Le géant de la location d'hébergements en ligne a déposé, l'an dernier, un brevet visant à déterminer « la loyauté et la compatibilité » d'une personne. En somme : une intelligence artificielle qui se charge de dresser votre portrait psychologique, en partie à l'aide des médias sociaux.
Voilà qui devrait rappeler à leur bon souvenir les fans de science-fiction. Selon un brevet déposé en 2019, Airbnb détient les droits pour concevoir un logiciel qui permettrait d'établir le profil psychologique d'un voyageur, ce qui permettrait à la plateforme et aux propriétaires de logements mis en location d'anticiper leur réponse et de refuser éventuellement la demande d'un client potentiel qui pourrait se révéler, selon le logiciel, névrosé, narcissique, machiavélique, voire psychopathe.
Un logiciel pour éviter les dégradations des logements et protéger les hôtes
Il arrive parfois, à l'issue d'une période de location, que certains hôtes constatent la dégradation de leurs biens ou de leur logement, sans avoir de véritable moyen juridique de se retourner contre les voyageurs irrespectueux. Pour se prémunir de ce genre d'abus, la société Airbnb s'est dotée d'un logiciel qui va forcément faire débat, tant il peut aller loin dans la fouille des éléments de la vie privée de ses voyageurs.Airbnb : la Cour de justice de l'UE a tranché sur le statut de la plateforme et déboute la France
Si la plateforme affirme officiellement ne pas appliquer toutes les méthodes de filtrage de l'outil (libre à vous de la croire ou pas), on peut tout de même s'inquiéter du contenu du brevet.
Le voyageur est noté à partir des informations qui remontent à son sujet
Dans les grandes lignes, le logiciel identifie et scrute des documents, textes, messages, sites web, photos et vidéos en rapport avec la personne ciblée, de façon à en déduire des indices sur le comportement et les traits de personnalité, avec comme but l'évaluation du comportement et de la personnalité du sujet. Les nom, adresse électronique, numéro de téléphone, géolocalisation, date de naissance, liens sociaux, antécédents scolaires et professionnels, permis de conduire, informations de compte bancaire, adresse IP et identifiant de l'appareil utilisé sont autant d'informations scrutées et analysées.Ainsi, l'outil basé sur le machine learning octroie au voyageur une note, en fonction des indices collectés. Et si un membre de l'entourage du voyageur a laissé un peu trop de traces en ligne, l'outil peut se servir de celui-ci, de la relation qui le lie au voyageur et de leurs interactions réciproques, pour ajuster la notation.
L'IA va jusqu'à identifier les traits de personnalité du client
L'IA permet d'indiquer si le voyageur a créé un faux profil, s'il a l'intention de frauder, s'il est consommateur d'alcool ou de drogues, membre d'une organisation haineuse, d'un gang, si il a été coupable d'escroquerie par le passé, fait partie du monde pornographique ou s'il a récemment posté « un contenu en ligne avec un langage négatif ».Grâce aux nombreuses informations récoltées, le logiciel peut identifier différents traits de personnalité et déterminer si le voyageur est méchant, antisocial, bon, généreux, ouvert, extraverti, sympathique, névrosé, narcissique, machiavélique ou psychopathe.
« Nous déposons un certain nombre de brevets, allant des listes de recherche à l'automatisation de la disponibilité des réservations, et cela ne signifie pas nécessairement que nous appliquons en entier ni même en partie le contenu de ces brevets », indique pour sa part Airbnb.
Source : Evening Standard