Le numéro un mondial de l'édition de logiciels, l'américain Microsoft, et l'INRIA, Institut national de recherche en informatique et en automatique, ont inauguré le 11 janvier 2007 leur laboratoire commun à Orsay (Essonne), le décès en février 2006 de Gilles Kahn, ancien patron de l'INRIA à l'origine de cette initiative, ayant retardé la mise en oeuvre du projet dévoilé au printemps 2005.
C'est une première : Jamais, jusqu'ici, la firme co-fondée par Bill GATES n'avait créé de centre de R&D en commun avec un organisme public, ce qu'elle souhaite développer désormais. Le labo commun à l'Institut et à Microsoft est co-financé à 50-50 par les deux parties. Piloté par Jean-Jacques Levy, directeur de recherche à l'INRIA, ce laboratoire de recherche fondamentale, le 4ème basé à l'étranger pour Microsoft (avec ceux de Pékin en Chine, Cambridge au Royaume-Uni et Bangalore en Inde) devrait compter, fin 2007, une trentaine de chercheurs. Leurs travaux se focaliseront, d'une part, sur la sécurité et la fiabilité des logiciels, et, d'autre part, sur le développement de nouvelles solutions dédiées au traitement et à l'analyse de données scientifiques complexes, précisent Les Echos.
C'est un bon point pour Microsoft et pour l'Europe (le pôle de Cambridge compte actuellement 90 chercheurs, sur un total de 700 dans le monde en recherche fondamentale.) C'est une bonne opération pour l'Ile-de-France, qui peine à augmenter et à rajeunir ses effectifs de chercheurs, et pour l'INRIA, en terme de moyens et de rayonnement international. Les interrogations ne manquent pas : sur la pertinence d'une collaboration exclusive avec Microsoft, sur la gestion de propriété intellectuelle - détenue conjointement par l'INRIA et par Microsoft, son transfert sera géré «au cas par cas». Toutefois, comme l'a indiqué Bernard Charlès, DG de Dassault Systèmes, aux Enjeux, le mois dernier :
« Si nous voulons revendiquer un rôle dans le modèle économique du futur, nous ne l'obtiendrons pas en pensant que nous avons une position à défendre, un héritage à revendiquer. Mais bien, plutôt, comme le font d'ailleurs les pays émergents, en nous donnant une ambition à concrétiser. Au passage c'est plutôt réconfortant : même si nous avons pris du retard dans certains domaines, nous avons tout le potentiel pour gagner notre place auprès de futurs acteurs de l'économie mondiale, tantôt comme leader, tantôt comme partenaire. »