé (STCL) pour optimiser l'utilisation des capteurs. Le gendarme des données s'est d'ailleurs prononcée en faveur du projet en juin 2024, soulignant l'importance d'encadrer strictement ces dispositifs qui concerneront bientôt près de 675 capteurs.

Les chiffres sont en tout cas éloquents : un seul capteur peut enregistrer jusqu'à 90 000 véhicules distinctes et générer 3,3 millions d'enregistrements sur une année. Will Freeman, de son côté, espère que DeFlock permettra de sensibiliser le public à cette surveillance massive. Il travaille également sur une fonctionnalité de navigation qui permettra, une fois déployée, d'éviter les zones équipées de ces caméras.

Sources : DeFlock, 404 Media, ZDnet