Chef de projet chargé de l'accompagnement des jeunes pousses technologiques de Paris Cyber Village, Pierre Bérendès détaille les liens existants entre la pépinière, l'agence Paris Développement et le pôle de compétitivité numérique Cap Digital.
AB - Pierre Bérendès bonjour. Quel est votre rôle au sein de la pépinière technologies numériques Paris Cyber Village ?
PB - Mon métier consiste à accompagner au quotidien une trentaine d'entreprises hébergées ici, dans le 19ème arrondissement, sur la pépinière Paris Cyber Village spécialisée dans les technologies numériques. La pépinière a été créée en 2001 à l'initiative de la Ville de Paris et de la Chambre de commerce et d'industrie (CCIP). L'idée consiste à proposer aux jeunes entreprises innovantes un endroit à Paris où elles puissent se développer, mais aussi un accompagnement pour faire en sorte qu'elles réussissent.
AB - Quelles sont les relations entre l'incubateur Paris Innovation, la pépinière Paris Cyber Village, et Cap Digital, pôle de compétitivité numérique ?
PB - Tout d'abord, la pépinière technologie numérique, l'incubateur, mais aussi la pépinière design et contenu numérique dépendent toutes de Paris Développement, l'agence de développement économique de Paris, et sont unis par une même équipe, une dizaine/quinzaine de personnes, dédiée à l'accompagnement d'une centaine de start-up chaque année. Une entreprise innovante en création, une micro-entreprise, pourra être soutenue par l'incubateur. Une entreprise en phase de développement pourra être hébergée par l'une des pépinières. Tout dépend du niveau de maturité de l'entreprise (technologie validée auprès de clients, chiffre d'affaires, R&D...) et de son secteur d'activité.
Les liens avec Cap Digital sont assez simples : Paris Développement a soutenu la création du pôle de compétitivité Cap Digital au moment des appels d'offres lancés par le gouvernement (fin 2004). Par ailleurs, de nombreuses entreprises (incubées) accompagnées par Paris Développement sont aujourd'hui membres du pôle Cap Digital. Enfin, Paris Développement fait souvent le lien opérationnel entre le pôle de compétitivité numérique et la Ville de Paris.
AB - Quid du financement de la pépinière et du rapport entre secteurs public et privé ?
PB - La pépinière Paris Cyber Village dépend de Paris Développement, l'agence de développement économique de Paris. Celle-ci est financée à peu près pour 60% par la Ville de Paris, 20% par la CCIP, le reste par le Fonds social européen et d'autres organismes comme le Conseil régional d'Ile-de-France, mais aussi par des financements privés notamment ceux des adhérents de Paris Développement, une centaine, grands comptes, mais aussi start-up. .
AB - Quel est le profil des entreprises hébergées sur la pépinière Paris Cyber Village ?
PB - Sur 5.000 m2 de locaux, 35 entreprises sont hébergées et accompagnées en permanence. Ces entreprises ont toutes développé une technologie innovante et ont moins de 4 ans à leur entrée. Il s'agit principalement d'éditeurs de logiciels pour entreprises/B2B (mobilité, télécoms, e-marketing, sécurité, open source...), plus rarement grand public. Viennent d'arriver des sociétés en devenir comme SAAS4, éditeur d'une solution en ligne de gestion de catalogues pour PME, ou Droppix dans la sauvegarde numérique. Parmi les anciens de la pépinière, des « success-stories » : celle d'Exalead, l'un des premiers moteurs de recherche français, Sequans Communications, dans le WiMax. Je pense également à Toluna, fournisseur d'enquêtes en ligne prêt à nous quitter. Leur point commun ? Elles proposent toutes des technologies de pointe qui permettent de les différencier sur le marché.
AB - Quelles prestations propose Paris Cyber Village à ces jeunes entreprises ?
PB - Paris Cyber Village leur donne les moyens de développer leur activité : un hébergement dans le 19ème arrondissement de Paris avec, ce qui est unique dans la capitale, la possibilité d'ajuster rapidement la surface à l'évolution de l'activité : commencer dans un local de 40 m2 pour 4 ou 5 personnes et grandir au fur à mesure de leur développement (jusqu'à 350 m2). Des services : logistique, accueil, cafétéria, salles de réunion, accès Internet fibre optique, un responsable sur site... Les entreprises bénéficient également de l'appui de l'équipe d'accompagnement pour des problématiques variées : recrutement, communication, marketing, participation à des salons, création de sites web, de plaquettes, développement international, mais aussi et surtout orientation vers les autres acteurs parisiens de l'innovation (prêts d'honneur, OSEO, CRITT, VC, etc.) On est un peu comme un médecin généraliste qui orienterait ses patients vers des spécialistes.
Ces entreprises ont quatre années pour faire leurs preuves et elles réussissent ! 83% des 80 entreprises qui sont passées par la pépinière Paris Cyber Village sont toujours en activité, cela représente aujourd'hui quasiment 1000 emplois créés sur Paris. Bien entendu quand on prend des risques, il y a des « couacs » : des problèmes humains font qu'une entreprise va arrêter son activité, des distorsions entre associés, un marché pas toujours réactif ou mal appréhendé. Notre job consiste à faire en sorte que ces couacs soient minimisés avec des astuces : privilégier le service si le produit ne se vend pas, maîtriser la gestion financière de l'entreprise, être capable de réduire la voilure, de licencier quand il le faut. Bref, être capable de s'adapter à la vie réelle et au marché.
La pépinière est aussi une jeune pousse qui s'améliore en faisant évoluer son offre de services, étant toujours plus proche des entreprises à travers le développement de services mutualisés (prêt de matériel, services de relation presse...), le réseau, l'esprit de communauté. L'aspect humain est la clé de voûte de la réussite ou de l'échec. Un exemple, tous les mois nous organisons une pizza party sur un thème suggéré par une JEI, récemment celui de la gestion des ressources humaines. Les entreprises de la pépinière ont échangé leurs expériences en matière de recrutement, mis en lumière les meilleures pratiques. Les synergies existent. Noheto (gestion de contenu web) et Wedia (publication presse), deux anciennes sociétés de la pépinière, ont fusionné avec succès début 2007. La nouvelle entité représente un effectif de plus de 70 personnes toujours à Paris, dans le 20ème arrondissement. Certaines combinent leurs savoir-faire pour répondre à un appel d'offres, d'autres encore vont combiner deux technologies pour créer un produit commun.
AB - Combien de candidatures sont reçues chaque année par la pépinière ?
PB - Environ 200 candidatures par an pour une dizaine d'entrées. Nous demandons à l'entreprise un business plan et nous recevons l'équipe dirigeante lors d'un entretien. Une fois qu'il y a accord mutuel entre l'entreprise et la pépinière, un comité de section composé de différents acteurs (investisseurs, représentants de Paris Développement, Cap Digital, Paris Entreprendre, Scientipole Initiative, OSEO, CCI, Ville de Paris, etc.) étudie la validité du projet. Si celui-ci est pertinent, l'entreprise pourra intégrer quelques jours plus tard Paris Cyber Village.
AB - Pierre Bérendès, je vous remercie.
Pierre Bérendès : "Paris Cyber Village fournit aux start-up hébergement et accompagnement"
Par Ariane Beky
Publié le 06 septembre 2007 à 14h10
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