DRM : réactions à la déclaration de Steve Jobs

Alexandre Laurent
Publié le 07 février 2007 à 16h42
Comme on pouvait s'y attendre, la lettre ouverte publiée le 6 février par Steve Jobs sur le site d'Apple (voir Steve Jobs : " les DRM n'ont jamais fonctionné ") n'est pas passée inaperçue. Partisans et détracteurs des mesures techniques de protection n'ont pas manqué de réagir aux propos du dirigeant d'Apple qui, rappelons-le, confesse que de son point de vue, les DRM sont bien un problème pour le consommateur.

Ouvrons le bal avec VirginMega.fr, qui à l'instar de FnacMusic.com, a récemment décidé de commercialiser une partie de son catalogue au format MP3, sans mesures techniques de protection. « Cette nouvelle prise de position de la part de Steve Jobs est une grande victoire pour l'industrie et pour les consommateurs de musique en ligne », déclare Julien Ulrich, directeur général de VirginMega.fr. « Après le ralliement de la plupart des producteurs indépendants, les majors seront les derniers acteurs à convaincre de la nécessité de proposer des titres sans verrou ».

L'UFC Que Choisir, qui affiche régulièrement sa position clairement tranchée sur la question des DRM, profite de la déclaration de Steve Jobs pour enfoncer le clou au niveau français et demande « au ministre de la Culture et de la Communication d'intervenir auprès des 4 principales maisons de disques pour qu'elles retirent les DRM qui sont adossés aux fichiers numériques vendus sur les plates-formes de vente en ligne ».

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L'association de défense des consommateurs rappelle que les grandes maisons de disque sont désormais les seules à imposer l'utilisation de DRM, de nombreux labels ayant accepté de commercialiser leur musique en MP3 sur des sites comme VirginMega, FnacMusic ou encore eMusic. « Dans la mesure où la loi DADVSI du 1er août 2006 voulue par le ministre interdit aux consommateurs de contourner ces DRM sous peine de sanctions lourdes, il est de son devoir de se positionner et le cas échéant d'interpeller les majors sur la nécessité de « libérer la musique sur internet », conclut l'UFC Que Choisir.

Des trois alternatives proposées par Steve Jobs (conserver le système actuel, préjudiciable au consommateur ; ouvrir FAIRplay sous licence à d'autres fabricants et services ; abandonner les DRM), la RIAA (Recording Industry Association of America) retient la deuxième, qui permettrait de ne pas lever les mesures techniques de protection tout en garantissant un semblant d'interopérabilité au consommateur. « L'offre d'Apple d'ouvrir FairPlay sous licence à d'autres sociétés constitue une avancée majeure, une véritable victoire pour les fans, les artistes et les labels », affirme l'un de ses porte-paroles. Problème : Steve Jobs refuse pour le moment d'ouvrir FairPlay. Il estime que cette manoeuvre fragiliserait la protection jusqu'à la rendre inefficace.

Jason Reindorp, directeur marketing en charge de la promotion du baladeur Zune chez Microsoft, déclare de son côté au New York Times que l'appel lancé par Steve Jobs est « irresponsable ou pour le moins naïf ». « C'est comme s'il déclamait du sommet de sa montagne, alors que nous, au sol, nous essayons de travailler avec l'industrie pour que les choses avancent », lâche-t-il encore.

Déclaration de bonne intention, ou simple tentative de se dédouaner du problème des DRM, la lettre ouverte de Steve Jobs a sans doute eu l'effet escompté par son auteur : faire voir Apple comme un moteur, bien plus soucieux de faire évoluer les choses dans le sens qui convient le mieux au consommateur que ne l'est soi-disant la concurrence. S'il est vrai que Steve Jobs affirme depuis 2002 et peut-être avant qu'il est indispensable de simplifier l'achat et l'utilisation de musique numérique pour enrayer le piratage, Apple est sans nul doute l'un des distributeurs à qui le système fermé des DRM a le plus profité.
Alexandre Laurent
Par Alexandre Laurent

Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech, que ça concerne le grand public, l'entreprise, l'informatique ou Internet. Milite pour la réhabilitation de Après que + indicatif à l'écrit comme à l'oral, grand amateur de loutres devant l'éternel, littéraire pour cause de vocation scientifique contrariée, fan de RTS qui le lui rendent bien mal.

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