Le propriétaire des appartements enchaînait les locations via la plateforme d'hébergement. Il a été placé en garde à vue.
Louer des logements inhabitables ? Pas de problème pour certains, comme pour cet homme d'une soixantaine d'années, propriétaire de trois appartements à Marseille, qui louait ses biens via la plateforme d'hébergement en ligne Airbnb, alors même que l'immeuble faisait l'objet d'un arrêté de péril, pris le 28 avril 2017.
« Nous appliquons une tolérance zéro pour ce type de comportement. Dès que nous avons pris connaissance de ces faits voilà plusieurs semaines, nous avons supprimé l'hôte et ses logements de la plateforme. La sécurité de notre communauté est notre priorité, c'est pourquoi nous avons annoncé récemment la vérification immédiate des sept millions de logements disponibles sur Airbnb. Plus de deux millions de voyageurs séjournent dans un Airbnb chaque nuit et les incidents sont extrêmement rares. Lorsqu'ils sont portés à notre attention, nous réagissons dans les plus brefs délais. »
100 000 personnes vivraient dans des « taudis » à Marseille
Dans la cité phocéenne, le traumatisme est profond. Depuis l'effondrement de deux immeubles de la rue d'Aubagne le 5 novembre 2018 ayant entraîné la mort de huit personnes, la ville vit dans la crainte qu'un drame semblable à celui-ci ne se produise. Depuis un an, les arrêtés de péril délivrés par les services municipaux se sont multipliés, 330 au total pour plus de 3 000 personnes évacuées, la mairie sortante prenant - à peine - conscience de la vétusté de ses habitations. La Fondation Abbé Pierre estime, elle, le nombre de Marseillais vivant dans des « taudis » à 100 000.Airbnb dévoile la liste des 20 destinations à visiter en 2020, avec un village français dans le lot
Alors forcément, la nouvelle rapportée par le procureur de la République de Marseille à nos confrères de l'AFP passe mal. Le propriétaire sexagénaire avait connaissance de l'arrêté, et ce depuis le 3 mai dernier. Il y a plus de six mois donc. L'immeuble en question est situé rue Molière, dans le premier arrondissement, à quelques dizaines de mètres du Vieux-Port, donnant sur l'une des façades de l'Opéra marseillais.
L'une des dérives du modèle des plateformes de type Airbnb
Malgré tout, l'homme louait toujours les appartements aux touristes de passage. Le parquet a ouvert une information judiciaire pour « mise en danger de la vie d'autrui et non-respect d'une interdiction d'habiter et d'utiliser des locaux », et placé en garde à vue le propriétaire. L'enquête, de son côté, a été confiée à la Sûreté départementale.Présenté à un juge d'instruction, l'homme aurait pu être placé en détention provisoire, comme le souhaitait le parquet, mais c'est finalement le régime du contrôle judiciaire qui a été décidé par le juge des libertés et de la détention, en échange d'une caution de 20 000 euros.
L'affaire peut indirectement porter préjudice à Airbnb, qui subit l'une des dérives potentielles de son modèle, à savoir le défaut de vérifications poussées des hébergements mis à disposition sur sa plateforme. Un dossier similaire a déjà été ouvert à la mi-novembre, toujours à Marseille. Le copropriétaire d'un immeuble, situé dans le treizième arrondissement et lui aussi sous arrêté de péril, utilisait des plateformes de location temporaire pour deux de ses appartements.
Source : L'Express.fr avec AFP