Les géants des réseaux sociaux font face à un nouveau mouvement qui cherche à rogner leur emprise sur nos fils d’actualité. « Free Our Feeds », l’initiative soutenue par Mozilla et d’autres acteurs de la tech, veut garantir l’indépendance des plateformes décentralisées.
Comment reprendre le pouvoir face aux mastodontes du web qui dictent la façon dont nous échangeons, nous informons et nous organisons en ligne ? C’est la question qui anime « Free Our Feeds », une campagne de financement à hauteur de 30 millions de dollars sur trois ans. Son but ? Défendre un protocole ouvert pour les réseaux sociaux afin de limiter l’influence des milliardaires et protéger la collecte de données des utilisateurs.
Un écosystème décentralisé en ligne de mire
« Free Our Feeds » ambitionne de mettre en place une infrastructure indépendante reposant sur l’AT Protocol de Bluesky, un protocole qui rend possible l’apparition de réseaux sociaux interopérables. Son principe est simple : chaque application ou service peut communiquer avec les autres, tout en laissant aux utilisateurs un réel contrôle sur leurs données et leurs fils d’actualité. En clair, vous pouvez basculer d’une plateforme à l’autre sans perdre vos publications ni vos contacts.
Ce mouvement s’inscrit dans un contexte où plusieurs initiatives similaires, comme le Fediverse ou Mastodon, sont déjà actives. La grande différence, c’est la volonté de « Free Our Feeds » de déployer des moyens financiers importants pour assurer le développement de serveurs, la création d’une fondation publique dédiée et le soutien aux développeurs indépendants. Objectif final : éviter qu’un grand investisseur rachète l’ensemble et impose ensuite ses propres règles aux utilisateurs.
Des soutiens variés, de Mozilla à Hollywood
La présence de Mozilla dans le projet n’étonnera personne tant la fondation milite depuis des années pour un web libre et standardisé, d'autant qu'elle a arrêté sa participation au Fediverse. Son directeur, Mark Surman, plaide pour un internet où aucun pouvoir n’est centralisé, afin que chacun puisse profiter d’un écosystème ouvert et concurrentiel.
Cette synergie de talents donne un élan médiatique fort à « Free Our Feeds ». L’enjeu dépasse la simple question des réseaux sociaux : c’est toute la gouvernance d’internet qui est concernée. De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer l’omnipotence des grandes plateformes qui peuvent, d’un coup de balai algorithmique, éliminer certains contenus ou mettre en avant les publicités les plus lucratives au détriment de la pertinence pour l’utilisateur.
Un nouveau chapitre pour les réseaux sociaux ?
Dans le sillage du succès de plateformes alternatives comme Mastodon ou de projets plus récents comme Threads, « Free Our Feeds » propose une autre voie pour reconquérir une forme de liberté numérique. L’initiative prévoit de créer une fondation indépendante pilotée par différents « gardiens », responsables de l’infrastructure et de l’orientation future du protocole. À la clé, des fonctionnalités innovantes, un meilleur respect de la vie privée et une modularité accrue pour les créateurs d’applications qui pourront personnaliser leur plateforme.
Reste à voir si les donations afflueront assez pour construire, enfin, un véritable contrepouvoir face aux géants du Net. Une chose est sûre : l’annonce de ce projet prouve que l’aspiration à un web plus éthique et moins captif est toujours là, soutenue par des poids lourds de la tech et du milieu associatif. Et si la décentralisation devenait la norme de nos futurs fils d’actualité ? Il semblerait que « Free Our Feeds » veuille nous le prouver.
Source : Free Our Feeds