LeWeb 2014 - Airbnb enrichira son service autour du voyage

Guillaume Belfiore
Par Guillaume Belfiore, Rédacteur en chef adjoint.
Publié le 10 décembre 2014 à 15h44
Lancé dans l'Hexagone il y a tout juste trois ans à l'occasion du salon Le Web, le service Airbnb gagne en popularité et souhaite repenser la manière de louer sa chambre, son appartement ou sa maison. Retour sur cette croissance fulgurante avec Olivier Grémillon, directeur de Airbnb en Europe et en Afrique.

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Comment se porte Airbnb en France par rapport aux autres marchés ?

Olivier Grémillon : Nous avons désormais 1 million d'annonces dans le monde, plus de la moitié d'entre elles en Europe. La France représente 10% de ces dernières.

Donc la France est un gros marché pour nous, c'est le second derrière les États-Unis. Pour mettre en perspective l'Europe représente 50% de notre business aujourd'hui.

Historiquement, nous étions assez forts à Paris. Au début la capitale regroupait la moitié des annonces. Aujourd'hui Paris compte pour 30% de ces dernières. Nous nous sommes développés dans les autres grandes villes et sur les lieux de vacances, qu'il s'agisse de la Corse, de la Côte d'Azur ou de la côte Ouest mais aussi vers les stations de ski.

Vérifiez-vous chacune des annonces publiées ?

Olivier Grémillon : Non, nous avons des critères de qualité, par exemple sur le nombre de photos. Aussi si les gens veulent des photos professionnelles, nous envoyons un photographe gratuitement. Il vérifiera ensuite la nature de l'annonce.

Mais aussi, le paiement est différé. Si je viens chez vous dans trois semaines, je paie Airbnb tout de suite mais Airbnb ne vous paiera que 24 heures après mon arrivée. Donc si l'annonce n'existe pas - ce qui peut arriver sur Internet - ou si le logement n'est pas conforme à la description de l'annonce alors vous ne serez jamais payé.

Le mécanisme se régule automatiquement et puis il y a le système de notes.

Vérifiez-vous systématiquement que le locataire dispose de l'accord du propriétaire pour sous-louer son appartement ?

Olivier Grémillon : Dans le cas du propriétaire il n'y a évidemment pas besoin d'autorisation. Par contre, le locataire aura besoin d'une autorisation écrite du propriétaire.

Dans certains cas c'est écrit dans le bail mais dans la plupart des cas il faut formuler une demande. Nous ne vérifions pas cette donnée. Mais nous communiquons auprès des hébergeurs. Contrairement à ce que les gens pensent la sous-location est légale en France, il faut juste cette autorisation.

D'ailleurs de plus en plus de gens donnent cette dernière. Ils se rendent compte que c'est une manière de sécuriser la rentrée d'argent pour le locataire et donc d'assurer le versement d'un loyer au propriétaire par la suite.

Enfin, les risques de dégradation ne sont pas plus élevés.

En revanche, le propriétaire connaît le locataire directement, ou via une agence, mais il n'a aucune idée du touriste qui emménagera...

Olivier Grémillon : Oui, mais le locataire n'a pas intérêt à accueillir quelqu'un qu'il n'a pas envie de voir. En cas de dommages, ces derniers toucheront davantage les biens du locataire mais pas l'appartement du propriétaire.

Si mon locataire a confiance, je peux également lui faire confiance vu qu'il a lui-même plus à perdre.

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Quelles types de pressions subissez-vous de la part des chaînes hôtelières ?

Olivier Grémillon : Nous avons des discussions avec des hôteliers et nous échangeons beaucoup avec leurs syndicats. Les relations étaient un peu compliquées au début mais il y avait pas mal de mythes sur ce que fait réellement Airbnb.

De leurs côtés ils font leur boulot de lobbying pour protéger leurs activités mais ça me parait assez logique. De temps en temps ils poussent quelques revendications.

Comme la collecte de la taxe de séjour ?

Olivier Grémillon : Oui, par exemple. Les propriétaires chez Airbnb ont toujours été soumis à la taxe de séjour donc ce n'est pas une chose nouvelle.

