Avec près de 1 milliard d'utilisateurs, Telegram bouleverse les codes des réseaux sociaux. Dépassant largement sa réputation initiale de messagerie sécurisée, la plateforme devient un terrain de jeu stratégique pour les marques, les médias et les communautés.
Sortir des sentiers battus, telle semble désormais être la signature de Telegram. L'application, fondée par Pavel Durov, n'est plus simplement un canal de communication cryptée, mais est devenue un écosystème médiatique à part entière. En 2024, et malgré l'arrestation de son fondateur, sa progression explose : les conversations à son sujet ont doublé sur X.com.
Au cœur de son ADN, une capacité à agréger des communautés autour de contenus variés, du divertissement à l'actualité, en passant par l'activisme et l'éducation financière. Et ça, les marques l'ont bien compris.
Au fil du temps, Telegram est devenu un nouveau terrain de jeu publicitaire pour les grandes marques
Le site The Media Leader cite Louis Vuitton en exemple, une marque de luxe qui incarne parfaitement cette mutation. Avec plus de 6 000 publications mensuelles, elle pulvérise ses scores sur LinkedIn en dépassant ses mentions de 44 %. Ce n'est pas un hasard, mais la démonstration d'un phénomène plus large. Telegram, longtemps associé à la cybersécurité et aux communautés techniques, s'est métamorphosé en plateforme marketing. Les algorithmes de Visibrain, l'outil spécialisé dans la veille des réseaux sociaux le confirment : la plateforme rivalise désormais avec X.com, Facebook et TikTok en matière de visibilité.
Pour expliquer cette montée en puissance, on peut citer en premier la diversité des audiences. Contrairement aux réseaux sociaux traditionnels, Telegram propose des espaces communautaires ultra-segmentés, qui permettent aux marques de cibler précisément leurs publics. Un groupe consacré au cinéma ? 1,4 milliard de vues. Un canal d'information ? 30 % des échanges. La promesse marketing est alors simple : toucher des communautés engagées, réactives, moins saturées d'un point de vue publicitaire que sur les plateformes concurrentes.
Ensuite, un écosystème moins formaté qui donne les coudées franches aux annonceurs pour s'exprimer. Telegram offre une liberté éditoriale proche de celle de X.com sous Elon Musk, avec des normes moins rigides. Les marques peuvent donc expérimenter et créer du contenu moins formel, plus proche d'une conversation que d'un communiqué publicitaire. Cette proximité reconstruit une forme de confiance, cruciale dans la relation entre une marque et ses consommateurs.
Comment Telegram transforme la communication des marques au-delà du marketing traditionnel
L'influence de Telegram dépasse largement la simple promotion. La plateforme est devenue un observatoire social en temps réel, un baromètre des mobilisations citoyennes et des tendances émergentes. Les groupes activistes comme Soulèvements de la Terre l'utilisent pour organiser des campagnes contre des géants comme TotalEnergies. Les experts financiers y diffusent des analyses sur le Bitcoin. Les critiques culturelles y trouvent un écho massif.
Pour les marques, c'est une opportunité unique : être non plus seulement un produit, mais un acteur du débat social. Louis Vuitton, comme les autres, ne vendra plus uniquement du luxe, mais participera à un écosystème d'échanges. Cette nouvelle forme de communication brouille les frontières entre marketing, information et engagement citoyen.
Telegram symbolise cette transition. Avec près de 1 milliard d'utilisateurs, la plateforme n'est plus un outsider, mais un acteur qui pèse. Sa croissance en 2024 (207 millions de mentions, soit le double de 2023) témoigne de sa transformation. Les marques qui comprendront cette mutation auront un temps d'avance.
Source : The Media Leader