La gronde contre Airbnb se poursuit à Paris, malgré l'entrée en vigueur au 1er octobre d'une taxe de séjour pour les loueurs. L'Umih, principale organisation patronale de l'hôtellerie-restauration, dénonce ainsi une « industrialisation » de la location d'hébergements meublés de courte durée sur les plateformes en ligne, s'appuyant sur l'exemple de loueurs à Paris, l'un d'eux proposant plus de 100 appartements en location...
Par exemple, « Fabien dit qu'il sera toujours disponible durant votre séjour » mais « il propose en réalité 142 appartements à Paris en location sur Airbnb ». « Anne-Sophie, 22 ans, qui aime la mode et voyager et qui propose elle 21 appartements parisiens pour la location... », déplore Roland Héguy, président de l'Umih. Il y a aussi Patrice, qui n'a qu'un logement « mais génère 30 095 euros au mois d'août 2015 », ajoute-t-il.
« Nous sommes face à des offres mensongères car l'hôte pense avoir affaire à des personnes qui louent leur propre appartement, et qu'ils vont vivre une expérience unique, c'est faux », souligne Laurent Duc, de la branche hôtel à l'Umih. Le syndicat dénonce le « phénomène rampant » de la location d'hébergements meublés de courte durée sur Airbnb mais aussi des sites comme HomeAway, Abritel, ou Homelidays. Celui-ci s'est appuyé sur les données d'Inside Airbnb et des déclarations d'Airbnb. Les chiffres concernent Paris.
Le business Airbnb à Paris : les chiffres
On apprend que « 20 % des annonces sur Airbnb à Paris sont portées par des multipropriétaires et pèsent un tiers du chiffre d'affaires généré par Airbnb », que « 20 % d'offres sur Paris rapportent plus de 1 500 euros par mois et génèrent 75 % du chiffre d'affaires Airbnb » et qu'enfin, « 35 % des offres Airbnb sont disponibles plus de 120 jours par an sur Paris, représentant 74 % de son chiffre d'affaires », indique-t-on.« On ne s'est jamais opposé à ce type de plateforme de location sur le principe mais on note une nette accélération avec des loueurs qui passent entre les mailles du filet, ce n'est plus possible », ajoute Roland Héguy, selon qui Paris dénombre « une offre incontrôlée de 35 428 logements sur le site d'Airbnb quand celui-ci ne propose que 6 361 appartements en location pour la ville de San Francisco, où il a son siège ! »
Des tensions sur le marché immobilier
Si les hôteliers dénoncent un manque à gagner causé par cette forme de concurrence, le débat autour d'Airbnb concerne également l'offre en matière d'immobilier. Quand les propriétaires préfèrent louer leur logement au jour ou à la semaine sur ce genre de plateforme, le retour sur investissement - surtout dans une ville touristique comme Paris - peut être bien supérieur à celui d'une location classique à l'année.Airbnb est d'autant plus séduisant pour ces propriétaires depuis l'entrée en vigueur de la loi Alur et de l'encadrement des loyers à Paris. Les deux effets conjugués tendent à réduire l'offre locative dans la capitale. Et mécaniquement, ils constituent un levier d'inflation. À San Francisco, berceau d'Airbnb, un référendum réunissant hôteliers, syndicats et organisations de quartier tentera de juguler l'ampleur du phénomène.
À lire également :