La question était : "quelle est le pourcentage d'entre eux qui la payait réellement ?" Personne ne le sait. Aujourd'hui en accord avec le gouvernement Airbnb doit donc désormais se substituer à l'hôte dans la collecte de cette taxe à la source pour la reverser aux municipalités.

A la fois nous simplifions la chose pour les hébergeurs qui n'ont pas à consulter la loi à chaque fois qu'ils proposent leur appartement et en plus les municipalités sont contentes.

Comment sont établies ces discussions avec les municipalités ?

Olivier Grémillon : En France ce sont des discussions très locales, il y a 36 000 communes mais il n'y en a 1475 qui appliquent la taxe de séjour mais elle ne pratiquent pas toutes le même taux.

Et cela touche tous les pays qui ont leurs propres réglementations.

Avant la loi était relativement floue mais elle se clarifie un peu plus désormais. Il y déjà trois lois qui sont passées sur en France, c'est déjà pas mal et le gouvernement finira par s'intéresser à un autre sujet.

Avez-vous envisagé des partenariats avec ces municipalités ?

Olivier Grémillon : Nous faisons énormément de choses avec les ministères du tourisme dans différents pays. Nous travaillons aussi sur des sponsoring d'événements. Nous sommes également en discussion avec la Compagnie des Alpes pour voir ce que nous pouvons faire. D'ailleurs il devrait y avoir quelque chose à annoncer en janvier avec l'une des stations.

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Pourriez-vous revenir sur le fonctionnement de la garantie ?

Olivier Grémillon : Cette garantie n'existe pas dans tous les pays. Si je viens chez vous et que je casse trois verres, il y a une caution et en passant pas Airbnb vous pouvez la débloquer pour le remboursement.

Si c'est quelque chose de plus important, dans 95% des cas les gens s'arrangent entre eux. Ils se remboursent mutuellement via un outil en ligne. Dans le cas de dommages, l'assurance personnelle entre en compte et nous couvrons le reste à hauteur de 700 000 euros.

Mais en général cela se passe très bien, la garantie reste assez exceptionnelle.

Nous avons récemment appris qu'Amazon allait se lancer auprès des petits hôteliers, qu'en pensez-vous ?

Olivier Grémillon : Dans notre secteur il y a toujours eu énormément d'acteurs. A Paris, j'ai entendu dire qu'il y avait 300 à 400 plate-formes. Il y a aussi de nouveaux acteurs comme Priceline ou Booking qui rentrent dans ce secteur avec des moyens non négligeables.

Amazon a une bonne connaissance des places de marchés et des algorithmes de recherche. Aujourd'hui ils s'attaquent au secteur hôtelier mais s'ils s'intéressent à notre marché, je pense que ça serait potentiellement assez sérieux.

Mais nous regardons davantage vers l'avant et on ne passe pas un temps démesuré à analyser ce que fait la concurrence.

Justement, comment imaginez-vous Airbnb dans une dizaine d'années ?

Olivier Grémillon : Aujourd'hui nous n'avons "que" 1 million d'annonces mais il y a 7 milliards de personnes sur Terre. Nous avons encore beaucoup de marge de manœuvre. Même en France, aujourd'hui il y a 100 000 listings mais il n'y a pas de raison pour lesquelles tout le monde ne mettrait pas en location son appartement ou sa maison.

Il y a encore quelques freins. Certains ne sont pas à l'aise sur Internet, d'autres ont peur pour leurs biens... mais bon il y a 25 millions de maisons en France...

Aussi nous voulons essayer de voir ce que l'on peut faire autour du voyage. Il y a beaucoup de choses qui peuvent être faites entre le moment où vous quittez votre maison et le moment où vous revenez ; il se passe plein de choses et nous réfléchissons à enrichir le service.

Et sur l'année 2015, que peut-on attendre d'Airbnb ?

Olivier Grémillon : On va se focaliser sur l'Asie où il y a beaucoup de croissance. En France nous allons développer la notoriété d'Airbnb avec un plan marketing. Et puis, nous continuons à développer la saison d'hiver.

Nous souhaitons aussi développer des logements qui sortent un peu de l'ordinaire qu'il s'agisse d'un château, d'un loft, d'un quartier en particulier, d'une expérience spécifique ou d'une vue un peu originale.

Je vous remercie.


Guillaume Belfiore
Rédacteur en chef adjoint
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