Dimanche soir, lors du choc de Ligue 1 entre le Paris Saint-Germain et l'Olympique de Marseille, l'Arcom a mis en place une opération coup de poing pour lutter contre le piratage IPTV. Orchestrée en collaboration avec les diffuseurs, cette action a mobilisé de nouveaux outils pour bloquer en temps réel des sites et services illégaux. Mais en quoi consiste cette approche et est-elle réellement efficace ? Retour sur cette offensive et ses limites.

Face à la recrudescence de l’IPTV illégal, qui permet d’accéder à un bouquet de chaînes pour un abonnement à prix réduit, l’Arcom a intensifié ses efforts. Pour PSG-OM, elle a coordonné le blocage de 171 noms de domaine, en partenariat avec les diffuseurs (comme DAZN et BeIN Sports) et l'Association pour la Protection des Programmes Sportifs (APPS).
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Une "opération commando" pour bloquer les flux IPTV pirates
Le dispositif mis en place s'est appuyé sur deux vagues de blocages : une première intervention 30 minutes avant le coup d’envoi, suivie d’une seconde 30 minutes après le début du match. Cette méthode vise à perturber la diffusion des flux illégaux en coupant l’accès aux plateformes les plus populaires au moment clé, rendant ainsi leur utilisation plus complexe pour les spectateurs pirates.
Parmi les faits notables de cette opération, le nombre de domaines bloqués lors de cette soirée, 171 pour être exact, est en nette baisse par rapport au match aller en octobre 2024, où 340 sites avaient été bloqués. L’Arcom justifie cette diminution par l’effet des opérations répétées depuis plusieurs mois, qui réduiraient progressivement le nombre de services illégaux actifs.
Un arsenal technologique renforcé pour accélérer les blocages
Via L'Équipe, nous apprenons pourtant que l'Arcom a investi pour améliorer l'efficacité de sa lutte contre l'IPTV, afin de constituer un véritable "commando antipiratage". 200 000 euros ont ainsi été mis sur la table dans des outils automatisés visant à accélérer la détection et le blocage des sites pirates. Parmi ces outils :
- Le logiciel DAD (Dispositif-Actualisation-Décision), qui permet aux diffuseurs de signaler un service illicite en fournissant une preuve horodatée (ex. : capture d’écran).
- Un système de traitement rapide des blocages, qui permet d’éditer un procès-verbal en moins de 10 minutes, contre un processus manuel bien plus long auparavant.
- Une liste de sites mise à jour en temps réel, envoyée aux fournisseurs d’accès à Internet (FAI) pour exécution immédiate des blocages.
Grâce à ce nouveau dispositif, l'Arcom serait parvenu à bloquer 1 293 noms de domaines pirates depuis le début de l'année 2025. Un chiffre proche du total enregistré sur l'ensemble de l'année 2023, pour comparaison.
Une stratégie efficace ou une réponse insuffisante ?
Si cette opération marque une avancée pour l’Arcom, elle soulève néanmoins plusieurs interrogations.
Un dispositif lent et limité face à l’Italie et l’Angleterre
Contrairement à des pays comme l’Italie et l’Angleterre, où les diffuseurs peuvent bloquer directement des sites sans passer par une autorité intermédiaire, la France souffre encore d’un processus administratif complexe, un sujet régulièrement soulevé par les ayant-droits qui souhaitent aller plus loin. Chaque demande de blocage doit être validée par plusieurs responsables, ce qui ralentit l’ensemble de la procédure. En comparaison, l’Italie peut bloquer jusqu’à 18 000 sites en un week-end, contre seulement 5 000 par an pour l’Arcom. Malgré tout, la comparaison face au Piracy Shield peut aussi être vu avec un œil plus critique, l'outil italien ayant déjà fait des victimes collatéral comme ce fut le cas lorsque Google Drive a été mis hors service tout un week-end.
Cette situation a été vivement critiquée par Brice Daumin, directeur général de DAZN France, qui dénonce la lenteur du processus. Selon lui, le piratage est la principale cause du faible nombre d’abonnés à DAZN en France (le dernier chiffre connu mentionnait 500 000 abonnés).
L'absence de moyens contre Telegram et d'autres plateformes
Si l’Arcom a renforcé son arsenal technologique, elle reste impuissante face aux services de messagerie comme Telegram ou Discord, qui jouent un rôle clé dans la diffusion des liens IPTV pirates. Cette lacune laisse une porte ouverte aux utilisateurs qui peuvent facilement se rediriger vers de nouvelles adresses non bloquées.
"Nous sommes dans une situation type gendarmes et voleurs, avec des innovations constantes pour contourner la loi."
Martin Ajdari, président de l’Arcom, via l'Équipe
Parmi les solutions plus radicales, le blocage par adresse IP, est envisagée. Cependant, cette approche soulève un problème majeur : les serveurs IPTV hébergent parfois du contenu légal, ce qui pourrait entraîner des dommages collatéraux en bloquant des services légitimes.
L'Arcom gagne une bataille, mais pas la guerre
L’opération "commando" de l’Arcom illustre une volonté accrue de lutter contre le piratage IPTV en rendant l’accès aux flux pirates plus compliqué. Il y a, en effet, fort à parier que les spectateurs cherchant des flux illicites en amont du match ont dû éprouver quelques difficultés. Les investissements récents permettent un traitement plus rapide des blocages, mais la lourdeur administrative française reste pointé du doigt par les ayant-droits.
Comparé à l’Italie ou l’Angleterre, le rythme de blocage est encore trop lent et les pirates trouvent toujours des solutions. De plus, comme le souligne Torrent Freak, la communication prématurée des horaires des blocages et le laps du temps entre les premiers blocages et le début du match a sans doute limité l'impact de cette opération.
Un autre élément à prendre en compte est l’absence de données immédiates sur l’impact de ces actions sur les audiences des diffuseurs. L’Arcom doit attendre 2 à 3 mois pour obtenir des chiffres via Médiamétrie et mesurer l’efficacité réelle des blocages. Car, une chose est sûre, si le streaming illégal a tendance à reculer sur le long terme, il connaît toujours de très hauts pics lors d’événements majeurs comme PSG-OM.
Le prochain grand test sera-t-il plus efficace ? Affaire à suivre...
Sources : L'Équipe (1)(2), Torrent Freak
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