Airbus - Boeing : pertes monstres, licenciements... les deux avionneurs broient du noir

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 30 avril 2020 à 19h40
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Un A330-900 (© Airbus - Master Films - Alexandre Doumenjou)

Les deux géants ont déjà perdu des centaines de millions d'euros cette année, alors que le deuxième trimestre, qui s'annonce douloureux, a à peine débuté. Les premières mesures sont attendues.

Si les victimes premières de la crise du coronavirus dans le secteur aérien sont les compagnies aériennes et les nombreux emplois qui en dépendent, les constructeurs, qui sont dépendants du trafic aérien, subissent de plus en plus sérieusement les inconvénients de cette crise sans précédent. Si Airbus préfère communiquer sur ses pertes au premier trimestre, son concurrent américain historique, Boeing, a déjà prévu de se séparer de 10% de ses effectifs mondiaux. Et ce n'est peut-être que le début.


Des pertes abyssales et une activité fortement réduite chez Airbus

Airbus d'abord. Mercredi matin, lors de la présentation de ses résultats trimestriels, le constructeur aéronautique européen a annoncé une perte totale de 481 millions d'euros au premier trimestre, perte que le groupe impute à la crise provoquée par la pandémie de Covid-19. Un an plus tôt, Airbus avait engendré un bénéfice net de 40 millions d'euros, sur la même période.

Le chiffre d'affaires de la compagnie, lui, a aussi baissé au premier trimestre, avec une diminution de 15,2% pour les trois premiers mois de l'année 2020, à 10,6 milliards d'euros. Le résultat opérationnel, lui, a plongé de 49% pour s'établir à 281 millions d'euros. Et cela même alors que le dur de la crise devrait plus lourdement frapper les avionneurs au second trimestre. Au premier trimestre, Airbus a en tout cas livré 122 avions, soit 40 appareils de moins qu'en 2019.

Sur le plan humain, le groupe européen a bloqué les embauches et seuls 3 000 des 48 000 salariés français du constructeur (qui en totalise 134 000) sont en chômage partiel, et restent rémunérés à hauteur de 92% de leur salaire net. 3 000 collaborateurs du site gallois de Broughton ont suivi le 27 avril. De nombreux salariés redoutent de perdre leur travail. 10 000 emplois pourraient à terme être menacés.

« L'industrie aéronautique est à l'arrêt », constatait jeudi sur RTL le P-D.G. d'Airbus Guillaume Faury. « Ça peut être mortifère pour cette industrie », redoute même-t-il, avant de pester contre les dispositifs planchant pour la neutralisation d'un siège sur deux dans les avions, une idée malvenue qui selon lui, « n'a aucun sens médical », en affirmant que les masques et les mesures barrière suffisent, l'air étant filtré en avion.


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Boeing 777-200 d'Air France (© Air France)

Boeing, 10% des emplois menacés

Est-on aussi pessimiste et touché par la crise chez Boeing ? Oui, clairement. Le constructeur américain a annoncé, mercredi et également en marge de ses résultats trimestriels, une baisse tout à fait significative de son chiffre d'affaires, tombé à 16,91 milliards de dollars au premier trimestre 2020, en baisse de 26,2% sur un an. C'est beaucoup plus que le rival Airbus.

De même, le groupe américain, basé à Chicago, qui a livré un tiers d'appareils en moins, avait une dette de 27,3 milliards de dollars à la fin de l'année 2019. Celle-ci était de 38,9 milliards de dollars à la fin du mois de mars. Et après avoir utilisé ses 13,8 milliards de dollars de crédit le mois dernier, le constructeur n'a peut-être pas d'autre choix que de solliciter un soutien fédéral. L'avionneur réclamerait 60 milliards de dollars d'aides publiques. « La nette réduction de la demande pour nos produits et services pour les prochaines années ne peut simplement pas soutenir les niveaux élevés de notre production », a réagi le patron du groupe, Dave Calhoun, dans une lettre adressée aux salariés.

La crise n'est évidemment pas sans conséquence au niveau salarial. Boeing a d'ores et déjà annoncé, cette semaine, une réduction des effectifs totaux à hauteur de 10% (voire plus), avec la suppression attendue de 16 000 emplois, qui permettra de réduire la production des avions long-courriers, dont les commandes sont à l'arrêt. 70 000 des 160 000 salariés du groupe seraient éligibles au plan de départs. Boeing compte notamment sur une relance de la production du 737 MAX au troisième trimestre, espérant atteindre une production de 31 appareils par mois en 2021.
Alexandre Boero
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