C'était le premier grand moment de la saison de Ligue 1 pour son diffuseur officiel, DAZN. Comptant parmi les matchs les plus suivis et commentés de la saison, le Classico a fait parler de lui fin octobre. Pas seulement en raison du scénario du match avec la défaite humiliante de l'OM, mais surtout car le "phénomène IPTV" a été scruté de très près ce weekend-là.
Titulaire des droits de la Ligue 1 pour la retransmission de 8 affiches depuis le début de la saison, alors que BeIN diffuse également une rencontre par journée de championnat, DAZN a multiplié les offres promotionnelles et avantages en amont de la rencontre OM - PSG, mettant en place un dispositif attractif pour les abonnés. Néanmoins, le diffuseur accuse le coup : le piratage des rencontres de Ligue 1 pèse lourdement sur ses activités.
OM - PSG : des chiffres inquiétants
La rencontre devait être un tournant pour DAZN. Le diffuseur britannique, dont les meilleures estimations faisaient état de 500 000 abonnés au moment du Classico, le clame haut et fort depuis plusieurs mois : le piratage nuit gravement à la santé de ses activités et sur les abonnements souscrit à son service. Ce n'est pas la LFP qui dira le contraire, ni même l'Arcom. Les deux organisations viennent de dévoiler des chiffres inquiétants pour le monde du football français.
04 novembre 2024 à 13h15
Dans une étude commandée par la LFP à l'institut Ipsos, on apprend que les deux diffuseurs officiels de la Ligue 1 font face à un véritable "phénomène IPTV" auquel les français et amateurs de football semblent de plus en plus souscrire. Pour cause, la grande affiche de cette première partie de saison, la rencontre OM - PSG qui a eu lieu le 27 octobre dernier, aurait été suivie de manière illégale par 55 % de spectateurs.
Pour le dire autrement, 1 personne sur 2 a regardé le match illégalement via des services IPTV, souvent par le biais de Telegram, en obtenant les flux via des applications comme Kodi, ou simplement via des sites accessibles après une courte recherche sur le web. Plus globalement, cette étude établie sur des sondages déclaratifs met en avant le fait que 37 % des spectateurs de la Ligue 1 pour cette saison visionneraient le championnat via des services illicites. Autre fait marquant, 27 % de ces personnes n'auraient jamais recouru à ces plateformes IPTV auparavant, un chiffre qui montre bien le désintérêt de certains spectateurs vis-à-vis des offres de DAZN, et peut-être même un certain boycott puisque de nombreux amateurs de football appellent à se passer des services du diffuseur depuis le début de la saison.
05 novembre 2024 à 15h45
L'ampleur du phénomène est telle que les diffuseurs, comme les autorités, élèvent le niveau de la lutte contre le piratage ces derniers. Nous en avons eu des exemples concrets avec le blocage de nombreux sites ces dernières semaines, notamment sous l'impulsion de Canal+ et DAZN, visant même les fournisseurs de DNS alternatifs, ou encore au Sénat par le biais d'un rapport accablant dans lequel a d'ailleurs été évoqué la création d'un "délit de piratage".
Idem du côté de l'Arcom. L'organisation a mis les bouchées doubles en amont de la rencontre OM - PSG, coupant net pas moins de 342 flux illégaux ce weekend de fin octobre où nous avions titré "Ligue 1 : pluie de cartons rouges ce weekend contre l’IPTV".
L'Arcom dévoile son bilan dans la lutte contre le piratage
Aujourd'hui même, l'Arcom a dévoilé son bilan sur la lutte contre le piratage. On y apprend ainsi que le piratage audiovisuel et sportif a entraîné un manque à gagner de 1,5 milliard d'euros en 2023. Cela représente pas moins de 12 % du marché légal, qui est évalué à 11,8 milliards d'euros. La part est d'ailleurs un peu plus élevée pour les contenus sportifs, la perte avoisinerait les 290 millions d'euros, soit environ 15 % du marché légal. L'impact sur les clubs de football professionnel est ainsi estimé à 130 millions d'euros.
Les chiffres témoignent également d'une situation où beaucoup de scénarios restent probables. On apprend, par exemple, que 59 % des téléspectateurs qui consomment des contenus via des services pirates ont le sentiment d'être dans la légalité. Parmi eux, 70 % des consommateurs illicites audiovisuels se disent prêts à migrer vers des offres légales si elles devenaient plus attractives. En revanche, ils ne sont plus que 45 % à déclarer ceci lorsque l'on évoque uniquement les contenus sportifs.
Toujours à partir des chiffres dévoilés dans le bilan de l'Arcom, on remarque que ce qui fait la grande attractivité de l'IPTV pour les spectateurs n'est autre que la très large offre de contenus. Ils sont ainsi 61 % à évoquer le fait que ces services permettent de visionner autant des séries, des films, des émissions en direct, que des contenus sportifs. Les diffuseurs devraient par ailleurs prendre en compte un autre fait important concernant le manque à gagner pour l'industrie : 88 % des spectateurs qui consomment ces contenus illicites déclarent avoir déjà un ou plusieurs abonnements payants sur diverses plateformes légales. En clair, seulement 12 % d'entre eux n'engagent aucuns frais dans un service légal.
Dans le même temps, les autorités viennent de réaliser un véritable coup de filet cette semaine en Europe, mettant fin à un service de streaming pirate qui générait 3 milliards d'euros de revenus par an, dont une grande partie sur le dos des diffuseurs de football ! La lutte contre le piratage est plus que jamais d'actualité.
DAZN (à prononcer Da Zone) est une plateforme de streaming sportif apparue en Angleterre en 2015, puis lancée en France en 2020. Pour le foot, c'est le diffuseur officiel des matchs de la Ligue 1. On y retrouve aussi de nombreux autres sports et championnats (boxe, le basketball, le rugby, etc.)
- Visionnage en direct ou à la demande
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